Ce matin, en arrivant pour prendre le traversier de Baie-Sainte-Catherine vers Tadoussac, les flamboyants dos blancs d’un groupe d’une dizaine de bélugas miroitaient dans le fjord. Aujourd’hui, j’écris les observations de mammifères marins dans le Saint-Laurent, alors ça commence bien! Un programme chargé pour cet article : on soulève des préoccupations sur la présence de ces précieux bélugas en Gaspésie les derniers jours, on souligne aussi les comportements des rorquals bleus, sans compter une multitude d’autres observations de faune marine!

Pourquoi y a-t-il des bélugas en Gaspésie?

Après avoir croisé un troupeau d’une centaine de bélugas au large de Cap-des-Rosier le 9 juillet et un groupe d’une vingtaine d’individus le 30 juillet au niveau de Cloridorme, un collaborateur de la Station de recherche des Îles Mingan (MICS) a de nouveau rencontré des bélugas le 26 aout dernier. « J’ai encore rencontré un grand troupeau d’au moins 100 individus au large de l’Anse à Valleau, décrit-il, et deux jours plus tard au large de Cap-Des-Rosiers. Ce banc de bélugas réparti sur environ trois kilomètres carrés est composé de groupes serrés d’une dizaine d’individus. » Il n’est pas le seul à en avoir observé dans la région et plusieurs personnes se questionnent sur leur présence. Pour Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins, il s’agit du deuxième été où des observations inhabituelles de bélugas sont effectuées dans la région. « On est habitué à voir des différences de répartitions interannuelles de plus en plus marquées chez les grands rorquals, mais on est habitué à plus de stabilité chez les bélugas. » Le chercheur est étonné qu’on retrouve des bélugas dans leur aire de répartition hivernale, pendant l’été. Il mentionne toutefois que le phénomène semble coïncider avec des changements plus profonds dans l’écosystème du Saint-Laurent. Il est aussi intéressant de noter que les observateurs et observatrices rapportent principalement la présence de bélugas mâles.

La séduction des rorquals bleus

Le 1er septembre, un résident de Sept-Îles a eu l’occasion de contempler le comportement captivant de quatre colosses des mers. Ces rorquals bleus semblaient rivaliser pour escorter une femelle. Plusieurs autres individus étaient dans le secteur, sept à huit au total, dont un montrait la caudale au moment de plonger.

À l’approche de l’automne, les mâles rorquals bleus entrent en compétition pour se reproduire et coursent parfois pendant plusieurs heures jusqu’à ce que l’un des deux prétendants abandonne la cavalcade. Le chercheur du MICS Richard Sears surnomme ce comportement une rumba. Le gagnant pourra alors escorter la femelle et la paire peut être observée pendant plusieurs jours ensemble.

Si vous vous posiez la question, – comme une majorité de personnes, notre article sur le sperme des rorquals bleus est l’un des plus consultés du site – sachez que chaque éjaculation de ce géant des mers produit environ 20 litres de sperme, que leur pénis mesure jusqu’à 2,4 mètres et que leurs testicules pèsent de 45 à 68 kg. L’équivalent du poids d’un marsouin commun!

Ce n’est pas tout! Il y avait aussi deux rorquals communs, deux petits rorquals et des marsouins qui naviguent dans le coin.

« Explosion d’observations » à Blanc-Sablon

Après des observations incroyables la semaine dernière, ainsi que la présence d’une baleine noire de l’Atlantique Nord au début du mois d’aout, cette semaine, une guide interprète pour le ROMM à bord du Bella Desgagnés nous partage un moment en compagnie de rorquals à bosse et de dauphins à nez blanc.

Au départ de Blanc-Sablon, la journée débute tranquillement avec la présence de marsouins communs et de macareux moines. « Mais après une heure, au loin, je vois un énorme splash blanc, décrit la guide (avec le recul, je pense que c’était un breach). Aux jumelles, je vois des souffles et des dorsales très reconnaissables : mon premier groupe de rorquals à bosse est là! » Ce n’était que le début! Respirations, caudales, les rorquals à bosse sont partout. « Au travers des baleines à fanons, on voit des éclaboussures, ajoute-t-elle. Pleins! Ce sont des dauphins à nez blanc qui sautent hors de l’eau. Je n’avais jamais vu ça! Ils sautaient pour s’amuser, retombant sur le dos. En tout et pour tout, il devait y en avoir au moins 50. » Les dauphins et les rorquals à bosse nageaient à proximité. Elle tente de compter les géantes, mais arrête après une trentaine tellement il y en avait! Parmi le troupeau, il semblait même y avoir deux juvéniles, qui présentaient des nageoires caudales plus petites.

Abondance d’observations

En Gaspésie, un collaborateur du MICS recense « une douzaine de petits rorquals, un rorqual commun, huit rorquals bleus (probablement plus d’une douzaine selon les grands souffles observés sur le secteur) ainsi que deux rorquals à bosse. » Des marsouins et des petits rorquals semblent aussi présents en grand nombre dans le secteur selon une naturaliste.

Sur la route, une conductrice a vu un grand souffle au niveau de Tourelle, près de Saint-Anne. Elle s’est arrêtée sur le bord de la route pour l’observer. Impossible de confirmer l’espèce cependant parce que c’était trop loin.

Dans l’estuaire, on signale des rorquals bleus au niveau de Portneuf-sur-Mer. Un rorqual commun, deux rorquals bleus ainsi que quelques petits rorquals sont aussi de la partie. Au niveau d’Essipit, une visiteuse a eu beaucoup de chance. « J’ai vu un rorqual à bosse qui a fait deux sauts hors de l’eau complet, dit-elle, impressionnée. Des breachs. Ça a été le summum de tout ce que j’observe depuis que je suis au monde. »

Un banc de près de 200 phoques gris demeure près de Franquelin alors que trois rorquals à bosse nagent dans le coin, ainsi que quelques petits rorquals. Le 3 septembre, on nous signale la présence d’un thon, sautant hors de l’eau!

Rorqual bleu © René Roy
Rorqual commun © Renaud Pintiaux
Petit rorqual © Yael Medav

Où sont les baleines cette semaine? La carte des observations

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Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM)
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Observations de la semaine - 4/9/2025

Andréanne Forest

Andréanne Forest est rédactrice en chef de Baleines en direct depuis mai 2022. Après des études en environnement et en biologie, elle se tourne vers la communication scientifique dans l’objectif de rendre la science à la fois accessible et amusante. Andréanne souhaite mettre en lumière la démarche d’acquisition de connaissance tout en transmettant le désir d’apprendre.

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