De nouvelles observations de rorquals bleus, aussi appelés baleines bleues, ont été faites dans les eaux de la mer d’Oman et dans le nord-ouest de l’océan Indien occidental. Une population de cette espèce était déjà connue dans l’océan Indien, mais la découverte d’un chant nouveau indique qu’il y aurait au moins deux populations différentes de rorquals bleus qui fréquentent ces eaux. Cette découverte survient alors que l’équipe prenait des données sur une population de baleines à bosse menacées depuis 20 ans dans le secteur. La découverte d’un nouveau chant de rorquals bleus permet de bonifier leur travail de conservation.

Les rorquals bleus se déplacent habituellement en fonction de leurs proies et voyagent en haute mer, ce qui les rend difficiles à suivre. En documentant leur présence, mais aussi leurs habitudes de déplacements par la détection acoustique, les scientifiques cherchent à comprendre le mode de vie distinct de ces cétacés. Puisque chaque population utilise le territoire différemment, la préservation de cette possible nouvelle population sera mieux assurée en appliquant des mesures adaptées.

La population émettant des sons différents est repérée grâce à l’enregistrement de ses chants lents et hurlants pour la première fois en 2017 au large de Madagascar.

 

Les sons enregistrés et étudiés par l’équipe de Salvatore Cerchio, directeur du programme sur les cétacés du Fonds africain pour la conservation aquatique et scientifique, ont permis de déterminer l’aire dans laquelle vivent ces mystérieux cétacés.

Les fréquences des chants propres à cette espèce sont plutôt basses. En entrevue au New York Times, Salvatore Cerchio mentionne que : «C’était assez remarquable de trouver dans [nos] données un chant de baleine tout à fait unique, jamais rapporté auparavant». Il ajoute : «C’est comme entendre des chansons différentes d’un même genre, comme du Stevie Ray Vaughan et du B. B. King. Les deux sont du blues, mais on remarque des styles différents».

Observation minutieuse par spectrogramme

Ayant eu accès à très peu de preuves visuelles de la présence de rorquals bleus, les scientifiques ont colligé les données sonores leur permettant d’associer les phrases captées par les hydrophones avec les chants déjà répertoriés des baleines vivant dans cette région. Il s’agit d’une véritable enquête réalisée pour associer les chants à la bonne espèce. Quelle surprise pour l’équipe de Cerchio, donc, de trouver un chant jamais répertorié!

Le rorqual bleu est l’espèce correspondant le mieux aux caractéristiques des sons étudiés. La fréquence située entre 15 et 50 hertz des chants, les répétitions et la durée des phrases allant de 10 à 30 secondes font pointer les analyses vers ces cétacés.

Les chercheurs poursuivent leur quête pour valider leurs résultats par l’étude d’échantillons génétiques. Tâche ardue étant donné l’habitude des baleines bleues à se déplacer très au large.

Si la découverte d’une nouvelle population de rorquals bleus est si importante, c’est que l’activité humaine a un impact sur leur sécurité. Leurs déplacements dans les eaux côtières les exposent à plusieurs dangers: empêtrement dans le matériel de pêche, collision avec les navires, perturbations dues à l’exploitation de combustibles fossiles, développement de la côte, etc. Chaque population est sujette à des défis différents, il faut donc prendre en compte leurs spécificités pour bien les protéger.

De nouvelles espèces: gardons l’œil ou l’oreille ouverte!

Une espèce de baleine à bec inconnue a été repérée au large de la côte ouest du Mexique en 2020. Les biologistes font toujours de nouvelles découvertes en étudiant les sites où l’on répertorie déjà la présence de cétacés connus. Dans le golfe du Mexique, une lignée non répertoriée de la baleine de Bryde a aussi été découverte, cette fois par analyse génétique. Ce type d’étude connait des avancées très intéressantes permettant d’identifier de nouvelles espèces plus facilement.

Dans le Saint-Laurent, l’étude des sons des mammifères marins fait partie des techniques de recherche utiles aux scientifiques. La vie des populations de rorquals bleus et de rorquals communs qui fréquentent le golfe et l’estuaire sont encore pleines de mystères, et l’analyse de leurs cris et chants pourrait modifier la façon dont nous protégeons ces baleines.

Actualité - 26/1/2021

Jasmine Tremblay-Bouchard

Assistante aux communications à l’hiver 2020-2021, Jasmine contribue en tant que rédactrice aux activités du GREMM afin de sensibiliser le public sur la situation des baleines et des phoques du Saint-Laurent. Son enthousiasme pour la cause écologique l'amène à élargir ses connaissances en permanence. Les mammifères marins lui inspirent l’intelligence, l’amour et la beauté.

Articles recommandés

Explorer les océans du passé grâce aux cétacés éteints

Bien avant que les baleines que nous connaissons et aimons nagent dans nos océans, de nombreuses créatures se cachaient dans…

|Actualité 11/11/2024

Il était une fois, le béluga du Saint-Laurent…

Résident à l’année dans le Saint-Laurent, le béluga suscite beaucoup d’admiration. Avec leur bouche sympathique toujours porteuse d’un sourire, les…

|Actualité 23/10/2024

Le rorqual de Rice, une espèce nouvellement découverte et déjà proche de l’extinction

Bien qu'il n'ait été découvert qu'en 2021, le rorqual de Rice est l'une des baleines les plus menacées au monde.…

|Actualité 3/10/2024