Une nuit bioluminescente en compagnie des bélugas à Tadoussac, des breachs de rorquals à bosse lors d’un souper aux Escoumins, des dizaines de baleines noires repérées près d’Anticosti et neuf rorquals bleus à Sept-Îles et en Matanie, les rencontres avec les baleines sont toutes uniques et exceptionnelles cette semaine!

Rendez-vous baleinier à la Pointe de L’Islet

C’est les deux pieds sur la terre ferme qu’une passionnée des mammifères marins pouvait observer des petits rorquals dans un décor enchanteur. Elle raconte avec entrain son expérience à Tadoussac : « J’ai eu la chance d’assister à un spectacle pendant près de 2h à la Pointe de L’Islet : 2 petits rorquals en alimentation qui effectuaient des breach à l’occasion! Avec le reflet du coucher de soleil particulier lié aux feux de forêt, le spectacle était magnifique à voir! »

Les baleines blanches étaient aussi bien actives à cet endroit pendant la semaine : « Des bélugas très très proches de la Pointe de L’Islet , commente une naturaliste. Tellement qu’on pouvait les voir de l’accueil du CIMM. Ils étaient tellement proches de la pointe qu’on n’était pas sûr au début si c’était peut-être des vagues. Et on voyait leur souffle avec les jumelles. »

D’autres observations peuvent parfois avoir lieu à cet endroit… en pleine nuit! C’est à la recherche de bioluminescence que des Tadoussaciennes se sont rendues à la Pointe de L’Islet : « […] on remuait l’eau glaciale avec nos mains et c’était magnifique! Des paillettes de partout. Tout d’un coup on a entendu une ou deux respirations, puis de plus en plus et très rapprochées les unes des autres. Un immense groupe de béluga s’approchait de la pointe. Les respirations se faisaient de plus en plus fortes, on avait l’impression qu’ils étaient à 20 mètres de nous, mais dans la nuit noire et avec la brume, impossible de voir quoi que ce soit. » Leurs autres sens étaient cependant en alerte et elles ont pu entendre les baleines. « Ce qui est incroyable c’est qu’ils sont restés. Ils faisaient des gros splashs et se sont mis à vocaliser, c’était juste fou. Juste nous et les bélugas pendant une petite heure, puis on est rentrées, émerveillées avec des paillettes sur les mains et des étoiles dans les yeux!  »

Comme quoi les baleines ne s’arrêtent pas la nuit! Pour les scientifiques, il est beaucoup plus difficile de les étudier quand on ne peut pas les observer. Malgré tout, en suivant leurs déplacements grâce à des balises ou en utilisant des capteurs thermiques pour suivre leurs déplacements – le souffle des baleines étant plus chaud que l’eau – des études ont pu avoir lieu sur des rorquals et des baleines noires.

L’observatrice conclut que tous les sens sont bons pour partager des moments avec les baleines : « L’observation de nuit, en faisant attention à ne pas tomber dans l’eau, c’est sous coté je trouve! Pas besoin de les voir forcément pour être comblé! »

Rorquals à bosse et gastronomie québécoise

Le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent accueille plusieurs nouveaux rorquals à bosse ces derniers jours : le Souffleur, connu depuis 1997, H915, dont la caudale mouchetée semble sortir d’un tableau artistique, H854 (Wolfgang) ainsi qu’un autre rorqual pour l’instant inconnu. Dimanche, deux rorquals circulant dans la région depuis plusieurs semaines, Gaspar et Irisept, nageaient devant la base de plein air des Bergeronnes, sans compter un rorqual commun aussi de passage. Parmi la faune marine du coin, on compte aussi la présence des marsouins communs et des phoques. Un phoque gris observait d’ailleurs des phoques communs sur leur site d’échouerie, raconte un naturaliste. Un intrus!

Une amatrice de poutine est allée en soirée déguster son repas purement québécois sur les rochers aux Escoumins, en observant les baleines. « Plusieurs marsouins et au moins un phoque gris tout le long du repas. » Alors qu’elle s’apprêtait à partir, la présence d’un bateau de croisière non loin la fait se questionner sur la présence possible de plus grosses baleines. « Quelques minutes après, un petit rorqual fait surface, tout près des roches. Je me dis que c’était peut-être lui la vedette, mais j’attends un peu avant de quitter, d’un coup que… J’ai bien fait d’attendre parce que Le Souffleur (H531) a fait surface devant moi à environ 50 mètres. Ensuite, un deuxième souffle a suivi et c’était Cocotte… un troisième (Gaspar)… et finalement un dernier qui était H919. Les 4 individus étaient à moins de 100 mètres des roches! »

Les quatre rorquals à bosse semblaient se diriger vers le quai de la traverse, la résidente s’est alors dépêchée de les suivre, pour que finalement les baleines fassent demi-tour vers leur point de départ et reviennent près des rochers, au grand plaisir de ceux et celles qui y étaient restés. Deux des rorquals à bosse ont même breaché! Pas toujours facile de deviner leurs comportements. Dans tous les cas, c’était quand même une soirée plus que réussie. Poutine et baleines… On peut dire que c’est une expérience 100% québécoise et nord-côtière!

