Pour une première fois en 23 ans, aucun nouveau-né de baleines noires de l’Atlantique Nord n’a été observé au large de la Géorgie et de la Floride, aux États-Unis. Les baleines noires de l’Atlantique Nord y mettent habituellement bas entre janvier et mars. Si la période des naissances n’est pas encore terminée — elle terminera à la fin mars —, l’absence de nouveau-nés à cette date-ci inquiète les chercheurs. En fait, très peu de baleines noires ont été observées dans ces aires traditionnelles.

Depuis 23 ans, les chercheurs effectuent des patrouilles aériennes pour suivre la population des baleines noires de l’Atlantique Nord. En 23 ans de surveillance, c’est la première fois qu’aucun nouveau-né n’est vu. La moyenne au cours des 23 dernières années était de 17 nouveau-nés. À l’hiver 2017, seulement 5 nouveau-nés ont été observés.

Qu’est-ce qui pourrait expliquer l’absence de baleineaux cette année ? Des facteurs de stress physiologique, comme les empêtrements dans des engins de pêche, qui affectent jusqu’à 85 % des baleines noires de l’Atlantique Nord. « Nous avons découvert récemment que les baleines noires qui ont été sévèrement blessées par les empêtrements se reproduisent à un rythme plus lent », indique Phillip Hamilton, de l’Anderson Cabot Center for Ocean Life at the New England Aquarium, en entrevue à CBC. D’autres facteurs pourraient être la raréfaction des proies. Lorsqu’on sait qu’une femelle perd près du tiers de sa masse corporelle en allaitant, si elle est déjà amaigrie, elle pourrait ne pas se reproduire.

Les baleines noires ont-elles changé d’aire hivernale et d’aire de reproduction ? « Il y a une petite possibilité. La plupart des chercheurs ne misent pas sur cette possibilité, mais il est possible que les femelles mettent bas un peu plus au nord ou au large », indique Phillip Hamilton. Au large de Cape Cod samedi, 65 baleines noires avaient été observées. Il faudra donc surveiller si de jeunes baleineaux qui n’ont pas été vus cet hiver se trouvent aux côtés des femelles cet été. Il resterait 100 femelles dans la population de baleines noires de l’Atlantique Nord.

Actualité - 28/2/2018

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

Articles recommandés

Faible nombre de grands rorquals dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent en 2025 : une situation exceptionnelle? – Deuxième partie

Dans le cadre de leur recensement annuel des grands rorquals dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, l'équipe du Projet Grands…

|Actualité 17/9/2025

Faible nombre de grands rorquals dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent en 2025 : une situation exceptionnelle? – Première partie

Du 6 au 17 aout, aucun grand rorqual n'a été observé dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Ce n'est possiblement…

|Actualité 17/9/2025

L’expédition Glacialis : la science citoyenne au service des rorquals à bosse

Des citoyens et citoyennes engagés ont pu mener à une avancée scientifique de taille! En 2021, Mathieu Marzelière et Laurence…

|Actualité 25/9/2025