Le rorqual d’Omura (Balaenoptera omurai), autrefois cité comme une «forme pygmée» du rorqual de Bryde, a été reconnu comme une espèce à part entière en 2003. Une équipe internationale a publié cet automne les résultats des premières observations réalisées sur cette espèce dans les eaux peu profondes du littoral de Madagascar. Les scientifiques tracent en détail les aires de répartition de cette population et s’attardent sur ses stratégies d’alimentation, de communication et de reproduction.

Les premières observations du rorqual d’Omura

Deux ans de recherche ont été nécessaires pour confirmer avec exactitude l’identité des rorquals. L’équipe d’experts internationaux, menée par le chercheur Salvatore Cerchio du New England Aquarium et du Woods Hole Oceanographic Institution, ont observé 44 groupes de baleines et analysé des échantillons d’ADN prélevés sur 18 individus adultes sur la côte nord-ouest de Madagascar. Des centaines de photos et de vidéos ont été recueillies. Il s’agit d’une première description détaillée de la distribution et du mode de vie des rorquals d’Omura ainsi qu’une première documentation de la présence de l’espèce dans la portion ouest de l’océan Indien. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Royal Society Open Science en octobre 2015. Ceux-ci démontrent entre autres qu’il s’agirait d’une espèce tropicale et que la population rencontrée à Madagascar serait petite, isolée et résidante de ces eaux. Plusieurs observations d’alimentation par engouffrement ont été faites, possiblement sur des masses de zooplancton. Les observations de mères avec leur baleineau, couplées à des enregistrements vocaux, ont aussi révélé des aspects de leur stratégie de reproduction.

La baleine la plus méconnue de la planète

Source: Royal Society Open Science

Durant des décennies, des spécimens de rorquals d’Omura ont été capturés et identifiés comme une «petite forme» ou une «forme pygmée» du rorqual de Bryde, les deux espèces ayant sensiblement la même taille et vivant toutes deux dans les eaux tropicales de l’océan Indien. À l’époque, l’espèce n’était connue qu’à travers huit captures par des baleiniers japonais dans les années 1970 et par quelques échouages survenus dans la mer du Japon. Grâce à des études génétiques, le rorqual d’Omura a été officiellement reconnu comme une espèce à part entière en 2003. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) lui a attribué le statut «données insuffisantes» par le manque d’informations sur la taille de population et sa distribution. Très peu d’observations en milieu naturel avaient été réalisées jusqu’à ce jour.

Cette difficulté à observer le rorqual d’Omura s’explique entre autres par son habitat loin des côtes, en pleine mer, par sa petite taille, entre 10 et 12 m, son souffle peu visible, et par sa ressemblance avec le rorquals de Bryde et boréal. Toutefois, à l’instar du rorqual commun, le rorqual d’Omura possède un attribut unique. Il présente une pigmentation asymétrique: une coloration pâle sur la mâchoire et le ventre du côté droit et foncée du côté gauche.

La suite des recherches

L’équipe du Dr Cerchio prévoit entamer une nouvelle expédition dès le mois de novembre à Madagascar pour tenter d’obtenir une première estimation de l’abondance d’une population de rorquals d’Omura, approfondir les connaissances sur leur comportement vocal et mieux comprendre les dangers qui pèsent sur ces baleines.

Sources:

Sur le site de Royal Society Open Science: Omura’s whales (Balaenoptera omurai) off northwest Madagascar: ecology, behaviour and conservation needs

(photos et vidéo)

En savoir plus:

Sur le site de Woods Hole Oceanographic Institution: New Study Provides First Field Observations of Rare Omura’s Whales

Sur le site de Gentside: Une espèce très rare de baleine dévoile ses secrets au large de Madagascar

Sur le site de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN): Balaenoptera omurai 

Actualité - 13/11/2015

Marie-Sophie Giroux

Marie-Sophie Giroux s’est jointe au GREMM en 2005 et y a travaillé jusqu’en 2018. Elle détient un baccalauréat en biologie marine et un diplôme en Éco-conseil. Chef naturaliste, elle supervise et coordonne l’équipe qui travaille au Centre d’interprétation des mammifères marins et rédige pour Baleines en direct et Portrait de baleines. Aux visiteurs du CIMM ou aux lecteurs, elle adore « raconter des histoires de baleines ».

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