Par Christine Gilliet

Ces planeurs sous-marins silencieux enregistrent les vocalises des baleines noires en danger de disparition et de trois autres espèces de mysticètes. Leur localisation transmise à terre sera envoyée aux navires qui pourront mieux les éviter. Cette avancée technique contribuera à diminuer les mortalités de cétacés dues aux collisions et à fournir des données scientifiques.

Les chercheurs de la Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI) ont testé deux robots océanographiques dans le golfe du Maine, du 12 novembre au 5 décembre 2012. Ces planeurs sous-marins de 1,80 m de longueur sont équipés d’un hydrophone et d’un logiciel mis au point spécialement pour détecter et classifier les vocalises de quatre espèces de baleines à fanons (baleines noires, rorquals communs et à bosse, baleines de Sei). Neuf baleines noires ont pu être repérées par ces robots pendant la période d’expérimentation.

Silencieux, ils ne possèdent pas de moyen de propulsion; ils se déplacent par des variations cycliques de flottabilité, montent et descendent avec des ballasts. En remontant à la surface toutes les deux heures, ils signalent leur position GPS et envoient par satellite des spectrogrammes aux scientifiques restés à terre. Ceux-ci transmettent l’information aux services gouvernementaux de la National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA) qui la relayent aux navires.

Un outil supplémentaire pour protéger la baleine noire

Ce nouvel outil sera particulièrement utile pour renforcer les moyens et les mesures mis en oeuvre depuis 2006 pour protéger la population de baleines noires de l’Atlantique Nord (Eubalanae glacialis), aussi appelées baleines franches, qui fréquentent les eaux du golfe du Maine. Cette petite population en voie de disparition ne compte plus que quelque 490 individus. La baleine noire est très vulnérable aux collisions, car elle passe beaucoup de temps à la surface, est peu réactive à la présence des bateaux et se déplace lentement.

Pour minimiser les collisions entre les navires et les baleines noires dans cette partie des eaux côtières de l’est des États-Unis où le trafic maritime est dense, un réseau de dix bouées acoustiques a déjà été installé dans les voies maritimes et dans le Stellwagen Bank National Marine Sanctuary. Ces bouées détectent la présence d’une baleine noire, préviennent les navires qui doivent modifier leur trajectoire et réduire leur vitesse, toutes ces opérations s’effectuant en temps réel.

Avantages et limites du robot

Si le réseau de bouées fonctionne très bien depuis 2008 et semble effectivement réduire le nombre de collisions, les baleines noires ne sont détectées que dans un rayon de cinq milles marins autour de chaque bouée fixe. Les robots planeurs pourront évoluer de manière autonome dans une zone plus étendue, leurs batteries ne devant être rechargées que toutes les quatre ou cinq semaines.

Avec des capteurs océanographiques, les robots enregistrent la salinité, la température de l’eau et la quantité de plancton animal présent dans la colonne d’eau. Pour les biologistes, toutes ces données contribueront non seulement à la localisation des cétacés, mais aussi à comprendre pourquoi ils sont là, ce qui les attire dans le secteur.

Les robots sont plus faciles à mettre en place que les relevés aériens ou l’observation visuelle en mer effectués par des observateurs. Ces moyens traditionnels d’étude des populations de cétacés, très onéreux, ne fonctionnent pas toujours, car ils doivent être réalisés dans des conditions de mer clémentes et par une bonne visibilité. Il est aussi prévu que d’autres espèces de cétacés pourront être détectées par les logiciels embarqués.

Cependant, même si robots représentent de multiples avantages pour la conservation des cétacés, ils ne peuvent détecter que les émissions sonores des baleines. Or, celles-ci ne vocalisent pas tout le temps. Et s’ils ne les entendent pas, cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas là.

Ces robots ont été lancés et récupérés à partir de deux navires de recherche, ce qui a permis aux biologistes présents à leur bord, tenant à jour le catalogue de ces baleines noires, d’identifier visuellement quatre d’entre elles nées dans les années 2000.[Woods Hole Oceanographic Institution, Futura Sciences, National Geographic, RedOrbit]

Actualité - 30/1/2013

Collaboration Spéciale

Articles recommandés

Meredith Sherrill : un exemple de ténacité pour travailler avec les baleines!

Pour travailler sur les baleines, son parcours s’est tracé entre la Californie, le Michigan, l'Écosse, pour finalement l'amener au Québec!…

|Actualité 7/3/2024

La réduction de vitesse en présence de baleines fait ses preuves

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi des limites de vitesse sont imposées dans certains secteurs de navigation? Une partie de la…

|Actualité 29/2/2024

L’encourageante histoire écologique de la baleine grise

Chacune à leur façon, toutes les espèces de notre planète doivent composer avec les conséquences de l’action humaine, traçant ainsi,…

|Actualité 22/2/2024