Le mot «rorqual» provient d’un mot norvégien rorkvalqui signifie baleine à tuyaux ou à ventre plissé. Ce nom fait référence aux plis qui sillonnent la gorge des rorquals du dessous de la bouche jusqu’au ventre. Ces plis, qui prennent la forme de cavernes concaves extensibles, ont la particularité de se distendre comme un accordéon.
Lorsque les rorquals localisent un banc de krill ou de petits poissons, ils accélèrent et, au dernier moment, ouvrent la gueule. La mandibule, l’os inférieur de la mâchoire, bascule alors à 90°, l’eau et les proies pénètrent ensuite et le ventre se déploie comme un parachute. Le volume d’eau engouffré est parfois plus grand que le volume du rorqual lui-même. La poche ventrale augmente de 162% en circonférence et de 38% en longueur. L’eau est ensuite expulsée par la bouche entre-ouverte sous l’action des muscles puissants du ventre et de la langue qui la pousse à travers les fanons accrochés au maxillaire, l’os de la mâchoire supérieure.
Cette action s’effectue très rapidement: un rorqual bleu peut engouffrer 100 tonnes d’eau en moins de 10 secondes. Le tout est possible grâce à un organe sensoriel, situé entre les deux os de la mandibule, qui envoie un signal nerveux dès que la bouche commence à s’ouvrir. Ensuite, des nerfs extensibles commandent l’action de contraction qui permet l’expulsion de l’eau par la bouche. Cette propriété extensible des nerfs est unique de tout le règne animal. Les nerfs sont normalement fragiles et inélastiques alors que ceux des rorquals prennent plutôt l’apparence de cordes de bungee. Constitués de fibres élastiques pour s’étirer et de collagène pour solidifier, les nerfs peuvent plus que doubler leur longueur, passant de 14 à 34 cm.