Le rorqual à bosse se démarque par ses longues nageoires pectorales qui peuvent atteindre le tiers de la longueur du corps. Il s´agirait du plus grand appendice dans le règne animal. Cet attribut explique d´ailleurs son nom scientifique, Megaptera novaeangliae, signifiant « grandes ailes de la Nouvelle-Angleterre », en référence aussi à l´endroit où l´espèce a été décrite pour la première fois par les baleiniers.

Les nageoires pectorales des baleines ont évolué à partir des membres avant d’un mammifère terrestre, et on retrouve les mêmes os. Il y a cependant des différences: le seul point d’articulation est au niveau de l’épaule et certains os sont plus courts alors que d’autres plus longs; les phalanges sont particulièrement allongées chez le rorqual à bosse, et plus nombreuses que chez les mammifères terrestres. Les os de la «main» sont noyés dans un tissu fibreux, rigide et résistant, et on ne distingue pas les «doigts».

Ces « bras » servent généralement de gouvernail et de stabilisateur aux baleines, mais plusieurs hypothèses ont été émises pour expliquer l´évolution des nageoires pectorales démesurées du rorqual à bosse. Deux théories persistent. La première avance que ces appendices, qui représentent une grande surface, seraient fort utiles pour la thermorégulation chez cette espèce qui migre d´un climat froid à un climat chaud. La seconde souligne la manœuvrabilité exceptionnelle qu´offrent de longues nageoires. Les rorquals à bosse ont en effet des comportements exubérants dans lesquels les nageoires pectorales sont souvent impliquées tels que des tours sur eux-même ainsi que des boucles sous l´eau; ces comportements seraient facilités par la grande manœuvrabilité et le contrôle qu´offrent les nageoires pectorales. De plus, en saison de reproduction, les mâles se servent de leurs nageoires pour les combats ou pour couper la route à leurs compétiteurs.

Autre particularité du rorqual à bosse: la bordure dentelée extérieure des nageoires faciliterait le déplacement de la baleine lors de l´encerclement des proies en minimisant la friction dans l´eau. Cette morphologie pourrait même avoir des applications technologiques et inspirer la conception des turbines, hélices, ailes d’avion, etc.

Pour voir les longues nageoires pectorales du rorqual à bosse Siam :

  • Crédit: © GREMM

En savoir plus

Sur le site de Ask Nature (en anglais seulement): Flippers provide lift, reduce drag: humpback whale

Les baleines en questions - 14/1/2014

Marie-Sophie Giroux

Marie-Sophie Giroux s’est jointe au GREMM en 2005 et y a travaillé jusqu’en 2018. Elle détient un baccalauréat en biologie marine et un diplôme en Éco-conseil. Chef naturaliste, elle supervise et coordonne l’équipe qui travaille au Centre d’interprétation des mammifères marins et rédige pour Baleines en direct et Portrait de baleines. Aux visiteurs du CIMM ou aux lecteurs, elle adore « raconter des histoires de baleines ».

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