Un béluga s’est échoué samedi sur la plage de Fatima aux Îles-de-la-Madeleine. La carcasse est convoitée par des Madelinots qui souhaitent récupérer ses ossements. L’article 32 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) stipule toutefois qu’il est interdit de posséder une partie ou un produit qui provient d’une espèce inscrite comme espèce disparue du pays, en voie de disparition ou menacée.

Il s’agit de la deuxième carcasse de béluga qui a été signalée en moins d’une semaine à Urgences Mammifères Marins. Un résident de Fatima en a fait la découverte le 1er avril au soir, rassurant le Centre d’appels qu’il ne s’agissait pas d’un « poisson d’avril »! L’autre carcasse a été découverte en Gaspésie le 29 mars dernier.

Des bénévoles et citoyens dévoués

Après analyse des photos par les spécialistes des bélugas, il a été confirmé que la carcasse, un mâle de 4,4 m, n’était pas suffisamment fraiche pour faire l’objet d’une nécropsie complète. Le corps gonflé et la peau manquante à certains endroits témoignaient de son état de décomposition avancée. Le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins a alors fait appel à ses bénévoles et a pu aussi compter sur la généreuse implication du citoyen qui a découvert la baleine pour récupérer des échantillons nécessaires au projet d’étude sur l’état de santé des bélugas du Saint-Laurent. Des morceaux de peau, de gras et de muscle ont été prélevés près de la crête dorsale de l’animal, ainsi qu’un échantillon du foie et la mâchoire inférieure pour l’analyse des dents qui servira à déterminer son âge.

Est-il permis de récupérer d’autres morceaux sur cette carcasse?

Le béluga, comme la baleine noire de l’Atlantique Nord et le rorqual bleu, figure sur la liste des espèces en péril. Il est donc interdit de prélever quelque partie d’une carcasse, que ce soit un os, une dent ou un fanon, d’un animal appartenant à une de ces espèces. En fait, la LEP interdit de tuer, de posséder, de collectionner, d’acheter, de vendre ou d’échanger des individus (ou des parties d’individus) d’une espèce disparue du pays, en voie de disparition ou menacée inscrite à l’annexe 1 de la LEP.

La LEP vise à prévenir la disparition des espèces sauvages et à permettre le rétablissement de celles qui, par suite de l’activité humaine, sont en voie de disparition ou menacées. La LEP vise également à favoriser la gestion des espèces préoccupantes pour éviter qu’elles ne deviennent des espèces en voie de disparition ou menacées.

En vertu de la LEP, des permis peuvent être délivrés pour autoriser certaines activités qui, autrement, contreviendraient à ces interdictions. Un permis peut être délivré en vertu de la LEP seulement pour :

  1. des recherches scientifiques sur la conservation des espèces menées par des personnes compétentes;
  2. une activité qui profite à l’espèce ou qui est nécessaire à l’augmentation des chances de survie de l’espèce à l’état sauvage; ou
  3. une activité qui ne touche l’espèce que de façon incidente.

Si vous prévoyez entreprendre des activités touchant des espèces aquatiques en péril, une demande doit être envoyée à Pêches et Océans Canada. Les demandes de permis seront traitées au cas par cas, et la décision d’autoriser ou non l’activité tiendra compte, entre autres choses, des facteurs énoncés ci-dessus.

La carcasse de béluga était sur le point d’être emportée par la marée lundi matin. Merci de signaler toute autre observation de cette carcasse au 1-877-7baleine.

Urgences Mammifères Marins - 3/4/2017

Josiane Cabana

Josiane Cabana a été directrice du Centre d’appels du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins de 2011 à 2018. Entre les cas de mammifères marins morts ou en difficulté auxquels elle répond, elle aime prendre le temps de sensibiliser les riverains aux menaces qui pèsent sur ces animaux. Biologiste de formation, elle s’implique au sein du GREMM depuis plus de 15 ans, toujours avec la même passion!

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