Les rorquals bleus possèdent une immense langue, pouvant atteindre le poids d’un éléphant. Outre le sens du gout, la langue est aussi impliquée lors de l’engouffrement d’un grand volume d’eau, une technique d’alimentation par filtration particulière aux espèces de rorquals.
Le sens du gout des cétacés serait aussi développé que chez les autres mammifères, selon l’analyse des bourgeons gustatifs sur leur langue, mais aussi des zones du cerveau impliquées dans la gustation. Les baleines percevraient surtout l’acidité et le salé, mais pas vraiment le sucré. En plus de gouter leur nourriture, les baleines pourraient gouter les masses d’eau, pour se repérer lors des migrations, et percevoir le passage d’un congénère.
La langue des rorquals est moins musclée, mais serait plus élastique que celle des autres mammifères. Lorsque le rorqual bleu ouvre la bouche près d’un banc de krill, l’eau y pénètre avec une très grande pression. La langue est alors poussée vers le fond de la bouche et, sous la pression, elle est retournée sur elle-même comme un doigt de gant, ce qui forme une poche pouvant contenir l’eau. La pression fait aussi gonfler la bouche au niveau des sillons ventraux, sortes de plis qui couvrent la surface ventrale de la baleine, de l’avant de la mâchoire au nombril. Chez les rorquals, les nerfs présents dans la langue et dans les parois de la bouche sont uniques : leur extensibilité leur permet de doubler en longueur sans se rompre! C’est ce qui leur permet d’engouffrer une si grande quantité d’eau, soit jusqu’à 90 tonnes chez le rorqual bleu, un animal qui pèse entre 50 et 110 tonnes.
La langue serait aussi possiblement impliquée dans l’expulsion de l’eau. En revenant dans leur position d’origine, la langue et les sillons ventraux diminuent le volume de la bouche. L’eau est alors poussée rapidement vers l’extérieur de la bouche en passant par les fanons, sortes de filtres, qui permettent à la baleine de conserver seulement la nourriture. Comment les proies sont-elles ensuite transférées de l’avant de la bouche, près des fanons, vers l’œsophage ? Le mécanisme est encore mal compris, mais, encore une fois, la langue a surement un rôle à jouer.