Cette question a probablement retenti plus d’une fois à vos oreilles depuis le début de la saison! Notre équipe a donc cru bon de s’y pencher afin de vous apporter des éléments de réponse, qui, on l’espère, seront utiles et éclairants.

Les années se suivent mais ne se ressemblent pas... toutes!

Pour déterminer si une saison est dans la moyenne ou non, on se fie aux données d’observation des dernières années. Ici, dans le Saint-Laurent, ces données sont récoltées depuis plusieurs années déjà. Et des débuts de saison tranquilles, le secteur en a connu plusieurs depuis 40 ans! Attendre jusqu’à la mi-juillet pour voir plus de cinq individus, autant chez les rorquals à bosse que les rorquals communs, cela s’est déjà vu à plusieurs reprises depuis les années 1990.

Les dates d’arrivée ne sont pas les seules à varier d’une année à l’autre. Que dire du nombre de rorquals qui visitent l’estuaire! La plupart d’entre vous se souviendront de 2021 comme d’une année exceptionnelle en termes d’observation de baleines. Le mot « exceptionnel » n’a pas été utilisé de manière hasardeuse : c’était effectivement une année hors norme!

Si le nombre de rorquals à bosse est en augmentation dans le Saint-Laurent et l’Atlantique Nord-Ouest, la situation est moins claire pour les rorquals communs et les rorquals bleus. Des signes suggèrent que le nombre de rorquals communs fréquentant le Saint-Laurent est en baisse. Pour les rorquals bleus, on craint – mais on ne peut encore le confirmer – une diminution plus importante. Dans le cas des petits rorquals, on a encore moins d’information.

Des grands migrateurs qui prennent leur temps

Le nombre de grands rorquals qui visitent le Saint-Laurent ou encore la date à laquelle ils y pointeront le bout de leur nageoire ne sont pas simplement liés à leur abondance ni même à ce qui se passe ici!

Tout d’abord, les grands rorquals ont une importante distance à parcourir avant d’arriver dans le golfe et l’estuaire – la majorité d’entre eux quittent des régions situées à près de 3000 km au sud du Saint-Laurent! Les baleines pointeront donc le bout de leur dorsale quand elles auront fini de se prélasser dans les eaux chaudes des tropiques! Blague à part, les baleines sont bien occupées durant l’hiver, et le moment de leur départ peut varier d’une saison à l’autre. Comme il est plus facile de planifier l’heure d’arrivée d’un trajet de 15 minutes en voiture qu’un trajet d’une durée de plusieurs jours, il est normal que leur date d’arrivée varie de quelques semaines d’une année à l’autre!

Bien qu’une proportion importante des individus de chacune de ces espèces revienne régulièrement aux mêmes endroits pour se nourrir, on soupçonne parfois ces gros mangeurs de s’arrêter en chemin, au gré de l’abondance et de la qualité des « snack bar » qu’ils trouveront en route.

Des variations dans la durée de leur séjour dans l’estuaire

Les données recueillies par le GREMM et Parcs Canada le démontrent bien : une grande variation est observée d’une année à l’autre dans les patrons de séjour des rorquals. Certains individus vont rester longtemps dans l’estuaire, tandis que d’autres vont faire de courtes apparitions. Mais ce qu’on en retient, c’est que bien que les patrons de séjour varient beaucoup, ils ne sont pas nécessairement représentatifs du nombre d’individus observés!

Quel sera l’effet des bouleversements climatiques sur les habitudes des grands rorquals qui visitent le parc marin? Si l’augmentation marquée des baleines noires dans le golfe Saint-Laurent depuis 2015 est généralement considérée comme une réponse aux changements climatiques, il est toutefois difficile de prédire quels effets auront ces changements sur les grands rorquals.

Et alors, on s’inquiète ou pas?

La réponse est probablement différente pour chaque espèce. En tout cas, on reste attentif et curieux. Notre capacité à mieux protéger les baleines et à mieux co-habiter avec elles dépend entre autres de notre capacité à les comprendre.

Les études à long terme, comme celles entreprises par Pêches et Océans Canada, Parcs Canada et le GREMM, nous permettent de documenter ces variations. Elles visent entre autres à les mettre en relation avec les changements de plus en plus importants dans leur environnement et dans l’abondance et la qualité des proies.

Actualité - 29/6/2023

Équipe Baleines en direct

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