C’est un kayakiste qui a signalé pour la première fois une carcasse de béluga en contactant les médias hier matin, le 17 juillet. Urgences Mammifères Marins en a ensuite été informé, mais les détails étaient partiels. La carcasse se trouvait dans le secteur de Cap au Corbeau à l’est du parc national du Bic. Une bénévole s’est rapidement déplacée pour aller valider la situation; après près de quatre heures à sillonner le rivage et les falaises rocheuses du secteur, elle a dû déclarer forfait, la carcasse était introuvable. Fort heureusement, en début de soirée, elle a été signalée de nouveau par une autre kayakiste qui l’avait repérée plus tôt dans l’après-midi. A la vue de ses photos, il s’agissait bel et bien d’une carcasse de béluga adulte dont l’état de décomposition était passablement avancé. Motivée, la bénévole est retournée sur le site, soit une petite plage accessible seulement à marée basse. En collaboration avec la Faculté de médecine vétérinaire (FMV) de l’Université de Montréal et l’Institut national d’écotoxicologie du Saint-Laurent, la carcasse a été échantillonnée: un morceau de peau, de gras et de muscle a été récolté à des fins d’analyses génétiques et toxicologiques et la moitié de la mâchoire inférieure a été prélevée afin de déterminer l’âge de ce béluga. Il s’agissait d’une femelle de 3,66 mètres.
Il s’agit de la 5e carcasse de béluga étudiée cette année. Deux des carcasses ont été transportées à la FMV. Il s’agissait dans les deux cas de femelles. L’une était lactante et aurait donné naissance l’année précédente selon les conclusions du vétérinaire Stéphane Lair, et la deuxième était aussi une femelle lactante qui aurait donné naissance, elle, quelques semaines auparavant à en juger par la taille de son utérus.
Chaque année, une quinzaine de bélugas sont retrouvés échoués sur les rivages du Saint-Laurent. L’examen de ces carcasses a mis en évidence des problèmes de santé inusités chez les bélugas du Saint-Laurent. L’analyse des 222 bélugas examinés entre 1983 et 2012 a permis de déterminer que les maladies infectieuses d’origine parasitaire (32%) sont les causes de mortalité les plus fréquentes chez les jeunes bélugas, en particulier la pneumonie vermineuse. Les maladies d’origine bactérienne ainsi que le cancer, particulièrement ceux du système digestif, seraient les principales causes de mortalités chez les bélugas adultes. En 2010 et 2012, d’autres facteurs auraient réduit les chances de survie des jeunes. Cette période coïncide avec une période de changements importants en ce qui concerne leurs proies, la diminution du couvert de glace en hiver et l’augmentation de la température de l’eau. Parallèlement, depuis 2010, une augmentation du nombre de femelles mortes de complications liées à la naissance (15%) a été observée, ce qui suggère une problématique liée à la reproduction.