Les scientifiques avaient établi ce lien avec l’analyse de leur ADN. Mais les fossiles d’ancêtres des hippopotames actuels manquaient pour le confirmer. Avec la découverte au Kenya de fossiles d’une espèce disparue, baptisée Epirigenys lokonensis, l’hippopotame s’attache désormais à un arbre généalogique. Plus loin sur cet arbre, il y a un ancêtre qu’il a en commun avec les cétacés. Cet ancêtre reste encore à découvrir.

Les scientifiques savent depuis plus d’une vingtaine d’années que les cétacés actuels (baleines et dauphins) ont les hippopotames pour plus proches parents vivants. C’est en comparant leur génome qu’ils ont établi ce lien entre ces animaux alors que leur ressemblance physique ne saute pas vraiment aux yeux. Ce qui veut dire qu’ils ont un ancêtre commun, même si celui-ci est encore inconnu des chercheurs à ce jour.

Mais ce qui manquait à ces scientifiques, ce sont des pièces fossiles venant confirmer ce lien. Des fossiles qui faisaient également défaut pour connaître l’histoire évolutive et l’origine de l’hippopotame, dont les plus vieux fossiles datent de 16 millions d’années. Par contre, du côté des cétacés, les chercheurs ont accès à de nombreux fossiles, les plus anciens appartenant à Pakicetus, ayant vécu il y a 53 millions d’années.

Epirigenys lokonensis

Des scientifiques français ont étudié les fossiles d’une espèce éteinte, des spécimens trouvés sur deux périodes (en 1994 et 1995, puis en 2007 et 2009), qu’ils ont baptisée Epirigenys lokonensis. Il s’agit d’une demi-mâchoire et de dents qui se trouvaient dans des sédiments volcaniques du nord-est du Kenya, sur le site de Lokone. La datation de ces sédiments révèle que cette espèce y vivait il y a 28 millions d’années. Ils ont publié leurs travaux dans la revue en ligne Nature Communications, le 24 février 2015.

En comparant les caractéristiques de ses dents avec d’autres espèces parentes éteintes ou vivantes, les chercheurs ont établi qu’Epirigenys lokonensis assure une transition évolutive entre les anthracothères qui existaient il y a 40 millions d’années et les hippopotames actuels. En quelque sorte, ils ont trouvé une famille à laquelle ils peuvent accrocher l’hippopotame. Ainsi, dans l’arbre phylogénétique simplifié que présente l’un des auteurs de l’étude, Jean-Renaud Boisserie, les hippopotames se relient à la nouvelle espèce Epirigenys qui descend des anthracothères. En parallèle se trouvent les cétacés, la lignée de Pakicetus. Les anthracothères disparus et les cétacés actuels ont donc un ancêtre commun inconnu. Cet ancêtre serait forcément plus âgé que Pakicetus et aurait vécu il y a au moins 55 millions d’années.

Encore un effort à faire pour le trouver, disent les chercheurs de l’étude, qui ont l’intention de reprendre les collections de fossiles dont les parentés n’ont pas été établies afin de réaliser de nouvelles comparaisons. Et de partir en Asie sur les traces des plus vieux des anthracothères puisque ces animaux semi-aquatiques auraient traversé à la nage les eaux séparant l’Asie et l’Afrique, il y a 35 millions d’années.

Sources

Sur le site de Techno-Science:

Comment les hippopotames ont divergé des cétacés

Sur le site du Monde:

Le plus proche cousin de l’hippopotame est… la baleine

Sur le site de Nature Communications (en anglais seulement):

Hippos stem from the longest sequence of terrestrial cetartiodactyl evolution in Africa

Pour en savoir plus

Sur le site du Washington Post (en anglais seulement):

Missing link in the form of a molar pegs hippos as evolutionary cousins to whales

Sur le site du Huffington Post:

L’ancêtre de l’hippopotame est le même que celui… de la baleine, et les chercheurs se rapprochent de son portrait-robot

Sur le site de Futura Sciences:

L’hipppopotame et la baleine sont de vieux cousins

Sur le site de Baleines en direct:

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