Rorqual à bosse

image rorqual à bosse
  • Nom anglais espèce

    Humpback Whale

  • Nom latin espèce

    Megaptera novaeangliae

  • Autres noms

    Baleine à bosse, mégaptère («grande aile» en grec), jubarte (nom populaire dont l’origine latine veut dire «bosse»)

  • Sous-ordre

    Baleines à fanons (mysticètes)

Fiche signalétique

  • Longueur

    13 à 17 m

  • Poids

    30 à 40 t

  • Comportement social

    Solitaire, souvent en paire ou en groupe

  • Longévité

    Autour de 80 ans

  • Temps de plongée

    8 à 15 min, jusqu’à 30 min

  • Observations

    Régulières l’été dans le golfe et quelques individus réguliers dans l’estuaire

  • Distribution mondiale

    De l’Arctique à l’Antarctique

  • Population mondiale

    Estimée à 80 000

Description

  • Grosse tête aplatie et mâchoire inférieure portant des protubérances rondes
  • Sillons ventraux larges et espacés jusqu’au nombril

Non en péril

Acrobate, chanteur et grand voyageur

Malgré sa silhouette ronde et robuste, ce rorqual bondit et nage avec grâce. Il sort la queue hors de l’eau presqu’à chaque plongée. Facile à identifier, il est le cétacé le mieux connu des scientifiques, notamment pour ses habitudes migratoires. Avec son riche répertoire vocal, lié essentiellement à des activités sociales diversifiées, il demeure un sujet d’étude fascinant qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Ce qu'il faut savoir

Dans le Saint-Laurent

En été, les rorquals à bosse fréquentent les eaux côtières du golfe et de l’estuaire. Au cours d’une même saison, ils peuvent se montrer très mobiles et être identifiés dans plusieurs régions du golfe: Minganie, Anticosti, Gaspésie et estuaire. Selon les observations du MICS, une augmentation de la fréquentation des rorquals à bosse dans le Saint-Laurent est observée depuis la fin des années 1990. Depuis 1999, les séjours des rorquals à bosse dans l’estuaire ont tendance à être plus nombreux et plus longs. Ces observations sont probablement en lien avec le rétablissement de la population : la taille de la population augmente, et les aires de distribution peuvent s’élargir, expliquant l’exploration de nouvelles aires d’alimentation.

Migration

Chaque printemps, plus de 7 500 rorquals à bosse quittent leur site de reproduction hivernal dans les Caraïbes et parcourent quelque 5 500 km pour rejoindre leurs aires d’alimentation dans l’Atlantique Nord et le Saint-Laurent. À l’automne, ils reprennent cette route vers le Sud. Ils passent l’hiver en gros rassemblements quasiment sans se nourrir, vivant sur leurs réserves de gras.

Dans le monde

Le troupeau de rorquals à bosse qui fréquente le Saint-Laurent appartient à la population de l’Atlantique Nord qui, selon les dernières études, utiliserait six aires d’alimentation estivales (golfe du Maine, Terre-Neuve/Labrador, Golfe du Saint-Laurent, Ouest du Groenland, Sud de l’Islande et Mer de Barents). Cette population compterait entre 11 800 et 14 300 individus. Cette espèce est présente dans tous les océans du monde et semble en voie de rétablissement. La population de l’ouest de l’Atlantique-Nord, d’abord désignée «menacée» en 1982, puis «préoccupante» en 1985 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), a depuis 2003 le statut «non en péril».

Le rorqual à bosse de l’ouest de l’Atlantique Nord a été désigné «population menacée» en 1982 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), puis «population préoccupante» en 1985. En 2003, son statut a été de nouveau révisé et la population est maintenant classée «non en péril». Le COSEPAC soutient qu’un moins grand nombre de rorquals à bosse s’empêtre dans les filets de pêche et que les équipes de sauvetage sont devenues plus efficaces pour libérer les animaux pris.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) lui a attribué le statut «préoccupation mineure». Aux États-Unis, le rorqual à bosse est considéré comme une «espèce en danger» en vertu du Endangered Species Act. Enfin, cette espèce ne figure plus sur la Liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables.

Alimentation

Le rorqual à bosse est un engouffreur. Il se nourrit de crustacés planctoniques (krill) et de petits poissons qui vivent en bancs (hareng, capelan, lançon). Il s’alimente seul ou coopère avec d’autres individus pour chasser ses proies. En expirant l’air par leur évent, des rorquals en groupe peuvent créer un filet ou un nuage de bulles pour affoler ou prendre au piège leurs proies. Ces techniques de bulles ne sont pas utilisées partout et varient selon les océans. Ces stratégies alimentaires seraient transmises par la mère. Des apprentissages de techniques d’alimentation peuvent se transmettent également entre adultes au sein d’une population. Le rorqual à bosse s’alimente parfois en surface, où l’on peut voir sa bouche grande ouverte, ses fanons ainsi que son énorme gorge déployée par des sillons ventraux.

