Par Christine Gilliet
Les élèves d’une classe primaire de Tadoussac sont devenus pour une matinée les naturalistes du Centre d’interprétation des mammifères marins pour accueillir leurs correspondants français. Ce volet d’un projet pédagogique original, initié par deux professeures de chaque côté de l’Atlantique, vise à sensibiliser des jeunes à la protection des baleines et de leur environnement.
Le Centre d’interprétation des mammifères marins (CIMM) à Tadoussac, au Québec, est un site de référence à visiter pour découvrir les cétacés et les phoques du Saint-Laurent. Chaque été, 35 000 visiteurs percent les mystères de ces animaux qui passent 90 % de leur temps sous l’eau. Avec une exposition renouvelée en 2009 et 2010, ils découvrent leur biologie et leur mode de vie, ainsi que le travail des scientifiques qui les étudient et mènent des programmes d’actions de conservation.
Des jeunes ambassadeurs de leur milieu et des baleines
Le 9 mars, les portes du centre, habituellement fermées en hiver, se sont ouvertes pour accueillir une classe française de 22 élèves de CM2 de Sucy-en-Brie. Mais, pour cette matinée, ce sont les élèves d’une classe primaire de 3e et 4e année de Tadoussac qui les ont guidés dans la visite. Ces 17 élèves du village, âgés de huit à dix ans, ont préparé leur intervention en étudiant les contenus des différentes sections. Par petits groupes, ils ont transmis leurs connaissances à leurs correspondants en montrant des fanons, des squelettes, notamment le squelette d’un cachalot de 13 m suspendu au centre de la salle dans un mouvement de plongée. Avec les bornes interactives, ils ont fourni des explications sur le mode de vie des baleines et des démonstrations concrètes du travail des chercheurs, dont la pose d’une balise télémétrique sur le dos d’un béluga en peluche.
« C’est toute une responsabilité pour eux. Ils ont fait des recherches pour livrer une interprétation intéressante du centre, tout ça sans papier », explique Évelyne Bouchard, la professeure de l’école Saint-Joseph à Tadoussac. Pour Véronik de la Chenelière, codirectrice de l’éducation au sein du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) qui a créé le CIMM au début des années 1990 : « Il y a toujours eu un lien fort entre le CIMM et les enfants de Tadoussac, et cette activité est un projet pilote pour aller plus loin. Ces enfants côtoient les baleines, elles font partie de leur vie. En côtoyant des experts, en apprenant à parler d’elles en public, ils deviennent des acteurs de leur protection ».
Un projet pédagogique participatif
Cette visite fait partie d’un projet pédagogique initié par les professeures des deux classes. Leur relation a démarré il y a un an par une correspondance et des visioconférences. Les élèves français de la région parisienne, âgés de 10 ans, ont préparé leur voyage de 10 jours de découverte de la région de la Haute-Côte-Nord avec leur professeure Laurence Russo. « L’Exploration boréale, c’est un projet interdisciplinaire reliant l’histoire, la géographie, la culture commune entre le Québec et la France, l’environnement et le développement durable. Ce projet coopératif d’enfants s’est concrétisé grâce à des activités de financement conduites par les enfants, et des partenaires. L’idée, c’est que les enfants gagnent leur voyage », explique Laurence Russo.
« C’est un stage préparatoire à leur vie de jeunes adultes, explique Jean-François Lanoux, le directeur de l’école de Tadoussac. Nous souhaitons mener ce projet à long terme, année après année, et qu’il déborde sur toute l’école. Dans le milieu, des personnes sont intéressées pour soutenir le projet. Idéalement, on voudrait amener les jeunes en France ».