Chaque année, les mois de mai et juin sont ponctués par la période des naissances chez les phoques communs. Le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins reçoit durant cette période de nombreux appels pour signaler de jeunes chiots observés seuls sur les berges du Saint-Laurent.
Durant 4 à 6 semaines, les jeunes chiots seront allaités par leur mère et prendront 0,5-0,6kg par jour. Après avoir passé 2 semaines à allaiter son jeune, la mère recommence progressivement à s’alimenter durant des périodes pouvant aller jusqu’à sept heures et principalement de jour.
Les jeunes se retrouvent alors seuls sur les roches ou sur la plage plusieurs heures, voire plusieurs jours, mais ne doivent pas être considérés systématiquement comme abandonnés. La mère peut être proche, même si elle ne nous est pas visible. Certains témoins peuvent être mal aiguillés par le comportement de ces boules de poils attendrissantes, qu’ils voient en train de « crier » sur la plage, ou amorphe en train de dormir. Ces signaux ne veulent pas nécessairement dire que le phoque est en détresse.
Pourquoi laisser un phoque tranquille ? Les vétérinaires et spécialistes expliquent.
Si un phoque est constamment approché, il n’aura pas la possibilité de se reposer ni de retrouver le contact avec sa mère.
«Un certain pourcentage de jeunes phoques meurt chaque année : c’est naturel. Les chances de survie de l’animal augmentent s’il est laissé en paix. Des interactions répétées avec un phoque peuvent empêcher l’animal de se reposer, et le stress causé par la présence humaine peut le rendre plus vulnérable aux maladies ou à la prédation», explique le vétérinaire Stéphane Lair du Centre québécois sur la santé des animaux sauvages et professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
«Il faut éviter de tomber dans le cycle qui mène à l’abandon du jeune : la présence d’humains près du jeune effraie la mère et le phoque laissé à lui-même inquiète les riverains qui tentent de l’aider en le déplaçant ou en le repoussant à l’eau, ce qui réduit considérablement les chances que la femelle revienne.»
Que faire si vous voyez un jeune phoque sur la plage?
+ Gardez vos distances (au moins 50 mètres), puis, idéalement, quittez le secteur pour que la mère puisse revenir chercher le phoque et que le petit puisse se reposer. Si le phoque vous suit, quittez immédiatement le secteur.
+ Il est illégal de manipuler le phoque, de le forcer à retourner à l’eau ou d’interagir avec lui d’une quelconque façon.
+ N’essayez pas de nourrir le phoque. Sa survie dépend d’une alimentation riche en gras fournis par la mère. Les phoques durant cette période ne sont pas sevrés et les exposer à des aliments non adéquats pourrait être néfaste pour leur santé.
+ Attention! Les phoques sont des animaux sauvages qui sont imprévisibles et qui peuvent devenir agressifs et mordre. Même s’ils ont souvent l’air inoffensifs, petits et attendrissants, les phoques ont des dents et peuvent se défendre.
+ Tenez les chiens en laisse. Un chien se promenant librement risque de s’approcher du phoque, ce qui augmentera son stress et provoquera des réactions d’agressivité qui pourrait blesser votre animal de compagnie.
Quand appeler Urgences Mammifères Marins au 1-877-7baleine?
La vie des phoques est partagée entre la mer et la terre, où ils se reposent. Il est donc normal de voir un phoque seul hors de l’eau. Certaines situations sont toutefois problématiques et doivent être signalées :
+ Si vous voyez un phoque avec des signes évidents de blessures ;
+ Si des gens manipulent ou tentent d’interagir avec le phoque ;
+ Si le phoque manifeste des comportements d’agressivité envers le public.
Dans ce cas, composez le 1-877-7baleine. Il sera important de répondre à quelques questions et fournir les informations suivantes :
+ Photos et vidéos de l’animal afin d’observer son comportement (ne vous approchez pas davantage du phoque pour prendre les clichés)
+ Localisation du phoque
+ Achalandage sur la plage
+ Présence d’autres phoques dans le secteur
Avec ces informations, les équipes du centre d’appel et les bénévoles iront observer le phoque, s’assurer que l’animal ne soit pas manipulé, mais aussi sensibiliser le public aux comportements à avoir avec ces espèces. En cas de signe de détresse du phoque, un vétérinaire sera amené à évaluer l’état de santé de l’animal et à décider de l’intervention qu’il juge nécessaire.