Des rorquals bleus et des thons

L’équipe du Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles (CERSI) signale la présence de neuf rorquals bleus, d’un rorqual commun et d’un rorqual bosse. Les poissons étaient aussi de la partie, puisque plus d’une dizaine de thons rouges ont été observés en plein saut au-dessus de l’eau. Ces grands prédateurs peuvent atteindre deux mètres de longueur, peser plus de 600 kg, atteindre des pointes de vitesses de 70 km/h et vivre jusqu’à 40 ans. Ils viennent dans le Saint-Laurent pour s’alimenter, suivant leur nourriture, maquereaux, harengs et sardines.

Dans le secteur de la Matanie, un observateur assidu et partenaire du MICS a eu la chance de croiser la route de neuf rorquals bleus. Cette rencontre était une véritable surprise dans son cas, puisqu’il n’avait pas vu cette espèce dans le coin depuis quatre ans, alors qu’elle venait fréquemment s’y alimenter auparavant. « À mon grand étonnement, hier je fus entouré de 9 rorquals bleus dans un tout petit secteur et dans moins de 200 pieds d’eau, raconte-t’il sur les réseaux sociaux. C’est là qu’était leur nourriture, formant de grands nuages sur l’écran de mon échosondeur. Il y avait aussi autour de mon bateau le rorqual à bosse Chalk qui est un fidèle visiteur de cet endroit et qui se sentait lui aussi bien seul et à l’étroit parmi ces nombreux gentils géants qui semblaient revendiquer maintenant sa nourriture. »

Baleines noires et requins

L’équipe de la Station de recherche des Îles Mingan (MICS) a repéré des requins-pèlerins ainsi qu’une dizaine de baleines noires de l’Atlantique Nord près de l’ile d’Anticosti et au large de Rivière-au-Tonnerre. Saviez-vous qu’il existe une carte interactive de détection des baleines noires de l’Atlantique Nord? La carte de Baleine-en-vue permet de visualiser les détections de baleines noires dans les eaux canadiennes. Une carte avancée offre même la possibilité de filtrer les données pour les curieux et curieuses.

L’automne approche à grands pas!

Les jours brumeux ont rendu les observations plus ardues dans le coin de Franquelin. Pour une passionnée, les marsouins communs étaient tout de même au rendez-vous,  laissant entendre leurs minuscules souffles rythmiques à travers le temps calme. Petits rorquals et phoques s’activent toujours parmi les fous de Bassan et les sternes, commente un riverain. À Godbout, on pouvait entendre un rorqual à bosse souffler dans la brume mardi dernier.

Dans la baie de Gaspé, un rorqual à bosse est observé, mais en termes de grandes baleines cela semble plutôt tranquille. Les phoques toujours nombreux distillent un peu d’action, sans compter la présence d’autres espèces : « Heureusement que nous pouvons compter sur les nombreux dauphins à flancs blancs et les thons rouges, s’exprime une naturaliste. Ils nous offrent des spectacles à couper le souffle. Un groupe de 150 dauphins se sont présentés. […] Les thons aussi sautent souvent vers la surface où nous pouvons observer leur taille imposante. » Les oiseaux pélagiques étaient aussi de la partie : « Les phalaropes et Puffins des anglais sont bien présents : l’automne s’installe tranquillement. »

Où sont les baleines cette semaine? La carte des observations

Ces données ont été rapportées par notre réseau d’observatrices et observateurs. Elles donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!

Cliquez sur les icônes de baleine ou de phoque pour découvrir l’espèce, le nombre d’individus, des informations supplémentaires ou des photos de l’observation. Pour agrandir la carte, cliquez sur l’icône du coin supérieur droit. La carte fonctionne bien sur Chrome et Firefox, mais pas aussi bien sur Safari.

Pour faire apparaitre la liste des observations, cliquez sur l’icône du coin supérieur gauche.

Merci aux collaborateurs et collaboratrices!

Merci aux observateurs et observatrices qui partagent avec nous leur amour pour les mammifères marins! Vos rencontres avec les cétacés et les pinnipèdes sont toujours un plaisir à lire et à découvrir.

Ce sont vos yeux, sur l’eau ou depuis la berge, qui permettent à cette rubrique de voir le jour.

Florentine
Odélie Brouillette
Marie-Andrée Charleboix
Thalia Cohen Bacry
Laetitia Desbordes
Antoine Lala-Beaufils
Jade-Audrey Lavergne
Yael Medav
Élizabeth Melis
Camille Némond
Diane Ostiguy
Chloé Pazart
Renaud Pintiaux
Pascal Pitre
René Roy
Guillaume Savard
Christine Stadelmann
Andréanne Sylvain
Marielle Vanasse

Et à tous les autres!

Merci aussi aux équipes qui partagent leurs observations :

Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles (CERSI)
Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM)
Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM)
Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM)
Station de recherche des Îles Mingan (MICS)

Vous souhaitez vous aussi partager vos observations?

Vous avez observé des mammifères marins dans le fleuve Saint-Laurent? Qu’il s’agisse d’un souffle au large ou de quelques phoques, écrivez-nous et envoyez-nous vos photos à [email protected]!

Observations de la semaine - 22/8/2024

Andréanne Forest

Andréanne Forest est rédactrice en chef de Baleines en direct depuis mai 2022. Après des études en environnement et en biologie, elle se tourne vers la communication scientifique dans l’objectif de rendre la science à la fois accessible et amusante. Andréanne souhaite mettre en lumière la démarche d’acquisition de connaissance tout en transmettant le désir d’apprendre.

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