Hector

Béluga

ligne décoration

Adopté par les Cowboys Fringants et leurs fans

  • Numéro d’identification

    DL9037

  • Sexe

    Mâle

  • Naissance

    Vers 2008

  • Connu depuis

    2012

Ses traits distinctifs

Hector est facilement reconnaissable grâce à deux coches profondes dans sa crête dorsale, visibles sur son flanc droit comme le gauche.

Flanc droit, 2013
Flanc gauche, 2014
Flanc droit, 2015
Flanc gauche, 2015

Son histoire

C’est en 2012 que nous avons rencontré Hector pour la première fois. Il était plutôt petit et gris foncé. Depuis, il a déjà pâlit un peu. Selon sa taille, il pourrait être né autour de 2008. Son changement de couleur au fil du temps pourra nous confirmer son âge. Chez les bélugas, le changement de couleur, soit le passage du gris au blanc, survient entre l’âge de 12 et 16 ans.

Dès notre deuxième rencontre avec Hector, nous avons prélevé quelques milligrammes de peau sur son dos. Cette biopsie nous a déjà révélé son sexe: Hector est un mâle. L’ADN extrait de cet échantillon renferme encore quelques secrets sur sa généalogie, qui nous seront dévoilés bientôt!

Jusqu’à présent, Hector a été observé dans des troupeaux mixtes et des troupeaux d’adultes accompagnés de jeunes. À l’âge adulte, il devrait rejoindre un des grands réseaux de mâles. En effet, l’été, il existe une forte ségrégation sexuelle chez les bélugas adultes. Les mâles et les femelles démontrent des préférences nettement marquées autant dans leurs associations que dans les secteurs qu’ils fréquentent. Chez les juvéniles et les jeunes adultes, ce comportement n’est pas aussi marqué.

Historique des observations dans l’estuaire

2012
2013
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022

Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé

Dernières nouvelles

Le jeune Hector semble bien aimer le secteur de l’embouchure du Saguenay. Cette année encore, on l’y ren- contre. Âgé d’environ 12 ans, Hector se trouve encore dans des troupeaux mixtes. Cette journée-là, il nage dans un troupeau de 45 à 60 individus. Les bélugas se confondent dans la brume qui couvre le secteur, mais nous avons une autre mission: retrouver la précieuse balise acoustique posée hier sur un béluga, balise qui enregistre ses cris, mais aussi les sons ambiants et tous ses mouvements. Au bout de quelques heures, les ventouses ne tiendront plus sur son dos et la balise flottera. Il faudra alors la récupérer grâce aux signaux sonores qu’elle nous envoie. Peut-être que dans l’analyse acoustique, nous entendrons Hector! Entretemps, nous photographions les bélugas du troupeau. Des adultes, des jeunes et même un veau nagent ensemble. Puis, ils sont rejoints par quelques phoques gris. Étrange… aucun béluga ne semble porter la balise. Quelques jours plus tard, nous la retrouverons coincée derrière un rocher près du traversier. Une chance que notre assistant de recherche Timothée Perrero a plongé pour récupérer ses précieuses données!

En cette belle journée de juillet, Hector se trouve non loin des Bergeronnes au sein d’un grand troupeau comptant plus de 100 individus. Le troupeau est très actif, les bélugas nagent à bonne vitesse en petits groupes instables. Nous nous concentrons sur des plus petits groupes entourant un plus grand groupe. Nous prenons en photo Hector, derrière lequel nagent deux phoques gris. Le Saint-Laurent est vraiment riche de vie!  Les bélugas se dirigent vers un secteur où se trouvent des bateaux d’observation et des grands rorquals. Il doit y avoir du petit poisson par là. Pour éviter d’ajouter une embarcation dans le secteur, nous partons à la recherche d’un autre troupeau à étudier.

À l’embouchure du Saguenay, le Bleuvet s’avance dans une légère brume. Nous repérons un troupeau de 15 individus composé de presque autant d’adultes que de jeunes. Parmi les bélugas se trouve Hector, qui nage un peu à l’écart. Mais il faut dire que le troupeau est dispersé : les animaux nagent seuls ou en paire. Rapidement, nous devons abréger le contact, car le vent et les vagues se sont amplifiés. De 10 km/h, le vent souffle à présent à 20 km/h, et les vagues de 15 centimètres à peine s’élèvent maintenant à presque 1 mètre!

