D’un océan à l’autre

Lyne Morissette a grandi les yeux rivés sur l’estuaire du Saint-Laurent, à Rimouski. En 1998, elle obtient son baccalauréat en sciences biologiques (spécialisé en écologie et environnement) à l’Université de Montréal. À cette époque, elle travaillait comme biologiste et plongeuse professionnelle en écologie aquatique et s’orientait plutôt vers des études en écotoxicologie.
Suite à l’obtention de son baccalauréat, elle se joint à l’équipe de chercheurs de Pêches et Océans Canada (MPO) qui étudient les mammifères marins à l’Institut Maurice-Lamontagne (IML); un tournant majeur pour sa carrière. Ses études portent sur l’effet de la prédation des phoques d’un point de vue écosystémique. Ce projet lui vaut en 2001 une maîtrise en gestion de la faune et de ses habitats à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

Elle poursuit dans cette voie lors de son doctorat au prestigieux Fisheries Centre de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), où elle obtient son doctorat en zoologie. Ses recherches portent sur l’écologie des mammifères marins et leurs interactions avec les pêcheries ainsi que sur la résilience des écosystèmes. Malgré son cheminement académique du côté Pacifique, Lyne Morissette poursuit son implication dans la recherche sur les mammifères marins du côté Atlantique. En effet, elle intègre le golfe du Saint-Laurent dans son analyse globale sur le rôle écologique des mammifères marins au sein des écosystèmes de la planète.

L’étude des mammifères marins… dans le désert !

Aussi étrange que cela puisse paraître, l’intérêt du Dr Morissette pour l’écologie des mammifères marins l’a menée en plein milieu du désert, plus précisément à l’Arizona State University où elle s’est jointe à l’équipe du Dr. Leah Gerber lors d’un postdoctorat en écologie marine et conservation. Lyne s’est penchée sur les problématiques de la chasse à la baleine et les interactions entre les baleines et les pêcheries dans trois zones de conflit : le Nord-Ouest de l’Afrique, les Caraïbes et le Sud du Pacifique. En juin 2008 et 2009, lors des 60e et 61e réunions annuelles de la Commission baleinière internationale (CBI), elle a présenté les avancés de son projet au comité scientifique. En février 2009, les résultats de ces recherches ont même été publiés dans la prestigieuse revue Science. Ce projet, financé par le Lenfest Ocean Program, l’a amené à parcourir le globe et à collaborer avec plusieurs pays.

Sur la Route des Baleines

Au printemps 2011, elle embarquait à bord de la goélette Bel Espoir II comme experte en écologie des écosystèmes et des mammifères marins pour la traversée inaugurale du sanctuaire AGOA, une aire marine protégée de 138000 km2 dédiée à la sauvegarde des mammifères marins des Caraïbes. Ce colloque « flottant », auquel participaient 24 scientifiques du monde, valorise la protection des cétacés dans leur habitat, au Nord comme au Sud, la recherche et l’éducation du public. « Les baleines que nous protégeons ici, avec le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, vont passer l’hiver au Sud pour la reproduction, dans un sanctuaire où elles seront dorénavant protégées ». Depuis, le projet “sur la route des baleines” bat son plein et intègre les volets recherche, conservation et éducation pour les cétacés de l’Atlantique Nord.

À voile

Depuis 2013, Lyne Morissette est directrice scientifique du programme Saint-Laurent chez ÉcoMaris, où elle est responsable de la recherche et des pratiques de navitation durables à bord du majestueux Roter Sand, premier voilier-école à vocation environnementale au Québec, en plus de s’occuper de vulgariser la recherche scientifique faite sur le Saint-Laurent afin de la rendre accessibles au plus grand nombre. Elle est également une étroite collaboratrice du North Atlantic Marine Mammal Commission (NAMMCO) ainsi que du WWF-West African Marine Ecoregion. Maintenant PDG de sa propre firme de consultants en sciences marines, elle poursuit ses recherches sur les mammifères dans les océans du monde.

Et malgré tous ses voyages, elle est toujours ravie de rentrer à la maison, près du Saint-Laurent, son lieu d’inspiration et de ressourcement.