Toujours plus au nord
Thomas Doniol-Valcroze s’intéresse aux mammifères marins depuis son enfance. Pour réaliser ce rêve, il a traversé l’océan Atlantique : il a quitté Paris pour poursuivre une maîtrise (2002) et un doctorat (2008) à l’université McGill à Montréal, en biologie de la faune sauvage. Ces étés, il les a passés sur l’eau.
Son premier stage à la Station de recherche des îles Mingan (MICS), fondée par Richard Sears, s’est déroulé à l’été 1995. Il y est retourné pendant près de 10 ans pour y travailler comme assistant de recherche et pour y mener les travaux de terrain pour sa thèse de doctorat sur les rorquals du golfe. En 2008, il a effectué son stage post-doctoral à l’Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada (MPO) avec Véronique Lesage, sur l’écologie alimentaire des rorquals bleus. À la suite de ce post-doctorat, il a été engagé comme biologiste au MPO.
Et aujourd’hui ? Après des années à fréquenter les mammifères marins de la Côte-Nord, le voici plongé en plein cœur du Grand Nord québécois. En tant que biologiste à l’évaluation des stocks de mammifères marins du Nunavik, il travaille en particulier sur les espèces dont dépendent les Inuits pour leur subsistance (bélugas, phoques, morses). Ses recherches tournent autour de la taille des populations, leurs trajets migratoires, l’impact des changements climatiques sur leur distribution et leur habitat, ainsi que la durabilité de la chasse de subsistance.
Selon lui, LE défi est de réussir à appliquer ces connaissances dans un Arctique en plein changement, où le devenir des Inuits du Canada est étroitement lié aux mammifères marins. Ceux-ci constituent en effet une source de nourriture importante et sont essentiels au maintien de leurs traditions. Comme biologiste, il doit fournir aux Inuits l’information dont ils ont besoin pour trouver un équilibre durable entre la satisfaction de leurs besoins à court terme et la conservation à long terme.
Malgré son travail qui l’amène en régions éloignées, Thomas n’a pas oublié les baleines du Saint-Laurent. L’attrait de ce cours d’eau comme zone d’alimentation pour ces géants ainsi que les stratégies de coexistence humains/baleines sont des questions qui l’intriguent toujours autant. Faisant partie d’une équipe dont les sujets de recherche couvrent également le Saint-Laurent, il travaille sur les recensements de la population de bélugas et la modélisation de leurs effectifs, ainsi que sur l’écologie, l’habitat et l’alimentation des rorquals de l’estuaire.