Certaines espèces de baleines, l’hiver, migrent vers les eaux chaudes des basses latitudes, pour la reproduction et la mise bas. Et certains observateurs suivent leurs traces…
Deux naturalistes, travaillant l’été à Tadoussac auprès des baleines, ont profité des mois d’hiver pour se déplacer à leur tour vers le Sud: à Hawaï. Si, l’été, ces naturalistes rencontrent les rorquals à bosse de l’Atlantique Nord, qui viennent s’alimenter dans l’estuaire du Saint-Laurent et qui se reproduisent dans les Caraïbes, cet hiver, elles observent les rorquals à bosse du Pacifique Nord: des milliers d’individus gagnent annuellement les eaux chaudes de l’archipel d’Hawaï de novembre à avril avant de repartir vers l’Alaska l’été. Et qu’ont vu nos deux voyageuses ? Des rorquals à bosse à la tonne!
L’une d’elles mentionnait même n’avoir jamais vu autant de rorquals à bosse, alors qu’elle se déplaçait entre les villages de Hawi et de Kona, au nord-ouest de l’île d’Hawaï, surnommée «Big Island». Et ces baleines s’en donnaient à coeur joie, car elles réalisaient de puissants «breachs» et donnaient de vigoureux coups de nageoires pectorales et de queue sur l’eau: probablement des mâles engagés dans leurs stratégies pour gagner une place de choix auprès d’une femelle prête à se reproduire. L’un de ces géants a même sauté près de la côte!
Justement, le décompte annuel des rorquals à bosse sur l’île de Maui se déroule en ce moment, soit du début février à la mi-mars, et des centaines de bénévoles y participent. La journée du 23 février a été fructueuse : plus de 1000 observations de rorquals à bosse ont été réalisées, et ce, à partir d’une dizaine de sites sur l’île. C’est environ 215 individus, dont 24 jeunes, qui ont été vus. « Il s’agit une journée record » mentionne l’équipe du Pacific Whale Foundation qui chapeaute le projet.
Pour l’autre naturaliste, les observations ont été tout autant exceptionnelles. Au cours d’une excursion, en plus de voir des rorquals à bosse, dont des femelles avec leurs jeunes, elle a même eu la chance de les entendre grâce à un hydrophone. Plus tard, en apnée, ce sont les cliquetis d’une cinquantaine de dauphins à long bec, qui se trouvaient tout près, qu’elle a pu entendre; une journée qu’elle n’oubliera pas de sitôt! Puis, sur le site d’observation terrestre Makapu’u Point, sur l’île d’Oʻahu, elle a constaté que la réputation du lieu, comme point d’observation, était bien vraie: seulement cinq minutes après son arrivée, déjà, elle voyait un rorqual à bosse s’élancer dans les airs! Mais le temps que notre observatrice sorte son appareil-photo, c’était terminé et elle n’a pu que saisir la gerbe d’éclaboussure.
Et du côté de notre Saint-Laurent hivernal? Ce n’est pas aussi tranquille que l’on pourrait le croire. Un rorqual bleu a été vu la semaine dernière à Franquelin, en Haute-Côte-Nord, et quatre bélugas ont été observés le 24 février depuis les rochers du cap de Bon-Désir aux Bergeronnes.