René Roy est un cétologue amateur, passionné de la mer et des baleines, résidant à Pointe-au-Père, dans le Bas-Saint-Laurent. Depuis plusieurs années, il entreprend des expéditions de photo-identification pour le compte de la Station de recherche des îles Mingan (MICS), principalement en Gaspésie. Il est également bénévole pour le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins« >Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins.
Cette dernière semaine a été beaucoup plus tranquille dans le secteur entre Gaspé et Percé, alors qu’au début du mois, j’avais pu y observer pas moins d’une vingtaine de baleines, dont sept rorquals bleus et sept rorquals communs. J’ai toutefois observé un rorqual commun mercredi, tout au fond de la baie de Gaspé, près de la plage Haldimand à la sortie de la rivière Saint-Jean. Il s’alimentait dans des bancs de capelans. On pouvait distinguer facilement ces masses de poissons sur l’échosondeur du bateau. Cet animal de très grande taille nageait à la surface dans seulement cinq mètres d’eau! Le même phénomène a été observé cette semaine à Mingan par l’équipe du MICS. Je n’ai pas pu faire de bonnes photos-identification, car l’animal se déplaçait trop rapidement. En effet, pour la photo-identification de rorqual commun, il faut photographier le chevron, soit un patron de coloration situé derrière la tête de l’animal du côté droit. Il faut donc prendre la photo dès que le géant entreprend sa respiration, au début de sa sortie de l’eau, pour réussir à « attraper » le chevron (voir la photo du chevron du rorqual commun F584 ci-dessous). Toutefois, les spécialistes du MICS peuvent quand même réussir à faire un appariement avec leur catalogue si la nageoire dorsale possède une caractéristique spécifique (voir la photo ci-dessous de la nageoire dorsale de F584).
Puis, lorsque le rorqual commun s’alimente en profondeur, il plonge à la verticale et il peut ressortir à peu près au même endroit où il a été repéré, ce qui rend le travail du photographe un peu plus facile. Ce n’est malheureusement pas le cas lorsque ce dernier poursuit le capelan sous la surface de l’eau, à l’horizontale. Il parcourt alors de grandes distances avant de reprendre son souffle, puisqu’il est très rapide. On le nomme justement le « lévrier des mers »; un animal magnifique!
Les fous de Bassan profitaient aussi de cette manne de poissons fourrage, en plongeant très près de la côte. Les mouettes et les goélands tentaient, eux aussi, d’attraper ces proies à la surface de l’eau, et les cormorans y allaient en plongeant.
Les photos sont au crédit de René Roy