Cette baleine arctique peut dépasser l’âge de 200 ans. Le séquençage de son génome révèle qu’elle a la capacité de réparer son ADN et de lutter efficacement contre le cancer et les maladies liées à l’âge. Cela intéresse particulièrement les scientifiques qui cherchent des remèdes pour les humains.

La baleine boréale (Balaena mysticetus) vit jusqu’à 200 ans et même un peu plus, ce qui fait d’elle le mammifère ayant la plus grande longévité. Une équipe de chercheurs de l’Université de Liverpool au Royaume-Uni vient de décrypter son génome afin de percer les mystères de cette capacité à vivre si longtemps et en bonne santé. Les résultats de leur étude ont paru dans la revue Cells Reports le 6 janvier 2015.

Les scientifiques ont comparé les séquences de l’ADN de la baleine boréale avec celles d’autres cétacés (petit rorqual et rorqual commun), de mammifères (vache et souris) et avec l’humain pour mettre en évidence les particularités de la baleine boréale. Ils ont trouvé chez elle notamment des mutations et des duplications dans les gènes impliqués dans l’apparition de cancers, la division cellulaire et le vieillissement.

Cette baleine à fanons d’une vingtaine de mètres pour 100 tonnes, dodue et avec une tête énorme, vit dans les eaux arctiques et subarctiques. Elle possède plus de mille fois plus de cellules que l’humain ce qui pourrait constituer pour elle un risque accru d’être atteinte de cancers. Mais au contraire, la baleine boréale serait dotée de mécanismes cellulaires lui permettant de réparer son ADN endommagé, préserver son système immunitaire du vieillissement (immunosénescence) et lutter ainsi contre le cancer et l’apparition de maladies liées à l’âge, comme les maladies neurodégénératives et cardiovasculaires.

Les chercheurs ont trouvé aussi des caractéristiques particulières dans un de ses gènes impliqué dans la thermorégulation qui pourraient expliquer son énorme masse. En effet, les cellules des grandes baleines ont un taux métabolique plus lent que celles des mammifères de plus petite taille.

Si les humains étaient dotés de ces gènes

À partir de ces travaux, les chercheurs ont constitué une base de données en ligne accessible à tous les scientifiques. Les applications de cette étude pourraient contribuer à trouver une sorte de solution miracle pour diminuer le risque des cancers chez l’humain et les maladies apparaissant à un âge avancé.

Une des premières étapes à franchir serait d’implanter des gènes de baleine boréale chez une souris pour voir si celle-ci pourrait vivre plus longtemps et mieux résister à ces maladies. La présente recherche a été en grande partie financée par la Methuselah Foundation, une ONG soutenant la recherche antivieillissement, et Life Extension Foundation qui produit des compléments alimentaires. Mais les chercheurs ont bien conscience que la route sera longue en expérimentations et qu’il n’est de toute façon pas possible et légal de prélever des cellules de baleines boréales pour développer des remèdes anti-âge et anticancer pour les humains.

La baleine boréale est une espèce au statut « préoccupant » selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Chassée de manière intensive autrefois, elle est désormais particulièrement exposée à s’adapter aux changements climatiques et à la fonte de la banquise de l’Arctique.

(2015) Keane, M. et al. Insights into the evolution of longevity from the bowhead whale genome. (États-Unis). Cell Reports 10 : 112-122

Actualité - 9/1/2015

Christine Gilliet

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