Lors de l’escale du Symposium Nomade des Océans 2014, la biologiste Nadia Ménard a effectué le 17 septembre 2014 un survol du parc marin avant de livrer des réponses aux questions du public. De manière non exhaustive, voici un résumé de ce portrait avec pour toile de fond le tourisme d’observation des baleines, suivi de l’enregistrement audio des discussions.

Histoire et évolution du parc marin

Le tourisme a pris naissance dans la région de la Haute-Côte-Nord et plus spécifiquement à Tadoussac vers les années 1850. Cent vingt ans plus tard, les premiers touristes observateurs de baleines embarquent à bord de petites embarcations avec des habitants de la région qui leur servent de guides. Cette nouvelle forme de tourisme s’est développée de manière fulgurante dans les années 1990. Bien sûr en raison de la diversité des espèces de mammifères marins qui fréquentent les eaux côtières de cette partie nord de l’estuaire maritime et le fjord du Saguenay. Mais aussi autour de la présence de groupes de rorquals communs qui pouvaient atteindre une quarantaine d’individus.

Le parc marin a été créé en 1998. En 2009, le nombre de visites-personnes du parc marin et de ses sites côtiers dépasse le million (1 097 932). Sur l’eau, il est d’un demi-million (502 797), en kayak, bateaux de plaisance et de croisières. Plus de la moitié de ces personnes montent à bord des bateaux d’excursion pour observer les baleines (275 000), dont le nombre de permis est réglementé et plafonné à 59.

Le Règlement sur les activités en mer dans le parc marin, mis en place en 2002, est une première au Canada. Il fixe les limites de vitesse dans le parc marin (25 nœuds) et sur les sites d’observation (0 à 10 nœuds); les distances d’approche des mammifères marins en fonction de leur statut de conservation; le temps limité d’observation. Sa révision en avril 2013 a fait l’objet de consultations publiques, et sa publication est prévue pour les prochains mois.

L’Alliance Éco-Baleine s’est ajoutée au Règlement en 2011: elle vise à instaurer de bonnes pratiques écoresponsables pour limiter les impacts des activités d’observation en mer et sensibiliser le public à la protection des espèces et de leur habitat. «L’observation touristique des baleines, quand elle est bien faite, est un moyen de conservation», commente Nadia Ménard.

Pour réduire la menace des collisions

La problématique des collisions entre les bateaux, navires et baleines émerge dans les années 2000. Le parc marin est aussi traversé par une voie maritime où le trafic est intense. «À la tête du chenal Laurentien, le Saint-Laurent se rétrécit et les corridors de navigation chevauchent les secteurs de fréquentation et d’alimentation des baleines, c’est une région à haut risque». Après avoir cartographié la distribution des mammifères marins, de leurs ressources alimentaires et les activités d’observation en mer, «on a essayé de trouver un compromis entre les activités humaines et la protection des baleines. L’équipe du parc marin a travaillé avec les acteurs de l’industrie maritime et formé un groupe de travail pour proposer des mesures visant à réduire les collisions».

Un scénario de détournement de la voie maritime vers le sud est étudié. Mais, selon l’avis scientifique de Pêches et Océans, il est préférable de ne pas le faire, car le long de la rive sud, ce sont les bélugas qui fréquentent ces secteurs. Il est donc recommandé que les bateaux et navires ralentissent à la vitesse de 10 noeuds, d’autant plus que les îles forment un ombrage acoustique rendant ces secteurs proches de la rive sud silencieux pour les bélugas. Ces limites de vitesse à 10 nœuds, appliquées sur une base volontaire, ont été mises en place en 2013, du 1er juin au 31 octobre. Les résultats de cette première année sont prometteurs: la vitesse moyenne de l’ensemble des bateaux de navigation commerciale est passée de 12,7 nœuds à 10,3 nœuds.

Écoutez les discussions, questions du public et réponses de Nadia Ménard au sujet des sujets suivants (durée d’environ 20 min):

  • concentration du krill et des poissons mise en rapport avec le nombre des rorquals communs
  • études et nouvelles connaissances acquises sur les poissons et le krill
  • échouage du krill sur les plages
  • conduite des travaux de recherche du point de vue de leur financement
  • nouveau partenariat avec l’équipe du brise-glace et navire de recherche Amundsen en escale dans le parc marin
  • présence nouvelle des méduses (avec ajout de réponse par Lyne Morissette).

Actualité - 20/9/2014

Collaboration Spéciale

Articles recommandés

Meredith Sherrill : un exemple de ténacité pour travailler avec les baleines!

Pour travailler sur les baleines, son parcours s’est tracé entre la Californie, le Michigan, l'Écosse, pour finalement l'amener au Québec!…

|Actualité 7/3/2024

La réduction de vitesse en présence de baleines fait ses preuves

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi des limites de vitesse sont imposées dans certains secteurs de navigation? Une partie de la…

|Actualité 29/2/2024

L’encourageante histoire écologique de la baleine grise

Chacune à leur façon, toutes les espèces de notre planète doivent composer avec les conséquences de l’action humaine, traçant ainsi,…

|Actualité 22/2/2024