C’est l’histoire d’un succès dû aux efforts de conservation pour cette population fréquentant les eaux côtières de la Californie. Décimée par la chasse commerciale du XXe siècle, elle aurait retrouvé son seuil historique. Reste la menace des collisions avec les navires, avec un taux de mortalités supérieur à son potentiel de renouvellement.

Des chercheurs de l’université de Washington estiment que la population des rorquals bleus (Balaenoptera musculus) du Pacifique Nord-Est, communément appelée les rorquals bleus de Californie, s’est remise de la chasse commerciale qui a duré quelque 70 ans. Ils présentent leurs calculs et résultats dans un article de la revue Marine Mammal Science, publié le 5 septembre 2014, ainsi que leurs commentaires dans un communiqué de presse paru le même jour. C’est la seule population de rorquals bleus au monde qui s’est rétablie de la chasse, selon l’auteur principal de l’article. Un succès dû à l’arrêt des captures et aux mesures de conservation et de gestion qui ont été mises en place.

Un effet de seuil et la menace des collisions

Les rorquals bleus du Pacifique Nord-Est s’alimentent l’été à 20 ou 30 milles nautiques de la côte californienne. Tout au long de l’année, les individus se répartissent de l’équateur jusqu’au golfe de l’Alaska. Aujourd’hui on trouverait 2200 individus, ce qui représente probablement 97% de leur nombre d’avant la chasse, selon le modèle de calcul de dynamique de populations utilisé par les chercheurs qui ont publié l’article. Ils estiment que 3400 rorquals bleus de Californie ont été capturés entre 1905 et 1971, et que leur population a frôlé l’extinction, ce qui représente 35% du total de captures effectuées dans le Pacifique Nord parmi les deux populations distinctes, celles du Pacifique Nord-Est et celle du Pacifique Nord-Ouest. Ces calculs ont été publiés dans PLoSOne en janvier 2014. Parmi les chiffres concernant les captures de baleines dans le Pacifique Nord, ceux de la Russie sont récemment devenus accessibles au public après avoir longtemps été gardés secrets par ce pays.

Le fait que cette population ait retrouvé son seuil d’abondance historique expliquerait que son augmentation ait ralenti ces dernières années. Selon les auteurs de l’article, ce ne sont pas les collisions avec les navires qui causeraient ce ralentissement, mais plutôt le phénomène de capacité porteuse de son habitat, c’est-à-dire la taille maximale de la population que le milieu pourrait supporter. Mais ces chercheurs ne manquent pas de souligner aussitôt que la menace de collisions est toujours à prendre en compte dans cette région où le trafic maritime est intense et que les mesures de protection doivent continuer à la restreindre. Il y aurait en moyenne 11 mortalités annuelles de rorquals bleus le long de la côte ouest des États-Unis, un nombre au-dessus du taux de 3,1 rorquals bleus, le seuil minimum du potentiel de renouvellement de la population fixé par le Marine Mammal Act. Et c’est avec nuance qu’ils expliquent que cette menace ne met pas toutefois en péril la population.

Sources

Sur le site de Marine Mammal Science (en anglais seulement):

Do ship strikes threaten the recovery of endangered eastern North Pacific blue whales?

Sur le site de University of Washington (en anglais seulement):

California blue whales rebound from whaling; first of their kin to do so (News release)

En savoir plus:

Sur le site de PLoSOne (en anglais seulement):

Estimating Historical Eastern North Pacific Blue Whale Catches Using Spatial Calling Patterns

Sur le site de Baleines en direct:

Rorquals bleus en Californie: détourner les voies maritimes pour réduire les collisions (archive des Actualités d’ici et d’ailleurs)

Actualité - 16/10/2014

Christine Gilliet

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