L’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador sur les hydrocarbures extracôtiers a adressé une recommandation à Ottawa pour que le projet d’exploration du gisement Old Harry soit référé à une commission d’examen fédérale. En vertu de la Loi canadienne et de la forte mobilisation des populations, il est fort probable que ce projet fasse l’objet d’une évaluation environnementale et d’une audience publique.

Une cinquantaine de mémoires ont été déposés auprès de l’Office à propos de ce projet mené par l’entreprise Corridor Resources. Ils ont été rédigés par des groupes environnementaux, notamment ceux regroupés au sein de la Coalition Saint-Laurent, des élus, des pêcheurs, des communautés des premières Nations et des citoyens des cinq provinces bordant le Saint-Laurent. Ces mémoires expriment les vives préoccupations des communautés au sujet des risques environnementaux créés par les forages d’exploration en vue de l’exploitation de ce gisement. C’est lors du forum interprovincial sur les hydrocarbures du mois d’avril 2011 aux Iles-de-la-Madeleine que les participants ont décidé de réclamer une commission fédérale composée en partie d’experts indépendants.

Des populations sensibles aux risques et mobilisées

Dans une lettre adressée le 3 juin au ministre fédéral de l’Environnement, Peter Kent, l’Office juge cependant que les risques environnementaux de ce projet ne sont pas significatifs, mais qu’il hésite à autoriser les travaux de Corridor Resources en raison de l’importance du débat et de la mobilisation du public. Il souligne que les Canadiens sont particulièrement inquiets depuis la marée noire catastrophique survenue dans le golfe du Mexique en 2010.

Corridor Resources, en attente d’autorisation après son étude d’impact, a prévu de réaliser le premier forage d’ici 2012 dans la partie terre-neuvienne du gisement, Old Harry se situant à cheval sur la frontière séparant le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador, à 80 km des îles de la Madeleine. Dans la portion québécoise, une évaluation environnementale stratégique livrera ses résultats en 2012 et toute activité pétrolière est placée sous un moratoire jusqu’à cette date.

La décision appartient au ministre

L’attachée de presse du ministre Kent a indiqué que « « La Loi canadienne sur l’évaluation environnementale prévoit que le ministre de l’Environnement peut ordonner une évaluation par une commission d’examen et mettre en place une telle commission lorsqu’il estime que l’importance des effets environnementaux anticipés ou des préoccupations du public à l’égard du projet le justifie ». Pour l’instant, il n’a pas encore pris sa décision.

La Coalition Saint-Laurent a salué la recommandation de l’Office et a déposé le 14 juin sa demande de commission d’examen auprès du ministre fédéral de l’Environnement. Elle précise que toutes les communautés côtières doivent être consultées dans le cadre de ce projet et que la portée de l’étude d’impact doit être étendue à l’ensemble du golfe. Elle rappelle que le golfe est un système unique au monde et d’une grande fragilité. Certains aspects, comme les impacts environnementaux, ne peuvent être examinés qu’avec une vision globale dépassant les limites administratives et politiques que l’on trace artificiellement.

Du côté du gouvernement québécois, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, accueille positivement cette demande « parce qu’il y a des populations côtières qui sont inquiètes. […] Nous avions déjà envoyé une lettre pour dire qu’il serait intéressant d’attendre que nous ayons fini notre propre évaluation avant d’autoriser les forages ».[Coalition Saint-Laurent, Le Devoir, Cyberpresse, Le Soleil]

Pour en savoir plus:

Sur le site de la Coalition Saint-Laurent

Actualité - 23/6/2011

Christine Gilliet

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