Au moment de l’embarquement à 11 h 30 le 28 juin, j’avais bien remarqué la nappe de brouillard qui masquait les montagnes bordant le fleuve, mais je cultivais l’espoir qu’elle se dissipe rapidement, car je gardais en tête ma mission première: la photo-identification! Les vagues étaient discrètes, le vent nul, mais pour la visibilité, il fallait se rendre à l’évidence: la prise de photos allait être affectée.
En effet, une fois arrêtés à notre premier site d’observation, une épaisse brume nous enveloppe, et au-dessus de nous, point de ciel bleu. Nous ne voyons tout simplement rien. Or, c’est parfois lorsque l’un de nos cinq sens n’est plus utile que les autres semblent se mettre en alerte : bientôt, nous entendons des souffles familiers tout autour de nous. Il aurait alors été facile d’opter pour la déception puisque l’on ne peut observer quoi que ce soit, mais, tout comme d’autres observateurs, je profite plutôt de cette expérience auditive unique. En silence, nous écoutons attentivement ces respirations puissantes.
Un peu plus tard, avant de nous diriger vers un second site, j’ai reconnu avec plaisir le rorqual commun Bp913 qui a plongé sur le côté de notre zodiac, nous permettant ainsi de bien le distinguer malgré le brouillard. Ce dernier lui conférait un aspect particulièrement mystérieux…
Audrey Tawel-Thibert s’est jointe à l’équipe du GREMM cette année. Dans le cadre du programme de recensement photographique des grands rorquals du parc marin, elle recueille photos et données à bord des bateaux d’excursion. Elle partage aussi ces informations avec l’équipe de rédaction de Baleines en direct.