Le 15 avril, un résident saisonnier de Pointe-des-Monts profite du temps doux de ce mois d’avril pour ouvrir son chalet plus tôt qu’à l’habitude. Cela lui donne l’occasion de profiter du passage de deux petits rorquals. Les deux baleines doivent se propulser dans les vagues gonflées par le nordet. Agiles, les petits rorquals savent nager de côté et savent même sauter. Ils sont des baleines assez acrobatiques, et ils peuvent enfiler les sauts (parfois des dizaines!) les uns après les autres durant de longues minutes.
Lorsqu’on les observe en hauteur ou quand les petits rorquals sautent hors de l’eau, on peut admirer la tache blanche présente sur chacune de leurs nageoires pectorales. Aucune autre espèce qui fréquente le Saint-Laurent n’a pareil brassard. Les nageoires pectorals ne servent pas à la propulsion, mais plutôt à se stabiliser dans leurs manœuvres.
De 6 à 8 mètres, ces (pas si) petits rorquals sont aussi assez robustes, avec une forme moins effilée que celle des rorquals communs. Le 21 avril, à Mingan, un petit rorqual montre sa nageoire dorsale de 30 cm aux observateurs ravis. Sous son ventre, le petit rorqual qui nage devant Les Bergeronnes la même journée possède de 50 à 70 plis ventraux couvrant jusqu’à 47% de la longueur de son corps. Ces plis lui permettent d’agrandir sa gorge comme un accordéon qui se déploie, afin qu’il engouffre ses proies et une immense quantité d’eau en même temps avant de pouvoir recracher l’eau à travers les fanons, gardant les poissons ou le krill prisonnier.
Les bélugas vus à Cap-aux-Oies, à Saint-Irénée, à Rimouski , à L’Anse-de-Roche ou aux Escoumins n’ont pas de plis ventraux. Ces cétacés chassent leur proie une par une. Ils aspirent des poissons, des invertébrés, des mollusques, les coincent avec leurs dents sans les mâcher et les avalent ensuite tout rond.
C’est le printemps, on change de manteau!
Le 15 avril, à Cloridorme, un phoque du Groenland se prélasse sur la plage. Son pelage comporte plusieurs trous. Il mue. Chaque année, les phoques renouvèlent leur fourrure. La majorité des espèces de phoque aura besoin d’être hors de l’eau pour muer. La mue nécessite d’avoir plus de circulation sanguine à la surface de la peau. Or, cela amène le phoque à se refroidir plus rapidement. Ainsi, hors de l’eau, le phoque peut mieux conserver sa chaleur, surtout lors d’une belle journée ensoleillée qui lui chauffera le corps. C’est possiblement ce qui mène de nombreux phoques hors de l’eau du côté de Notre-Dame-du-Portage, ces jours-ci. À Petit-Gaspé, l’échouerie rassemble même jusqu’à 200 phoques communs qui profitent des eaux poissonneuses avant de se hisser sur les rochers.
La période de la mue demande beaucoup d’énergie au corps. Les phoques ont donc doublement besoin d’être hors de l’eau : pour conserver leur chaleur et pour dormir le plus profondément possible. Au printemps, il est donc essentiel de maintenir la plus grande distance possible avec des phoques au repos sur les rivages, pour éviter de les effaroucher.
Des phoques bien actifs ont aussi été vus en train de «marsouiner». Le marsouinage est une nage très active, propulsant une bonne partie du corps hors de l’eau. Une observatrice a pu filmer cette nage étonnante à Notre-Dame-du-Portage.
© Cathy Bouchard