Lors de ses études en médecine vétérinaire à Cambridge, les professeurs de Michael J. Moore évoquaient souvent les mammifères marins dans leurs cours de physiologie. Cela a éveillé chez lui une passion pour ces animaux qui ne s’est jamais éteinte. Cette flamme l’a mené à participer, entre autres, à des études sur les rorquals à bosse au Canada, avant de débuter sa carrière de vétérinaire aux États-Unis.

Au cours de sa pratique vétérinaire, Michael J. Moore appréciait les interactions avec ses clients, « des personnes attachantes », raconte-il. Cependant, ses pensées revenaient toujours vers le milieu de la recherche scientifique : «J’ai toujours souhaité utiliser ma curiosité pour faire des découvertes et défier le statu quo». C’est cette quête qui l’a poussé, après avoir obtenu un doctorat conjoint au MIT et au WHOI, au Massachussets, à rediriger sa carrière vers son premier amour : l’étude des baleines et de la faune marine.

Pendant de nombreuses années, le chercheur a procédé à l’échantillonnage de carcasses de baleines échouées, participant aussi occasionnellement à des opérations de désempêtrement en mer. Son intérêt, d’abord axé sur les raisons physiopathologiques derrière la mortalité des baleines, s’est ensuite recentré vers les traumas physiques. Dès le début des années 2000, il a développé un intérêt particulier pour les baleines noires de l’Atlantique Nord, qui représentent aujourd’hui le point central de plusieurs de ses recherches.

Parmi ses projets actuels, il réalise le suivi des poissons plats vivant dans les eaux côtières de la ville de Boston, et étudie l’impact des eaux usées déversées dans la région sur ces populations. Le chercheur a développé ce programme en 1986 dans le cadre de son doctorat. «C’est la thèse qui ne mourra jamais», plaisante-t-il. Il mène de surcroit une étude de photogrammétrie sur les baleines noires de l’Atlantique Nord. Cette technique permet d’effectuer un suivi de l’état de santé des baleines en prenant leurs mensurations via des photographies aériennes. De plus, Michael J. Moore travaille activement avec l’industrie de la pêche afin de sensibiliser les pêcheurs aux enjeux liés à la conservation des baleines noires. Il contribue aussi au développement d’engins de pêche acoustiques, ces engins dépourvus de cordage et ayant le potentiel de réduire, voire éliminer, les empêtrements de mammifères marins.

En plus d’avoir rédigé de nombreux articles scientifiques, Michael J. Moore a publié en 2021 un ouvrage biographique intitulé «We Are All Whalers». Il s’agit d’un témoignage touchant sur la situation actuelle et précaire des baleines noires de l’Atlantique Nord, ainsi que sur le rôle que tout un chacun joue dans la conservation de ces géantes des mers.