Après plus de trois décennies de moratoire et quatre ans après la marée noire du golfe du Mexique, les compagnies pétrolières peuvent à nouveau demander des permis d’exploration. Même si des autorités gouvernementales considèrent que ces détonations répétitives sont dangereuses pour la faune marine.
Le Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) a annoncé le 18 juillet dernier la décision du gouvernement fédéral d’autoriser les compagnies d’exploration pétrolière et gazière à procéder à des levés sismiques dans une zone marine côtière s’étendant de la Floride (cap Canaveral) à la baie du Delaware. La bande côtière s’étend sur près de 2 000 kilomètres et la superficie de la zone d’autorisation couvre une superficie équivalant deux fois celle de la Californie.
Les impacts sur la faune
Les canons à air comprimé, tractés par des navires, envoient des ondes vers le plancher océanique pour avoir une image de la structure géologique du sous-sol. Pendant la séquence d’exploration qui peut durer plusieurs jours ou semaines, des détonations explosives ont lieu toutes les dix secondes, 24 h sur 24. Cette pollution sonore, par ses ondes de basse fréquence, peut se propager sur des centaines voire des milliers de kilomètres.
Ces ondes mettent en péril les espèces marines, notamment les mammifères marins dont le mode de vie est régi par leurs capacités acoustiques à localiser leurs proies, communiquer, se reproduire et s’orienter. Les baleines noires de l’Atlantique Nord, une petite population de moins de 500 individus en danger critique de disparition, sont particulièrement exposées dans leurs aires de répartition estivales et hivernales, sur leurs routes migratoires et leurs zones de reproduction. De l’avis même des autorités gouvernementales, émis dans une étude, les levés sismiques dans cette région pourraient blesser ou tuer 138000 animaux marins.
Une forte opposition se manifeste
Depuis le début des années 1980, un moratoire avait été instauré pour interdire ce type d’activités exploratoires en raison d’enjeux environnementaux. Il avait été levé en 2008 et le président Obama avait annoncé en avril 2010 l’ouverture de très grands secteurs à l’industrie pétrolière. Quelques jours plus tard, le 20 avril, la plateforme pétrolière Deepwater Horizon explosait dans le golfe du Mexique créant une marée noire d’une ampleur sans précédent aux États-Unis. L’équivalent de quelque cinq millions de barils de pétrole brut se sont déversés pendant 87 jours, dont les impacts se font encore sentir aujourd’hui.
Des organisations environnementales, des regroupements de compagnies de pêche, 16 villes côtières, des membres du Congrès et plus d’une centaine de scientifiques ont exprimé leur opposition à cette décision. Selon eux, l’exploitation pétrolière en milieu marin, réalisée à partir de plateformes ou de navires, constitue un risque trop important pour les communautés côtières et leurs activités socioéconomiques et récréatives. Ils accusent le gouvernement fédéral de ne pas avoir appris de la catastrophe de Deepwater Horizon. Pour la première étape d’exploration avant forages, les levés sismiques, ils considèrent que les mesures de mitigation prévues par la résolution du BOEM ne sont pas suffisantes pour protéger les espèces marines.
Sources
Sur le site du Washington Post (en anglais seulement):
Obama opens Eastern Seaboard to oil exploration
Sur le site du Devoir:
Exploration pétrolière et gazière au large de la côte est des États-Unis
On a aimé regarder
Sur le site de Youtube (en anglais seulement):
Drill, Spill, Repeat? Breaking Offshore Oil Drilling’s Destructive Cycle (vidéo de Oceana de 27 min 51 s)
En savoir plus
Sur le site d’Oceana (en anglais seulement):
Obama Admin. Clears Way for Dynamite-Like Blasts to Search for Oil & Gas Off East Coast, Ignores Local Opposition & Threats to Fisheries, Economies & Marine Mammals (communiqué)
Sur le site de Baleines en direct:
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