Depuis deux étés, ces animaux, qui vivent en clans familiaux soudés, sont silencieux. Ils ont tendance à aller se nourrir au large en petits groupes et un taux anormal de mortalité chez les matriarches est observé.

Ces épaulards (Orcinus orca) résidants vivent dans les eaux côtières du Pacifique Nord-Est, près de la Colombie-Britannique et de l’Alaska. Ils se distinguent de la population des nomades et de celle des océaniques observée plus au large. Ces trois populations se différencient par l’apparence, les comportements et la génétique.

Les résidants vivent en groupes de 10 à 25 individus, chaque groupe constituant une unité familiale dans laquelle les membres communiquent avec leur propre dialecte. Si les différents clans fréquentent les mêmes régions et se mélangent, ils ne partagent pas leurs vocalises et chaque dialecte est essentiel à la cohésion sociale du clan. C’est chez ces résidants que le biologiste Lance Barrett-Lennard, spécialiste de l’espèce à l’Aquarium de Vancouver, a observé des changements très étonnants.

Présents mais silencieux

Les épaulards résidants sont particulièrement silencieux depuis deux saisons estivales successives d’observation sur le terrain alors que cette population est connue pour émettre de nombreuses vocalisations, surtout en été. Les chercheurs ont pu les localiser visuellement, comme d’habitude, ces baleines étant fidèles à leurs zones de répartition. Mais leurs hydrophones captant leurs émissions sonores sur un rayon de 25 km ont révélé en 2012 et 2013 des enregistrements bien différents des années précédentes. Dans les articles des médias publiés sur le web, on peut entendre dans l’enregistrement 2011 des cris, grognements, grincements, sifflements ainsi que les cliquetis des ultrasons d’écholocalisation que les épaulards émettent pour trouver leurs proies (des poissons) et se repérer dans leur environnement. L’enregistrement de 2013 révèle des clics d’écholocalisation et quasiment aucune vocalise.

Mortalités de matriarches et nouveaux patrons de déplacement

Selon les observations de Lance Barret-Lennard depuis deux ans, sept carcasses de matriarches ont été retrouvées. Un taux inhabituel de mortalité pour ces femelles âgées qui s’élève en général à un ou deux par an. L’absence de ces femelles doyennes, qui cimentent les relations au sein de leur clan, risque d’affecter la vie de ses membres.

D’autre part, il a observé dans la même période que les résidants se déplaçaient en petits groupes au large pour trouver leur nourriture, ce type de comportement étant associé au mode de vie hivernal. Ils se retrouvent parmi les épaulards nomades (surnommés également Bigg’s killer whales en anglais) alors que les deux populations s’évitent habituellement. La population des nomades, en augmentation depuis 25 ans, se déplace en petits groupes, n’émet pas de vocalises et se nourrit de mammifères marins tels que des phoques, otaries et cétacés.

Lance Barret-Lennard considère que ces trois types de changements observés chez les épaulards résidants peuvent être attribués à des modifications de leur environnement. Ils ne sont pas pour l’instant alarmants, mais des investigations sont nécessaires pour les comprendre.

Sources : CBC News, Globe and Mail, CTV, Vancouver Aquarium

En savoir plus:

Actualité - 31/10/2013

Christine Gilliet

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