L’été 2016, notre 32e saison en mer avec les bélugas, a encore été riche en rencontres et en surprises. Nous avons, entre autres, revu Hector au moins à trois reprises. Il se trouvait dans des troupeaux mixtes et des troupeaux d’adultes accompagnés de jeunes. Il ne semble pas encore avoir rejoint un des grands réseaux de mâles.

Le 9 septembre 2016, nous quittons la marina de Tadoussac seulement en après-midi, la brume ayant retardé notre départ. Nous sommes excités! C’est la première journée de collecte de biopsies — de la quatrième et dernière campagne d’échantillonnage — pour déterminer la proportion de femelles bélugas gestantes. Les échantillons recueillis permettront à notre collègue Véronique Lesage (chercheuse à l’IML – Pêches et Océans Canada) de répondre à une question fondamentale: est-ce que le taux de grossesse chez les bélugas du Saint-Laurent est « normal »? Notre rencontre avec Hector se déroule peu de temps après le départ, dans le secteur de l’anse à la Boule dans le Saguenay. Il se trouve dans un troupeau d’une quarantaine d’individus, des d’adultes, des jeunes et trois nouveau-nés. Tous se dirigent rapidement vers l’embouchure du Saguenay, notre bateau « à leur trousse ». Vis-à-vis de la pointe Noire, les conditions météo s’enveniment: les vagues s’amplifient et nous perdons peu à peu la trace des animaux, dont Hector.

À la baie Sainte-Marguerite, nous repérons un troupeau de 30 à 50 individus, comprenant des adultes et des jeunes, dont trois nouveau-nés. En compagnie du jeune Hector, on repère Athéna, une femelle adulte que nous connaissons depuis 1989. La proportion de jeunes dans le troupeau est énorme. Les individus font ce que l’on nomme du « milling », ils plongent et ressortent au même endroit, un comportement souvent associé à l’alimentation. La baie Sainte-Marguerite semble être un site très particulier et d’une grande importance pour les bélugas du Saint-Laurent. Elle est située à une vingtaine de kilomètres de l’embouchure et fait partie du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent (PMSSL). La fonction de la baie pour les bélugas, en particulier pour les femelles et les jeunes, n’est pas encore bien comprise. L’endroit pourrait être un lieu d’alimentation, de repos et de socialisation pour les jeunes. Il pourrait même être un lieu de mise bas pour des femelles.

Nous revoyons Hector pour la deuxième fois cette semaine. Le 14 aout nous l’avons photographié dans le même secteur, à l’embouchure du Saguenay Saint-Laurent, entre la pointe Noire et la pointe Rouge. Aujourd’hui, il se trouve dans un troupeau d’une trentaine d’individus adultes et jeunes, dont 3 veaux. Hector nage en compagnie de 7 autres gros gris, tous des jeunes adultes que l’on surnomme les “ados”. L’embouchure du Saguenay est une zone de rencontre! Les réseaux de mâles bélugas y croisent les réseaux de femelles avec les jeunes. Des troupeaux s’y forment, de façon éphémère, en raison de l’abondance de nourriture.

Voilà la petite histoire du moment où nous avons découvert qu’Hector est bel et bien un mâle. Le 22 aout 2013, nous ciblons le Saguenay comme lieu de travail étant donné que la brume et le vent sont bien présents dans l’estuaire. Une quarantaine de bélugas, dont Aquabelle et Yogi, sont dans la baie Sainte-Marguerite. Parmi eux, une quinzaine d’animaux, des jeunes et des adultes, sont immobiles à la surface de l’eau, en pleine séance de «billotage». Une heure plus tard, le groupe, auquel se sont ajoutés des jeunes et six veaux, devient très actif. Des nageoires pectorales sortent hors de l’eau. Les animaux se déplacent rapidement. Juste avant de quitter le secteur, nous réussissons à prélever une biopsie sur l’un des bélugas, un béluga tout gris. Sa crête dorsale a des encoches bien particulières : c’est Hector. La biopsie est envoyée en laboratoire. Plusieurs mois plus tard, nous recevrons le résultat : Hector est bel et bien un mâle! Le reste de l’échantillon servira à des études sur la contamination.

Le parrain

Les Cowboys Fringants et leurs fans ont adopté Hector (2016).

Nous aimerions aussi remercier tous ceux qui ont participé à l’adoption en faisant un don en argent ou par texto lors du concert des Cowboys Fringants au Grand Théâtre de Québec le 4 mars 2016.