Les appels enregistrés depuis la fin de l’année au 1-877-7baleine proviennent surtout de témoins qui ont observé des phoques allongés sur la glace au large de Matane, Sainte-Flavie et même à Verdun dans la région de Montréal. Si l’animal semble se tortiller sur la glace et parait « mal pris » sur la banquise, est-il réellement en difficulté?
La vie d’un phoque
Les phoques sont d’excellents nageurs et passent l’essentiel de leur temps dans l’eau. Ils y chassent, y voyagent, s’y reposent même. Tout dans la morphologie du phoque indique une excellente adaptation à la vie aquatique: la ligne fusiforme de son corps, l’extrémité pointue du museau et l’absence d’appendices externes – le phoque n’a pas de pavillon auriculaire et ses organes génitaux sont internes.
Mais les phoques ne doivent pas être dans l’eau en permanence. Ils reviennent sur le rivage ou se hissent sur la banquise pour plusieurs raisons: se reposer, se réchauffer, se sécher, mettre bas et muer (perte de poil annuelle). Les phoques sont des mammifères amphibies au même titre que les otaries. La principale différence entre les deux réside dans la forme de leur corps arrière.
Les otaries ont gardé la possibilité de se déplacer « à 4 pattes » sur terre en se servant de leurs nageoires postérieures, qu’elles peuvent replier sous leur corps. Les phoques ne se servent de leurs nageoires arrière que pour nager. Ils ne peuvent tourner vers l’avant leurs nageoires arrière pour se déplacer. Celles-ci restent dans le prolongement de leur corps. Ils doivent ainsi ramper en ondulant sur le ventre pour se déplacer hors de l’eau. Leurs petites nageoires avant ne leur permettent pas non plus de soutenir leur poids lorsqu’ils se redressent pour s’avancer. Les phoques ont donc l’air très maladroits sur terre, même s’ils sont en pleine forme!
Que faire si un phoque reste sur la banquise plusieurs heures?
Les phoques peuvent rester longtemps hors de l’eau, des heures voire des jours, selon leurs besoins. Observez-les à distance, avec des jumelles, et appréciez leur présence! Ils sont parfois seuls, parfois en groupe. Vous pouvez tenter d’identifier l’espèce : si le pelage est crème avec une grande tache noire rappelant un fer à cheval sur le dos, il s’agit d’un phoque du Groenland. Si sa tête est arrondie, que ses narines forment un cœur et que son pelage est brunâtre et tacheté, c’est probablement un phoque commun, résident du Saint-Laurent. Les phoques gris, surtout présents dans le golfe Saint-Laurent à cette période de l’année, se reconnaissent par leur forte tête carrée et leurs taches noires de grande taille sur un pelage ardoisé.
« Je n’ai jamais vu ça ici! »
La plupart des espèces de phoques sont des espèces migratrices qui parcourent des milliers de kilomètres chaque année et dont les populations se portent bien. À titre d’exemple, la population du phoque du Groenland est estimée à 7,4 millions d’individus, soit presque 6 fois plus que dans les années 1970. Les plus jeunes sortent parfois de leur aire de distribution dite « normale » et certains explorent des secteurs où les ressources alimentaires et les conditions du milieu sont optimales. Le phoque commun est l’une des seules espèces capables de s’adapter à l’eau douce. Voilà pourquoi la présence du visiteur de Verdun n’était pas si exceptionnelle!