En cette fin de novembre, la neige nous rappelle doucement que les températures hivernales approchent à grands pas. Les bateaux maintenant rangés bien au sec, seuls les courageux et courageuses qui s’aventurent sur les rives pourront voir des baleines ou des phoques! Pour avoir la chance de voir des mammifères marins, il faudra désormais s’armer de patience et s’habiller chaudement.
Néanmoins, le tableau des observations de mammifères marins cette semaine est joyeusement coloré! On rapporte dans l’estuaire des petits rorquals, des bélugas, des marsouins communs ainsi que les trois espèces de phoques du Saint-Laurent. Du côté des rorquals à bosse, trois individus sont observés dans l’estuaire alors que d’autres semblent quitter le secteur, se déplaçant tranquillement le long des côtes.
Se camoufler au milieu des glaces
«Très beau le blanc béluga avec le blanc de la neige », s’émerveille une passionnée des cétacés qui a eu la chance de voir des bélugas depuis Tadoussac, dans l’embouchure du Saguenay. Les quelques flocons tombés dans les derniers jours s’harmonisent parfaitement avec les dos des baleines blanches visibles à la surface de l’eau. Leur couleur a d’ailleurs des fonctions de camouflage, puisqu’elle leur permet de se fondre dans le décor arctique parsemé de banquises et d’icebergs de leur environnement hivernal. Ainsi, une fois dans le Nord, ils peuvent flouer leurs prédateurs principaux : les épaulards, les ours polaires, et les humains.
À chacun son rythme
Dans la baie de Gaspé, les journées d’observation sont de plus en plus tranquilles, mais l’on peut toujours compter sur les phoques communs bien installés sur la plage de Cap-aux-Os pour attendrir les observateurs courageux. Un petit rorqual a également été aperçu, tandis qu’un souffle mystérieux a retenu l’attention d’une observatrice qui scrutait le large : «c’est un souffle que j’ai aperçu un peu par hasard au milieu de la baie ! Avec le distance et le vent, dur de confirmer l’espèce, mais je penche vraiment pour une bosse.»
S’agit-il de l’un des deux rorquals à bosse qui sont passés quelques jours plus tôt devant Franquelin? Nul ne saurait dire! Le son de leurs souffles berçait néanmoins les riverains qui s’étaient aventurés sur la rive pour les admirer. Les deux animaux semblaient en déplacement vers le golfe.
La migration des rorquals à bosse vers les Caraïbes se tenant à l’automne, peut-être étaient-ils en chemin vers leur site de reproduction – aussi appelé site d’hivernage? Si c’est le cas, un long chemin de plus de 5500 kilomètres les attend. Ils passeront l’hiver en grands groupes, baignant dans des eaux plus chaudes et vivant de leurs réserves de gras précieusement accumulées durant l’été. Si plusieurs rorquals à bosse sont encore dans le Saint-Laurent, d’autres sont déjà arrivés en Guadeloupe, comme nous en informe l’Observatoire des mammifères marins de l’archipel Guadeloupéen dans une publication sur leurs réseaux sociaux. Le premier membre de l’espèce aurait en effet déjà été observé là-bas le 15 novembre dernier!
La diversité dans l’estuaire
C’est depuis le Cap de Bon-Désir, aux Bergeronnes, qu’une belle série d’observations a pu être effectuée dans la dernière semaine. «Trois rorquals à bosse, au moins quatre petits rorquals, une poignée de bélugas, plusieurs dizaines de marsouins, quelques phoques communs, une mouvée de plus d’une centaines de phoques du Groenland et un phoque gris », énumère un naturaliste et photographe animalier, arrivant même à identifier les rorquals à bosse.
Parmi ceux-ci, il y a pu apercevoir Queen, dont la nageoire caudale majoritairement blanche arbore un trait noir sur le lobe droit. Cette dernière présente également une ligne blanche sur sa face dorsale. En 2017, cette baleine est aperçue pour la première fois en compagnie de sa mère, H489, par les chercheurs de la Station de recherche des îles Mingan (MICS), à Gaspé.
Depuis Tadoussac, un phoque en plein repas, s’empiffrant à coeur joie, surprend une résidente : «Un phoque commun qui mangeait quelque chose! On ne sait pas ce qu’il mangeait par contre, car on n’a pas été assez rapides pour sortir les jumelles, puis après il a disparu avec sa proie. C’était comique! On l’a vu tenir quelque chose dans ses nageoires et tirer avec sa bouche.n aurait vraiment dit qu’il y mettait toute sa force. »
Du côté de Franquelin, on rapporte un petit rorqual qui s’alimente lui aussi près de la rive tandis qu’un peu plus au large, ce sont des marsouins communs et des phoques gris qui batifolent dans les vagues.
Merci aux collaborateurs et collaboratrices!
Merci aux observateurs et observatrices qui partagent avec nous leur amour pour les mammifères marins! Que ce soit chaque semaine ou quelques fois dans l’été, les histoires de vos rencontres avec les cétacés et les pinnipèdes sont toujours un plaisir à lire et à découvrir.
Ce sont vos yeux, sur l’eau ou depuis la berge, qui permettent à cette rubrique de voir le jour
Laetitia Desbordes
Diane Ostiguy
Sandrine Papias
Renaud Pintiaux
Pascal Pitre
Christine Stadelmann
Louis-Pierre Ducharme-Tremblay
Andréanne Sylvain
Marielle Vanasse
Et à tous les autres!
Merci aussi aux équipes qui partagent leurs observations :
Station de recherche des iles Mingan (MICS)
Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM)
Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins (RQUMM)
Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM)
Vous souhaitez vous aussi partager vos observations?
Vous avez observé des mammifères marins dans le fleuve Saint-Laurent? Qu’il s’agisse d’un souffle au large ou de quelques phoques, écrivez-nous et envoyez-nous vos photos à [email protected]!