En surface

Ses déplacements sont plutôt lents. Ses longues nageoires pectorales, dentelées et couvertes de tubercules, améliorent sa manoeuvrabilité et servent à diriger et s’équilibrer. Ces nageoires sont uniques dans le monde animal et elles pourraient même inspirer les ingénieurs pour application aux ailes d’avion et aux pales d’éoliennes ! Dans la gamme de ses comportements aériens: il saute et retombe bruyamment sur le dos, le ventre ou le côté, les répétitions de ces sauts pouvant atteindre la trentaine; il frappe l’eau avec ses nageoires pectorales ou avec sa caudale; il fait de l’espionnage en sortant sa tête à la verticale de la surface. À l’occasion, certains individus peuvent être très curieux envers les embarcations. Quand il part en plongée, le rorqual à bosse arque le dos et sa nageoire caudale se soulève lentement dans les airs jusqu’à la verticale. Ainsi, la face ventrale de la queue est bien visible et chaque individu facilement identifiable avec son patron de coloration (couleur dominante blanche ou noire, marques et cicatrices) ainsi que la forme et la dentelure des deux lobes.

En plongée

Les plongées durent de 5 à 10 min et peuvent atteindre 30 min. En profondeur, elles dépassent rarement les 120 m.

Social

La plupart du temps solitaire, il est observé en paire ou en petits groupes plutôt instables. Le rorqual à bosse est parmi les rorquals l’espèce qui a le plus d’activités sociales. En été, la formation de petits groupes serait plutôt liée à des secteurs où la nourriture est abondante. À l’automne, des groupes sont observés lors de la migration. Pendant la période hivernale, des groupes plus compacts et même des rassemblements se créent pour la saison de reproduction. En été 2006, 2 juvéniles âgés de moins de 2 ans, Pi-rat et Gaspar, souvent en paire, ont passé 6 semaines dans l’estuaire. De retour en 2007, leur association a été plus instable, Pi-rat a passé environ 10 semaines et Gaspar 8 semaines.

Vocal

Pendant la saison de reproduction, les mâles émettent des chants longs, mélodieux et complexes pour attirer les femelles et certainement pour établir une dominance au sein des mâles en compétition qui adoptent aussi entre eux des comportements agressifs. Ces chants très variés sont spécifiques à chaque population. Récente découverte : dans le Pacifique, quand un nouveau chant émerge chez un groupe de mâles, il est repris de groupe en groupe. Ce mode de transmission culturelle horizontale s’effectue d’est en ouest, d’une année sur l’autre au sein d’une même génération. Par ailleurs, en 2007, les résultats d’études menées par suivi télémétrique sur des rorquals à bosse en Atlantique Nord-Ouest rapportent que ces individus émettent des séquences de pulsations sonores dans une large bande de fréquence en association avec des comportements d’alimentation nocturnes. Si les rorquals à bosse vocalisent surtout pour communiquer, ils pourraient également utiliser des sons pour «lire» leur environnement, s’orienter et identifier des grosses cibles. Ces sons puissants et de basse fréquence peuvent se propager sur des longues distances.

La maturité sexuelle est atteinte à 5 ans. La gestation dure de 11 à 12 mois. Les naissances ont lieu de janvier à mars. L’allaitement dure de 5 à 10 mois. Le jeune reste 1 an, quelquefois 2, avec sa mère, ce lien entre la mère et son jeune étant le plus long chez les mysticètes. Le MICS observe depuis 2004 une augmentation des paires mère/baleineau (14 paires pour 2007, 8 en 2018, 14 en 2019).

À propos de la recherche scientifique

Cette espèce a été la première à être étudiée en milieu naturel et les connaissances sur cette espèce ont progressé rapidement au cours des dernières années. Elle est aujourd’hui la mieux connue parmi les grands cétacés. Les individus étant facilement reconnaissables, un programme de photo-identification de grande ampleur a été réalisé. Les comportements spectaculaires du rorqual à bosse ont attiré l’attention de nombreux scientifiques ainsi que d’amateurs. Dans le Saint-Laurent, la majorité des projets de recherche, outre la photo-identification, sont orientés vers d’autres espèces au statut plus précaire. Pour le Saint-Laurent, le MICS gère un catalogue qui compte plus de 700 individus.