Un vaste groupe de bactéries a été identifié pour la première fois dans le souffle de rorquals à bosse. Qu’ils vivent dans l’Atlantique ou dans le Pacifique, les rorquals à bosse hébergent, en grande partie, les mêmes organismes dans leur souffle. Est-ce un signe de maladie? Non, ces baleines semblent en pleine santé. Les scientifiques pensent plutôt que ces microorganismes qui vivent dans le système respiratoire des baleines — tout comme plusieurs microorganismes qui habitent à l’intérieur du corps humain — jouent un rôle important dans le maintien de la santé globale des baleines, que ce soit en renforçant leur système immunitaire ou en luttant contre les agents pathogènes. Les chercheurs espèrent que cette découverte les aidera à mieux évaluer et suivre l’état de santé des baleines.

«Le système respiratoire est un site commun d’infection bactérienne chez les baleines», explique Amy Apprill, chercheuse au Woods Hole Oceanographic Institution et auteure principale de cette étude, publiée récemment dans la revue mSystems. «Nous constatons fréquemment des signes de maladies respiratoires chez les animaux échoués et décédés», ajoute Apprill. «Jusqu’à présent, on savait peu de choses sur le microbiome respiratoire normal des baleines en santé.» Leur étude permet donc de combler une partie de ces données manquantes.

Des résultats surprenants

Des échantillons de souffle ont été prélevés chez deux populations de rorquals à bosse, l’une vivant dans les eaux côtières près de Cape Cod et l’autre vivant au large de l’ile de Vancouver. L’équipe a ensuite séquencé le matériel génétique trouvé dans les échantillons, afin de déterminer quels microorganismes vivent dans les voies respiratoires de ces baleines.

Les chercheurs ont été surpris de découvrir un microbiome très différent de celui présent dans l’eau de mer, ce qui démontre clairement que ce microbiome provient de l’animal. Parmi tous les groupes bactériens identifiés, 25 ont été trouvés dans tous les échantillons collectés. Ceci suggère que, peu importe où vit l’animal, son âge ou son sexe, il partage un important microbiome respiratoire avec les autres membres de son espèce.

Les animaux en moins bonne santé ont-ils un microbiome différent? C’est ce que les chercheurs tenteront de découvrir au cours des prochaines saisons.

Collecter sans déranger

Afin de collecter un échantillon de souffle de baleine, les chercheurs utilisent traditionnellement un petit bateau. Lorsqu’ils sont suffisamment près de la baleine, ils recueillent un échantillon à l’aide d’une longue perche au bout de laquelle ils ont attaché des boites de Petri. Bien qu’efficace, cette approche peut potentiellement modifier le comportement de la baleine et augmenter son niveau de stress. Aprill et ses collègues désiraient donc développer une nouvelle technique moins intrusive pour évaluer l’état de santé des baleines.

Alors qu’ils utilisaient un drone pour prendre des images aériennes des baleines, ils se sont aperçus qu’ils pouvaient voler à travers le souffle de leurs sujets d’étude sans les déranger. C’est donc grâce à un drone — un hexacoptère au-dessus duquel ils ont attaché une boite de Petri — que les chercheurs ont collecté leurs échantillons de souffle. L’hexacoptère est également muni d’une caméra pour prendre des images aériennes en haute résolution pour une analyse ultérieure de la condition corporelle et de l’état de santé général des animaux.

Suivre l’état de santé des baleines

Au cours des 19 derniers mois, au moins 53 rorquals à bosse sont morts le long de la côte est étatsunienne, entre le Maine et la Caroline du Nord. Quelles sont les causes de cet évènement de mortalité inhabituel? L’analyse du microbiome présent dans le souffle des baleines pourrait-elle fournir quelques éléments de réponse? Peu de techniques existent actuellement pour collecter, en mer, des données sur l’état de santé des grandes baleines, comme les rorquals à bosses et les baleines noires. Les chercheurs ont maintenant une nouvelle technique à leur disposition, qui pourra s’avérer utile pour suivre l’état de santé de ces populations.

Actualité - 17/10/2017

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

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