Baleine noire de l’Atlantique Nord

Image baleine noire
  • Nom anglais espèce

    North Atlantic Right Whale

  • Nom latin espèce

    Eubalaena glacialis

  • Autres noms

    Baleine franche, baleine franche noire, baleine franche de Biscaye, baleine des Basques (de l’Atlantique Nord)

  • Sous-ordre

    Baleines à fanons (mysticètes)

Fiche signalétique

  • Longueur

    13 à 17 m

  • Poids

    30 à 70 t

  • Comportement social

    Solitaire ou en petits groupes

  • Longévité

    Probablement plus de 70 ans

  • Temps de plongée

    10 à 20 min, jusqu’à 60 min

  • Observations

    Occasionnelles dans le golfe. Il arrive que des individus viennent jusque dans l’estuaire.

  • Distribution mondiale

    Atlantique Nord-Ouest, incursions occasionnelles vers l’est.

  • Population mondiale

    Environ 356 individus

Description

  • Corps rond et dodu
  • Dos noir, ventre noir avec parfois des taches blanches
  • Bouche fortement arquée et mâchoire inférieure énorme
  • Nageoires pectorales en forme de pagaies
  • Quand elle fait surface: Son souffle en forme de «V», parfois indistinct, peut atteindre 5 m de hauteur. Les callosités blanches de la tête, le mouvement lent de la nage et l’absence de nageoire dorsale sont caractéristiques de cette espèce.
  • Dos large et lisse, sans nageoire dorsale
  • Callosités blanchâtres sur l’ensemble de la tête
  • Fanons immenses plantés dans la mâchoire supérieure (2,70 m de longueur)
  • Absence de sillons ventraux

En voie de disparition

Une petite population de baleines lentes et dodues

Avec un seuil critique d’une population estimée à moins de 360 individus, cette espèce est en péril à cause d’une chasse intensive pratiquée pendant plusieurs siècles. Aujourd’hui, chaque naissance représente un mince espoir pour sa survie. Cette baleine tout en rondeurs, à la tête énorme ornée d’excroissances et peu réactive au passage des bateaux, nous surprend par ses comportements aériens et sa dynamique de groupe.

Ce qu'il faut savoir

Dans le Saint-Laurent

De juillet à septembre, la baleine noire fréquente les eaux côtières et peu profondes du Saint-Laurent. Mais les observations y demeurent exceptionnelles même si elles sont plus régulières depuis 1995. En effet, une trentaine d’individus ont été photographiés depuis cette date, la plupart du temps dans le sud du golfe, en Gaspésie au large de Percé. Certains reviennent d’année en année, semblant adopter ce secteur. Depuis 1998, de plus en plus d’observations ont été rapportées aux îles de la Madeleine, dans la baie des Chaleurs, en Basse-Côte-Nord et dans l’estuaire.

Migration

Les zones estivales de grande fréquentation se trouvent au Canada et aux États-Unis: baie de Fundy et plateau néo-écossais, golfe du Maine et Cape Cod. D’octobre à avril, les baleines noires migrent vers le sud, le long de la côte Est des États-Unis. Les femelles gestantes rejoignent leur aire de mise bas hivernale au large de la Floride et de la Géorgie.

Dans le monde

Les baleines noires du Saint-Laurent appartiennent à la population de l’Atlantique Nord, présente surtout dans le Nord-Ouest, la population de la section Nord-Est ayant probablement disparu. En 2011, la population de l’Atlantique Nord a été estimée à 490 individus par le North Atlantic Right Whale Consortium, grâce à la photo-identification. Elle est depuis 2017 évaluée à moins de 450.  Les baleines noires se concentrent dans des régions où l’abondance de la nourriture est favorisée par des phénomènes océanographiques (fronts thermiques, topographie et remontées d’eau froide) et dans des baies constituant des abris pour les femelles accompagnées de leurs baleineaux (baie de Fundy). Les baleines noires de l’hémisphère Sud et les baleines noires du Pacifique Nord sont des espèces distinctes.

