Avec ce dernier relevé aérien, l´estimation de cette population en danger de disparition passe à 284 individus avec 20 % de moins qu´en 2010. Mais elle doit être considérée avec celles de la décennie qui indiquent un déclin moyen de 1,1 % par an. Explications et précisions des experts sur les variations des relevés et leurs analyses.
Cette baisse, la plus importante en 20 ans, représente-t-elle réellement une diminution marquée de la population? Ou plutôt, met-elle en évidence les variations habituelles de ces relevés aériens qui contiennent des marges d´erreur importantes, elles-mêmes prises en compte par les scientifiques?
Le relevé aérien de Cook Inlet, près d´Anchorage en Alaska, a été conduit au mois de juin 2011 par des scientifiques et l ‘Alaska Fisheries Science Center de la National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA), avec des vidéos et un comptage visuel effectué par les observateurs à bord de l´avion. Compter les baleines, qui passent la majeure partie de leur temps dans l´eau, demeure très difficile. Les bélugas (d´une longueur moyenne de 4,5 m pour 1,5 t), observés en surface, évoluent souvent en groupe serré avec un mouvement de nage rapide.
Des paramètres à prendre en considération
Les scientifiques ont utilisé en 2011 un autre type d´avion, ce qui a pu modifier les paramètres d´observation visuelle. Les bélugas ont peut-être passé plus de temps sous la surface pour se nourrir, en cette période de chasse particulière dans l´année, comme l´indique Rod Hobbs, biologiste à la NOAA.
Douglas Vincent-Lang, coordonnateur pour l´Alaska´s Endangered Species Act, explique qu´il n´y a pas véritablement de lien entre les animaux observés et leur nombre réel, et qu´il faut se concentrer sur l´observation des estimations sur une longue période plutôt que sur des estimations annuelles prises au cas par cas. Lors des relevés, il est difficile de distinguer ces baleines les unes des autres et un grand nombre d´entre elles ont pu ne pas être comptées.
Le nombre de carcasses de bélugas trouvées est un indicateur à prendre également en compte pour le suivi de la taille de la population: seulement trois bélugas morts en 2011, pour une moyenne annuelle de 9,8 depuis dix ans. Si la population avait vraiment chuté subitement, le nombre de carcasses aurait certainement augmenté dans les mêmes proportions.
Situer l´estimation de 2011 parmi celles de la décennie
Il y a trente ans, la population des bélugas de Cook Inlet a été estimée à 1 300 individus avec des méthodes et des moyens bien différents d´aujourd´hui et non comparables. Depuis dix ans, les estimations varient entre le nombre de 386 bélugas (la plus importante estimation, en 2001) et 278 individus (la plus faible, en 2005); celle de 2010 s´est élevée à 340 individus. Malgré ces incertitudes, NOAA établit que pendant cette décennie, la population a subi un déclin annuel moyen de 1,1 %.
« Les résultats de 2011 suggèrent que la trajectoire de la population suit toujours une pente négative, et le déclin estimé à 1,1 % par année est très inquiétant, confirme Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de recherche et d ‘éducation sur les mammifères marins (GREMM) au Québec et spécialiste des bélugas. Une population de bélugas dite en santé devrait croitre entre 2 et 4 % par année. Il n’est pas légitime de commenter les écarts d’un survol à l’autre ou d’une année à l’autre. Ces estimations, car ce sont bien des estimations et non des dénombrements exhaustifs, doivent toujours être examinées dans une perspective plus longue ».[Alaska Dispatch, The News Tribune, Alaska Journal]
En savior plus
Sur le site de Alaska Dispatch (en anglais seulement) : A Cook Inlet beluga whale population crash?