Depuis 1975, la Journée internationale des droits des femmes est célébrée le 8 mars. Au Canada, les femmes ne représentent que le tiers des diplômés en STIM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) encore aujourd’hui. Le manque de modèles féminins représentés dans l’histoire de la science pourrait expliquer la présence d’un si grand écart de diplomation en STIM entre les hommes et les femmes. Dans cette perspective, Baleines en direct vous présente une sélection de quelques pionnières de la biologie marine qui ont su faire leur place dans un domaine historiquement masculin.

19e siècle

Jeanne Villepreux-Power est une naturaliste autodidacte française à qui on doit l’invention de l’aquarium tel qu’on le connait aujourd’hui. Cette invention lui permet d’étudier les argonautes (espèces de mollusques) et elle découvre ainsi qu’ils synthétisent leur coquille eux-mêmes et ne l’obtiennent donc pas d’une autre espèce comme le font les bernard-l’hermite. Son approche expérimentale met fin à un débat au sein des naturalistes.

Mary Buckland est surtout connue comme la femme de William Buckland, un géologue anglais qui étudiait les fossiles. Mais elle était aussi une illustratrice scientifique qui a participé aux travaux de son mari, mais aussi à ceux de Georges Cuvier, un célèbre paléontologue. Mary Buckland n’a pas une carrière scientifique à proprement parler, mais elle contribue à la science en aidant son mari : elle l’accompagne lors de ses expéditions et prend des notes de terrain. On raconte même que c’est elle qui aurait rédigé une partie de ses travaux. Après le décès de son mari, elle étudie les zoophytes et les éponges marines au microscope, en compagnie de sa fille.

20e siècle

Helen Battle (1903-1994) est la première femme au Canada à obtenir un doctorat en biologie marine, en 1928. Elle est aussi l’une des premières zoologistes à appliquer les techniques de laboratoire à la biologie marine. Elle étudie notamment les effets des polluants sur le développement embryonnaire d’œufs de poissons. Alors qu’elle enseigne la zoologie à l’Université de Western Ontario, elle incite les femmes à faire des études supérieures en science.

Rachel Carson (1907-1964) a toujours cru qu’elle serait auteure. Enfant, elle écrit et publie déjà ses histoires dans une magazine jeunesse. Elle devient finalement biologiste et, en 1936, elle est la deuxième femme engagée par le Bureau des pêches des États-Unis. Au cours de sa carrière, elle rédige plusieurs livres de vulgarisation scientifique sur le milieu marin. Dans les années 50, elle travaille sur la bioaccumulation des pesticides dans la chaine alimentaire et publie un livre qui accuse l’industrie de désinformer la population. L’industrie tente de discréditer ses recherches, et la qualifie d’«hystérique». Néanmoins, sa publication mène à l’interdiction du DDT aux États-Unis en 1972.

Eugenie Clark (1922-2015), surnommée «The Shark Lady» est passionnée par la faune marine depuis l’enfance. Au cours de sa carrière, elle découvre plusieurs espèces de requins et travaille à démystifier ces animaux qui ne sont pas aussi dangereux que le public le croit. Elle est l’une des premières à allier plongée sous-marine et recherche scientifique. Mais prendre sa place dans le monde des plongeurs ne s’est pas fait sans obstacle: en 1940, alors qu’elle prend des cours de plongée sous-marine avec d’autres scientifiques, une autre femme et elle ne peuvent pas participer aux expéditions. En 1955, elle fonde le Cape Haze Marine Laboratory (aujourd’hui connu sous le nom de Mote Marine Laboratory).

Sylvia Earle (1935-) est une océanographe qui a grandement contribué à l’exploration marine, en plongée et en sous-marin. En 1969, elle postule pour joindre l’équipage de la mission Tektite, financée par la NASA, qui vise à envoyer des scientifiques dans un laboratoire sous-marin. Sa candidature est rejetée parce que tout le reste de l’équipage est masculin. L’année suivante, elle dirige une nouvelle mission dans le laboratoire sous-marin, uniquement composée de femmes aquanautes cette fois. Depuis 1979, elle détient un record pour avoir plongé à 381 m de profondeur pour marcher sur le fond marin. Elle est aussi la première femme à obtenir le poste de scientifique en chef au National Oceanic and Atmospheric Administration en 1990. Aujourd’hui, elle travaille en conservation avec Mission Blue, un organisme qu’elle a fondé.

Actualité - 8/3/2019

Jeanne Picher-Labrie

Jeanne Picher-Labrie a rejoint l’équipe du GREMM en 2019 comme rédactrice à Baleines en direct et naturaliste au Centre d’interprétation des mammifères marins. Baccalauréat en biologie et formation en journalisme scientifique en poche, elle est de retour en 2021 pour raconter de nouvelles histoires de baleines. En se plongeant dans les études scientifiques, elle tente d’en apprendre toujours plus sur la mystérieuse vie des cétacés.

Articles recommandés

Le retour des baleines noires sur leur territoire ancestral

Depuis 2015, les baleines noires de l’Atlantique Nord font un retour marqué dans le Saint-Laurent, un lieu qu’elles ne fréquentaient…

|Actualité 20/11/2024

La baleine noire australe : Résiliente et fascinante

Connaissez-vous la baleine australe? Cousine des baleines noires de l’Atlantique et du Pacifique Nord, cette baleine noire évolue dans les…

|Actualité 28/11/2024

Explorer les océans du passé grâce aux cétacés éteints

Bien avant que les baleines que nous connaissons et aimons nagent dans nos océans, de nombreuses créatures se cachaient dans…

|Actualité 11/11/2024