Relier Trois-Pistoles aux Escoumins à bord du traversier L’Héritage I, prend environ 90 minutes. Juste assez de temps pour enfiler tuque, foulard et mitaines et s’installer sur le pont pour observer le fleuve et la vie qu’il abrite. Le 3 octobre, la traverse prend des airs de croisières aux baleines : six rorquals à bosse s’activent à la surface. Un peu plus loin, d’immenses éclaboussures attirent l’attention d’un passager. Surpris, il voit le ventre blanc d’une autre baleine à bosse s’élever dans les airs et retomber lourdement. L’individu effectue une dizaine de sauts!

D’autres sauts de rorquals à bosse épatent les chanceux qui ont les yeux tournés vers le large dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. À partir de son poste de recensement des rapaces, un observateur d’oiseau remarque quelques bateaux de croisières stationnaires, près du phare du Haut-Fond-Prince le 8 octobre dernier. Il tourne sa longue vue et assiste aux sauts d’un rorqual à bosse. Plus tard, c’est un petit rorqual qui donne l’impression d’essayer de s’envoler. «C’était une journée avec du bon vent et de grosses vagues», contextualise-t-il.

Une des hypothèses pour expliquer les sauts est que par gros temps, ils permettent aux rorquals de respirer sans se remplir l’évent d’eau, et pourraient aussi servir à communiquer sur de longues distances. Du haut des dunes de Tadoussac, en plus de témoigner des voltiges, l’ornithologue observe aussi un groupe de cinq rorquals communs et recense 11 espèces de rapaces!

Sur les rochers à Essipit, un ornithologue profite des oiseaux marins quand trois bélugas apparaissent le 5 octobre en fin de journée. Un des individus a un dos bien particulier : il a une drôle de bosse avant la queue. Après quelques respirations, le béluga plonge bien droit. «On dirait qu’il faisait “la chandelle”, avec sa queue bien droite sortie de l’eau», raconte-t-il. Il transmet une photo au Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins. Grâce aux petites taches grises sur son flanc droit, il est possible de confirmer qu’il s’agit du mâle Néo! C’est la première fois en que Néo est photographié en 2019.

Au quai des pilotes aux Escoumins, l’observation des petits rorquals continue d’être quasi quotidienne. «J’en voyais même deux en même temps. Wow!», s’exclame un observateur le 8 octobre.

À bord d’un hélicoptère entre Havre-Saint-Pierre et Sept-Îles, un passager note deux grands souffles suivis de deux immenses silhouettes. L’altitude et les reflets l’empêchent d’identifier les espèces, mais il pourrait s’agir de rorquals communs ou de rorquals bleus. Ce n’est pas toujours facile d’identifier les espèces. Parlez-en à un observateur de Baie-des-Sables, qui a pu apercevoir un grand souffle et une grande masse. «C’était une baleine de gros format, mais impossible à identifier. Elle n’est sortie qu’une fois. J’ai eu beau “scanner” l’horizon, rien n’est réapparu», raconte-t-il.

Devant les falaises de Forillon le 8 octobre, les dos de rorquals bleus, rorquals communs et petits rorquals luisent sous le soleil d’automne. Si les croisières terminent presque toutes avec l’Action de grâce, les baleines sont encore au rendez-vous pour celles et ceux qui guettent de la rive.

Des nouvelles de la Basse-Côte-Nord

Je ne reçois pas souvent de nouvelles de la Basse-Côte-Nord, mais cette semaine, deux observations ont été rapportées. À bord d’un navire de la garde côtière canadienne, un capitaine et son équipage rencontrent un groupe d’épaulards, un peu à l’ouest de Harrington Harbour. «Il y en avait probablement cinq», estime le capitaine.

Encore plus à l’ouest, un résident de La Tabatière sort pêcher le maquereau près de l’ile du Vieux-Poste. Il observe un petit rorqual. «C’est tranquille côté baleine», constate-t-il.

La saison d’observation n’est vraiment pas terminée!

Observations de la semaine - 11/10/2019

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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