Les engins télécommandés se multiplient pour étudier les baleines. Certains ont des ailes, des hélices, des voiles ou même des nageoires. Que sont-ils, que font-ils, où sont-ils? L’équipe de Baleines en direct fait un tour d’horizon de ces robots qui se promènent parmi les baleines.

Dans les airs

Les drones aériens — c’est-à-dire les aéronefs sans humain à bord— sont utilisés pour étudier les mammifères marins depuis les années 1980, mais ce n’est qu’au cours des dernières années que des drones suffisamment légers et autonomes, et équipés de toutes sortes de capteurs, sont disponibles aux chercheurs. Dans l’estuaire du Saint-Laurent, des drones aériens sont utilisés depuis 2016 pour étudier les bélugas. Les chercheurs ont ainsi pu capturer des comportements jamais ou rarement vus auparavant, notamment une femelle béluga allaitant son petit.Les drones aériens permettent d’obtenir une vue unique sur la faune, de dénombrer et d’observer les animaux avec un minimum de dérangement et même de collecter des échantillons de soufflede baleine depuis les airs. À partir de photos prises au-dessus du corps d’une baleine, des chercheurs ont développé des méthodes pour estimer la taille, l’âge et l’état de santé de l’animal.

Sur l’eau

Mais les drones ne sont pas uniquement aériens. Certains se déplacent sur ou sous l’eau. Le Saildrone, notamment, est un drone à voile, mesurant environ 6 mètres de long et 5 mètres de haut, sans moteur, fonctionnant grâce à l’énergie éolienne et solaire. Les chercheurs n’ont qu’à saisir les coordonnées géographiques de destination et le drone s’y rend, tout en collectant durant son voyage les données atmosphériques, physiques et océaniques désirées. Le Saildrone peut, entre autres, enregistrer le chant des baleines. Il est utilisé par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) depuis 2016 pour détecter la présence de mammifères marins vocalisant dans l’océan arctique. Ce type de drone est particulièrement utile pour étudier les espèces qui remontent rarement à la surface, telle la baleine noire du Pacifique Nord, une population en danger de disparition dont il ne reste qu’environ 30 individus. Le Saildrone peut naviguer silencieusement parmi les vagues, puis suivre les baleines lorsqu’elles commencent à vocaliser. Comme cet engin peut rester en mer pendant plusieurs mois, Jessica Crance, biologiste au Alaska Fisheries Science Center de la NOAA, espère utiliser le Saildrone pour cartographier les routes migratoires des baleines. Mais il reste quelques obstacles à franchir. Les chercheurs tentent actuellement de rendre les enregistrements sonores suffisamment clairs pour identifier distinctement les espèces vocalisant sous les vagues.

Sous l'eau

D’autres robots, tel le planeur Slocum de Teledyne Webb Research, fonctionnent en se déplaçant de haut en bas dans la colonne d’eau à l’aide d’une pompe de flottabilité. Les chercheurs Mark Baumgartner (Woods Hole Oceanographic Institution) et Kim Davies (Université de Dalhousie) utilisent de tels robots depuis 2016 pour détecter la présence de mammifères marins dans le golfe du Saint-Laurent, au large du Canada atlantique, ainsi qu’aux États-Unis et au Chili. Ces robots détectent automatiquement le son émis par un mammifère marin, identifient l’espèce selon les caractéristiques du son et signalent aux chercheurs, par satellite et en temps quasi réel, quelle espèce a été entendue. Pour la saison 2018, deux planeurs collecteront des données sur la présence de baleines noires de l’Atlantique Nord. Un planeur sera placé d’ici quelques semaines dans le golfe du Saint-Laurent et l’autre se déplacera à partir du début aout au large du Canada atlantique. Les données apparaitront sur le site Web Robots 4 Whales, sur l’application Whale Alert et sur Whale Map où sont combinées les données provenant de toutes les plateformes de surveillance de baleines noires en eaux canadiennes.

Un robot flexible en forme de poisson, appelé SoFi, a également été développé récemment par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour étudier la vie sous-marine. Les chercheurs contrôlent SoFi à distance en utilisant des ultrasons.

Pour plusieurs chercheurs, les drones sont des outils révolutionnaires dont ils ne se passeraient plus. «Ayant pu observer les baleines à l’aide de drones, après les avoir étudiées pendant 30 ans, et ayant pu voir des comportements qu’on ne peut qu’imaginer à bord d’un bateau», exprime Iain Kerr, biologiste et directeur général d’Ocean Alliance, en entrevue avec le magazine Popular Science, «je ne pourrais pas recommencer à étudier les baleines sans drone. Je ne pourrais tout simplement pas.»

Actualité - 22/5/2018

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

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