Par Christine Gilliet

En réponse à la pétition du Center for Biological Diversity, l’agence étatsunienne National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a proposé le 3 décembre l’inscription des phoques de l’Arctique sur la liste des espèces en voie de disparition régie par le Endangered Species Act. Les phoques annelés et barbus sont menacés de la perte de leur habitat générée par la fonte des glaces. Après l’ours polaire en 2008, ils seraient les premiers mammifères marins de l’Alaska à être considérés comme en danger de disparition en raison des changements climatiques. L’attribution de ce statut entraînerait la désignation critique de leur habitat, ce qui vient d’arriver pour l’ours polaire.

La banquise fond et entraîne des mortalités chez les jeunes phoques

Les quatre populations du phoque annelé (Pusa hispida) vivent dans l’océan Arctique et les deux populations de phoque barbu (Erignathus barbatus) dans la mer de Bering. Ces phoques sont les principales proies de l’ours polaire et leur survie dépend étroitement du couvert de glace. Ils donnent naissance et élèvent leurs petits sur la glace de mer. Pour leurs nouveaux nés, les phoques annelés creusent des abris dans la neige recouvrant la banquise. Depuis quelques années, la fonte de la banquise intervenant plus tôt en saison estivale entraîne de nombreuses mortalités chez les jeunes qui ne sont pas encore équipés pour supporter la pluie ou les basses températures de l’eau. Ces populations de phoques n’ont pas pour habitude de se réfugier sur la terre ferme, et si c’était le cas, ils seraient très vulnérables aux prédateurs terrestres tels que le renard arctique.

Selon les responsables de la NOAA, qui se réfèrent à leurs données météorologiques et leurs modèles de prévisions climatiques, il y a assez de motifs d’inquiétude et de preuves pour que ces phoques soient menacés de disparition dans un avenir prévisible, le climat de l’Arctique se réchauffant deux fois plus vite que le reste de la planète.

Établir le lien entre GES, réchauffement de l’Arctique et fonte des glaces

Dans son communiqué de presse, le Center for Biological Diversity considère que l’habitat hivernal des phoques sur la glace des mers de Bering, d’Okhotsk et de Barents pourrait diminuer de 40 pour cent d’ici 2050 et la banquise estivale de l’Arctique disparaître d’ici 20 ans. Les mesures de protection du Endangered Species Act comprennent des outils reconnus dans le temps pour sauver les espèces de l’extinction. La réduction du taux de dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre (GES), à un niveau inférieur à 350 parties par million pourrait restaurer la banquise et permettre aux ours polaires, aux phoques et aux lions de mer de survivre.

Le Center for Biological Diversity estime que l’inscription des phoques sur la liste serait un premier pas pour la préservation de leur habitat qui entraînerait des mesures restrictives pour l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures dans la région. De plus, ils insistent sur le fait que le gouvernement établisse un lien direct entre l’émission de gaz à effet de serre, le réchauffement climatique et la fonte des glaces en Arctique.

En termes de procédure, la NOAA a inscrit une semaine plus tard la proposition au registre fédéral, inscription qui sera suivie d’une consultation publique de 60 jours. Après analyse des commentaires, l’agence aura un an pour décider si les deux espèces de phoques seront placées sous le statut des espèces en voie de disparition. Leur inscription sur la liste entraînerait la désignation critique de leur habitat et la mise en place de mesures de conservation.

L’habitat de l’ours polaire vient d’être désigné comme critique

Suivant ce processus, l’administration états-unienne vient d’ailleurs de désigner l’habitat de l’ours polaire comme critique le 24 novembre dernier sur 187 000 miles carrés le long des côtes de l’Alaska suite à des actions légales du Center for Biological Diversity, le Natural Resources Defense Council et Greenpeace. Ces groupes environnementaux ainsi qu’une majorité d’experts craignent que les deux tiers des ours polaires disparaissent d’ici une quarantaine d’années si le réchauffement de l’Arctique continuait au rythme actuel.

Actualité - 16/12/2010

Christine Gilliet

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