Les photos prises entre La Tabatière et Gros-Mécatina en Basse-Côte-Nord (dans le golfe Saint-Laurent, près de Terre-Neuve) confirment la présence de quatre épaulards le 4 juillet, possiblement trois adultes et un jeune. Les photos des épaulards ont été envoyées à des spécialistes de Pêches et Océans Canada pour tenter d’identifier les individus. Le chercheur Jack Lawson répondait dans les jours suivants.
10 juillet 2015
L’un des épaulards, présentant une encoche apparente sur la nageoire dorsale, semble être le même que celui photographié par un excursionniste de Twillingate sur la côte nord de Terre-Neuve 10 ans plus tôt. L’appariement probable: NF0039.
Toutes les baleines ont des marques distinctives qui permettent de les reconnaitre individuellement. Trouver et distinguer ces traits relève du défi et de la patience. Pour les épaulards, les chercheurs se penchent notamment sur nageoire dorsale et la tache grise en forme de selle située à la base de la nageoire. Toutefois, la clé du succès réside principalement dans une photo de bonne qualité pour que l’appariement soit bel et bien confirmé.
7 juillet 2015
Une observation exceptionnelle? Elle sort de l’ordinaire, oui. L’épaulard se trouve partout dans le monde, mais les épaulards de l’Atlantique Nord-Ouest sont peu nombreux, nomades et dispersés. Ils ne sont pas rassemblés en populations comme dans le Pacifique Nord, le long des côtes ouest de l’Amérique du Nord (de l’Alaska jusqu’à l’état de Washington). Entre 1758 et 2012, 836 observations d’épaulards ont été recensées, particulièrement dans la région de Terre-Neuve et du Labrador dans les dix dernières années.
Les visites d’épaulard sont rares et sporadiques dans le golfe et l’estuaire du Saint-Laurent avec une vingtaine d’observations depuis le début des années 1980. Dans l’estuaire, la dernière observation remonte à 2003: deux épaulards ont été vus au large des Bergeronnes. Des documents des années 1940 mentionnent que les épaulards étaient abondants dans l’estuaire à cette époque, surtout au printemps et à l’automne.
L’un des épaulards observés la semaine passée présentait une encoche dans sa nageoire dorsale. Pour le Canada atlantique, une banque de données et de photo-identifications inclut au moins 67 épaulards identifiés. Le manque de photos de qualité et le peu d’individus avec des marques facilement identifiables expliqueraient ce chiffre.
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a d’ailleurs classé l’épaulard de l’Atlantique Nord-Ouest et de l’est de l’Arctique dans la catégorie «préoccupante». La chasse au Groenland, le trafic maritime et les contaminants sont les menaces qui pèsent sur cette population. La petite taille de la population, son cycle vital et ses caractéristiques sociales la rendent également plus fragile.
Pour en savoir plus:
Sur l’épaulard (fiche signalétique)
Sur la distribution historique et actuelle de l’épaulard de l’Atlantique Nord-Ouest: site du Cambridge University Press (en anglais seulement): Historic and current distribution patterns, and minimum abundance of killer whales (Orcinus orca) in the north-west Atlantic
Sur le statut de l’épaulard au Canada