La population de baleines noires de l’Atlantique Nord-Ouest a été évaluée en 1980, 1985, 1990, 2003 et 2013 et le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) lui a chaque fois attribué le statut «en voie de disparition». Malgré l’arrêt de la chasse dans les années 1930, la baleine noire de l’Atlantique Nord ne semble pas s’être rétablie. En 2010, la taille de la population a été estimée à 468 individus dont 122 à 136 femelles adultes. Entre 1991 et 2007, 50% des mortalités chez cette espèce étaient dues à des collisions avec les bateaux. Bien que des mesures aient été mises en œuvre au Canada et aux États-Unis pour réduire ces collisions, des accidents ont toujours lieu et la circulation maritime devrait augmenter considérablement dans l’aire de répartition de l’espèce au cours des prochaines décennies. De plus, les femelles adultes semblent être plus susceptibles d’être heurtées que les mâles. Aussi, plus de 80% des individus ont des cicatrices imputables aux prises accidentelles dans les engins de pêche. La baleine noire de l’Atlantique Nord figure sur la Liste des espèces en danger de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et du Endangered Species Act américain. Enfin, cette espèce figure sur la Liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables.

Un premier plan d’action pour son rétablissement a été publié par Pêches et Océans Canada en 2021 et vise particulièrement à réduire les empêtrements et les collisions. .

Alimentation

C’est une écrémeuse qui peut s’alimenter en profondeur ou en surface. Elle se nourrit de crustacés zooplanctoniques: copépodes et à l’occasion de krill. Elle s’alimente parfois en groupe.

En surface

La baleine noire passe beaucoup de temps en surface et se déplace très lentement. Sa très faible réactivité au passage des bateaux est un important facteur de mortalité. Mais ses comportements aériens sont impressionnants: elle bondit hors de l’eau et retombe bruyamment sur le dos ou le ventre, frappe la surface avec sa queue et ses nageoires pectorales. Avec sa tête pointée à la verticale hors de l’eau, elle espionne parfois les bateaux (spyhop en anglais). Elle peut également se laisser dériver la tête en bas et la queue hors de l’eau. Lorsqu’elle part en plongée, elle sort généralement sa queue.

En plongée

Ses plongées durent entre 6 et 8 min, mais peuvent atteindre 60 min. La plupart de ses proies se situent entre la surface et une centaine de mètres, mais les plongées peuvent atteindre 200 m.

Social

Plutôt solitaire, elle peut évoluer en paire et en petits groupes instables d’une dizaine d’individus, voire d’une cinquantaine. Des comportements sexuels (attouchements, roulades) sont observés toute l’année, en dehors des périodes de reproduction. En surface, plusieurs mâles très dynamiques peuvent s’activer et se bousculer autour d’une ou 2 femelles.

Vocal

La baleine noire émet essentiellement des vocalisations de basse fréquence (se situant en dessous de 500 Hz): grognements, couinements, sons percutants et quelques sons aigus entre 1 500 et 2 000 Hz. La fonction de ces sons est mal connue. Ils serviraient à la communication et la vie sociale des groupes actifs en surface.

La maturité sexuelle est atteinte entre 5 et 10 ans pour les deux sexes. L’accouplement et la mise bas ont lieu en hiver, entre novembre et février. Une femelle peut s’accoupler avec plusieurs mâles successivement. La grosseur des testicules (les plus grosses du règne animal, pouvant dépasser 900 kg) suggère qu’une compétition par le sperme s’opère chez les mâles cherchant à féconder une femelle. La gestation dure environ 12 mois. L’allaitement dure entre 6 et 7 mois, parfois jusqu’à 1 an et demi.

À propos de la recherche scientifique

La photo-identification s’effectue à partir de la disposition des excroissances de peau surmontées de parasites que porte chaque baleine noire sur sa tête. Ce programme à long terme est déterminant pour estimer la population. Fin 2007, le regroupement de chercheurs travaillant sur cette population, le North Atlantic Right Whale Consortium, a qualifié son taux de renouvellement de modeste. Cette espèce peine à se rétablir en raison des mortalités occasionnées par les collisions avec les bateaux et les prises accidentelles avec des engins de pêche. Malgré les mesures de conservation prises au Canada et aux États-Unis, d’autres causes pourraient freiner son rétablissement: faible diversité génétique, maladies, contaminants, problèmes de reproduction et diminution de la ressource alimentaire.

Actualité

En 2017, un évènement de mortalité de baleines noires de l’Atlantique Nord sans précédent a été observé dans le golfe du Saint-Laurent. Vous pouvez lire le récapitulatif de cet épisode ici. En 2018, d’importantes mesures de conservation ont été instaurées par le Canada. Vous pouvez lire le dossier sur le sujet. En 2019, encore huit carcasses de baleines noires de l’Atlantique Nord ont été découvertes, malgré les mesures de conservation mises en place. Découvrez les détails ici.

Trouvez tous les articles en lien avec la baleine noire.