Cinq dos gris-bleu contrastent avec les montagnes encore enneigées des Chic-Chocs en Gaspésie. Un dos noir apparait près des ponts de Québec. Les dos blancs se dessinent sous la surface devant Saint-Irénée. Partout dans le Saint-Laurent, les baleines attirent les yeux des humains qui en voient de plus en plus souvent. Tour d’horizon.

Un paysage extraordinaire

Cinq dos gris-bleu contrastent avec les montagnes encore enneigées des Chic-Chocs en Gaspésie. Un dos noir apparait près des ponts de Québec. Les dos blancs se dessinent sous la surface devant Saint-Irénée. Partout dans le Saint-Laurent, les baleines attirent les yeux des humains qui en voient de plus en plus souvent. Tour d’horizon.

Jacques Gélineau, collaborateur entre autres de la Station de recherche des iles Mingan (MICS) et du Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles, a commencé ses sorties en mer pour documenter les grands rorquals nageant au large de Sept-Îles. Le 25 mai, il connait une journée exceptionnelle : il rencontre cinq rorquals bleus, quatre rorquals communs, trois rorquals à bosse -dont Tracks avec un baleineau-, cinq ou six petits rorquals et des marsouins. Et par-dessus tout ça, il croise une mouvée de milliers de phoques du Groenland. «C’est assez extraordinaire, comme paysage. Notre Saint-Laurent a tellement de diversité», souligne-t-il.

Autre paysage extraordinaire que celui des monts Chic-Chocs dont les sommets encore enneigés contrastent avec les dos majestueux des grands rorquals observés au large de Matane. René Roy, collaborateur de la MICS, photographie cinq rorquals bleus et autant de rorquals communs le 24 mai. René partage toutes ses observations dans un carnet de terrain publié ici.

Des rorquals à bosse étonnants

Le 22 mai, au large de Cap-des-Rosiers, Gaspésie, un rorqual à bosse utilise la force de propulsion de sa queue pour sortir son corps de l’eau. Le 25 mai, un pêcheur s’étonne aussi de voir un rorqual à bosse sauter non loin de son embarcation au large de Port-Cartier, Côte-Nord. Cette espèce est vraiment la championne des acrobaties aériennes dans le Saint-Laurent, suivie de près par le petit rorqual et le dauphin à flancs blancs.

Le 23 mai, quand enfin le vent cesse de souffler, la baie de Gaspé devient lisse. Une résidente de Cap-aux-Os a alors le plaisir d’observer de sa cuisine la nage paisible de deux rorquals à bosse.

Un autre rorqual à bosse a créé la surprise le 26 mai, cette fois dans la région de Québec. Un pêcheur a sursauté en entendant une baleine souffler à côté de lui alors qu’il se trouvait entre Saint-Romuald et Québec. Un photographe installé au quai des Cageux du côté de Québec a aussi croqué le portrait de cette vagabonde. La présence d’un rorqual à bosse dans l’estuaire fluvial est bien inhabituelle. Depuis, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins suit son parcours au gré des observations.

Le plaisir de retrouver les bélugas

Qu’ils soient à Baie-des-Rochers, Tadoussac ou aux Escoumins, les observateurs se réjouissent toujours de voir les petits «croissants de lune», comme dirait Bernard Émond, les dos blancs des bélugas. À Saint-Irénée, une riveraine vivant en hauteur a même eu la chance de voir les bélugas dans leur entièreté. «Ils étaient juste sous moi, sous la surface, et je pouvais voir leur corps en transparence», s’exclame-t-elle. «Un moment de toute beauté.»

Encore des premières

Pour un ornithologue passionné de la Haute-Côte-Nord, les bélugas et les petits rorquals font maintenant presque partie du pain quotidien. Mais le 24 mai, il a eu droit à sa première observation de marsouin commun aux Escoumins. Il faut avoir l’œil vif pour repérer la plus petite des baleines à dent du Saint-Laurent. Une respiration et hop! Le marsouin a déjà disparu.

Pour une autre observatrice de Saint-Irénée, la grande première est de voir un petit rorqual dans son secteur. «Il fait des manœuvres d’alimentation et sort la tête pour attraper le capelan. Magique!» Dans le secteur de Charlevoix, les petits rorquals passent à l’occasion, lorsque les petits poissons comme le capelan abondent. Et puisque le capelan s’approche des rives, les baleines aussi!

 

Observations de la semaine - 28/5/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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