Le brouillard se lève après avoir stagné pendant plusieurs jours dans la baie de Gaspé, permettant enfin d’admirer les couleurs du panorama, et de trouver plus rapidement les cétacés! Dans l’estuaire, des reflets bleutés sont occasionnés par le fleuve, le ciel, mais aussi par l’apparition du premier rorqual bleu de la saison.
L’individu a pu être identifié, il s’agit de B236, alias Galinule. Ce n’est pas son premier passage dans le Saint-Laurent : les premières photos du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins datent du 31 aout 1990! Trente-trois ans plus tard, son passage dans le secteur du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent est toujours aussi bien accueilli. Suite à cette palpitante observation, le naturaliste et photographe animalier Renaud Pintiaux écrit : « Le bonheur était bleu ce lundi. Hier, j’ai pu observer depuis le rivage aux Bergeronnes un rorqual bleu. L’individu montrait la caudale au moment de la plongée. Ce lundi en bateau, nous observons un rorqual bleu, ne montrant pas la caudale. Le même individu ou un autre, nous ne le saurons peut-être jamais. En tout cas, une merveille. Une immense merveille… »
La diversité de l’estuaire a toujours de quoi surprendre, dans la dernière semaine, les observations ne manquent pas : un rorqual commun, des rorquals à bosse, des petits rorquals, des marsouins communs, des bélugas, des phoques gris et des phoques communs. Au-delà d’une liste d’espèces, la beauté et la magie du lieu semblent obtenues grâce à un mélange fragile entre l’émerveillement des observations et la présence de la faune sauvage, de retour à chaque été. Les breachs répétés d’un rorqual à bosse ont pu être admirés depuis Les Bergeronnes, des marsouins ont été aperçus remontant le fjord du Saguenay, et des phoques se reposait tranquillement sur les rochers, fidèles au poste.
L’équipe de recherche du GREMM a aussi commencé ses sorties sur l’eau pour étudier les bélugas. Plusieurs ont été vus nageant près de l’île rouge, de la Batture aux Alouettes ou encore dans le Saguenay. Deux nouveaux rorquals à bosse ont aussi visité le secteur, soit H929 alias Éline et H007 alias Siam. Ce dernier n’en est pas à sa première visite, puisqu’il vient dans l’estuaire depuis 1981. « Une vraie légende vivante ! », commente un passionné des mammifères marins.
Des interruptions
« Oh! », « Ah! », « Wow! », tout le monde se lève en même temps, des étoiles dans les yeux. Qu’est-ce qui peut bien agiter les naturalistes du Centre d’interprétation des mammifères marins en ce beau mardi après-midi lors d’une rencontre d’équipe? Un rorqual à bosse à proximité de la côte!
Sceptiques, certains croient d’abord qu’il s’agit d’un petit rorqual. Plusieurs ont été observés dans les derniers jours. Finalement, la baleine ressort pour une autre respiration et on confirme, c’est bel et bien un rorqual à bosse! « Aussi proche que ça de la rive, c’est du jamais vu », s’exclame Patrice Corbeil, directeur à l’éducation du GREMM, qui peut admirer l’entrée du Saguenay tous les jours depuis son bureau. Définitivement, la pause en valait la peine!
Entendre et voir depuis la rive
À Pointe-aux-Anglais, un résident du coin a aperçu un rorqual à bosse à l’horizon. Un peu plus à l’est, à Franquelin, le souffle d’un rorqual commun se fait entendre. Si aucun rorqual à bosse n’est rapporté pour l’instant, l’endroit fourmille tout de même de marsouins communs, de petits rorquals et de phoques gris. À Pointe-des-Monts, un seul petit rorqual a été vu depuis le début de la saison par un riverain qui commence à s’inquiéter de l’absence de baleines, mais aussi des résultats des pêches dans le secteur. À suivre pour le reste de la saison!
À Magpie, ce sont les pinnipèdes qui attirent l’attention : « Déjà observés à cet endroit, aux Cayes de Magpie qui semble un endroit où les phoques aiment se reposer. Le 16 juillet dernier, il y avait une trentaine de phoques communs! »
Dans le golfe
Les marsouins communs sont présents en grand nombre dans le secteur des îles Mingan, une dizaine de petits rorquals a aussi été recensée, tandis qu’un rorqual commun a été repéré à l’ouest de l’île d’Anticosti.
En Gaspésie, les requins volent pratiquement la vedette aux mammifères marins, puisqu’un requin-pèlerin a été repéré nageant tout près de la côte. Un requin blanc a aussi fait une apparition, passant de Cap-des-Rosiers, à Gaspé, à l’archipel madelinot, avant de rebrousser chemin vers Percé. L’individu est suivi grâce à une puce satellitaire et est nommé Jekyll. Malgré sa réputation, pas trop d’inquiétudes à avoir pour les baigneurs! Cette espèce apprécie plutôt les phoques. N’allez toutefois pas vous amuser à nager parmi un groupe de phoques…
« Après deux semaines dans la brume, on voit enfin l’horizon pour la première fois! », s’exclame un capitaine de bateau d’excursion dans la baie de Gaspé. « Je ne sais même pas comment on faisait pour trouver les baleines avant », ajoute-t-il. Ce n’est pourtant pas ce qui les a empêchés d’observer entre un et huit rorquals à bosse par jour et entre un et trois rorquals communs. Les petits rorquals, quant à eux, s’en donnent à cœur joie à proximité des côtes en s’alimentant à profusion. Les marsouins communs battent des records de présence, et les phoques sont toujours au rendez-vous. Si une diversité si vaste a pu être aperçue à travers les nappes de brouillard, que pourrons-nous voir maintenant que l’horizon est dégagé?
Où sont les baleines cette semaine? La carte des observations
Ces données ont été rapportées par notre réseau d’observatrices et observateurs. Elles donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!
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