Par Christine Gilliet
Le Bangladesh vient de créer ces zones pour protéger le dauphin du Gange et le dauphin de l’Irrawaddy. Avec leurs habitats détériorés par les activités humaines et menacés par les changements climatiques, ils sont aussi chassés et pris accidentellement dans des filets de pêche. Pour que leur destin ne ressemble pas à celui du dauphin de Chine, disparu.
Ces trois sanctuaires, officiellement déclarés le 29 janvier 2012, sont situés dans les Sundarbans, une région à cheval entre l´Inde et le Bangladesh qui abrite la plus grande forêt de mangrove du monde. Ils couvrent une longueur de 31,4 km dans les rivières et canaux, et une surface de 10,7 kilomètres carrés pour protéger les deux dernières espèces de dauphins d’eau douce en Asie : le dauphin du Gange ou sousouc (Platanista gangetica gangetica) et le dauphin de l’Irrawaddy (Orcaella brevirostris), respectivement classés « en danger de disparition » et « vulnérable » sur la Liste rouge de l´Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). On estime ces populations à 225 individus pour le dauphin du Gange et à 450 pour le dauphin de l´Irrawaddy.
Leur vie en eaux turbides
Ces dauphins souffrent d’une raréfaction de leurs proies en raison de la pêche intensive et sont victimes de prises accidentelles dans des filets de pêche, notamment ceux à mailles serrées utilisés pour la capture de petites proies pour l’élevage de crevettes. Le dauphin du Gange est encore chassé pour son huile et sa viande aux vertus dites aphrodisiaques, et sert d’appât pour la pêche commerciale des poissons-chats.
Leurs habitats sont détériorés par la construction de barrages et de réservoirs, la pollution chimique liée aux activités humaines, le trafic maritime et l’aquaculture de crevettes. Sous l’effet des changements climatiques, les rivières sont menacées par l’augmentation du niveau de salinité et des quantités de sédiments. En effet, le volume d’eau douce apporté par l’amont subit des variations et les eaux salées augmentent avec celui du niveau de la mer.
Une sensibilisation flottante et des enjeux multiples
Avec une exposition itinérante sur un bateau, Shushuk Mela, et l’animation de discussions publiques autour de la création des sanctuaires, les populations locales et les pêcheurs seront sensibilisés à respecter ces zones protégées et à s’engager dans de nouvelles pratiques pour assurer la coexistence de leurs communautés avec les dauphins.
En tant qu’indicateurs biologiques de l’impact des changements climatiques sur les écosystèmes, le suivi de ces deux espèces de dauphins sera utilisé afin d’élaborer des pratiques de gestion visant à équilibrer la protection de la faune avec les activités d’une population humaine en augmentation. Ces trois sanctuaires ont été créés sur les recommandations du Wildlife Conservation Society’s (WCS) Bangladesh Cetacean Diversity Project qui travaille à la conservation des dauphins de la région des Sundarbans depuis 2002.
D’autres espèces en péril pourront bénéficier de la protection de ces sanctuaires, telles que la tortue fluviale (Batagur baska), le grébifoulque d’Asie (oiseau aquatique; Heliopais personatus) et la loutre à griffes courtes (Aonyx cinerea). Dans le monde, d’autres espèces de petits cétacés sont exposées au même genre de menaces : le dauphin baiji de la rivière Yantgsé en Chine, a été déclaré officiellement disparu en 2006 avec les dernières observations datant de 2002. Au Mexique, le marsouin vaquita (250 individus), victime de la pêche, est toujours en déclin malgré les mesures de conservation. Cependant, l’espoir est de mise au Bangladesh, avec la découverte, annoncée en 2009 par la WCS, de 6 000 dauphins de l´Irrawaddy dans le reste du pays.[Environment News Service, Zegreenweb, Mongabay]
En savoir plus
Sur le site de Environment News Service (en anglais seulement) : Bangladesh Declares Sanctuaries for Rare Freshwater Dolphins