Du 3 au 9 février dernier se tenait le cinquième Congrès international sur les aires marines protégées, IMPAC5, à Vancouver, organisé par le gouvernement du Canada aux côtés des Premières Nations hôtes — xʷməθkʷəy̓əm (Musqueam), Sḵwx̱wú7mesh (Squamish) et səlilwətaɬ (Tsleil-Waututh) — en partenariat avec la Société pour la nature et les parcs du Canada et l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Celui-ci avait pour but de réunir des gestionnaires, des chercheurs, des étudiants et des décideurs œuvrant dans le milieu de la conservation marine, et plus particulièrement au sein des aires marines protégées (AMP), pour échanger des connaissances, des expériences et des pratiques exemplaires afin de renforcer la conservation de la biodiversité marine ainsi que de protéger le patrimoine naturel et culturel de l’océan. Grâce à une collaboration avec Parcs Canada, j’ai eu la chance d’assister au congrès ainsi que d’y présenter un atelier sur le deuil écologique avec d’autres jeunes professionnels travaillant dans le milieu de la conservation marine.
Chaque jour du congrès débutait avec des présentations de trois conférenciers invités. Nous avons eu l’occasion d’entendre Asha de Vos, Dr. Daniel Pauly, ‘Aulani Wilhelm, Michael Vegh, Sylvia Earle, Britt Wray, Titouan Bernicot et Cristina Goettsch Mittermeier. Toutes des personnes passionnées, inspirantes et qui innovent dans leurs domaines respectifs. Certains nous parlaient de leurs débuts, d’autres nous présentaient leurs projets actuels, mais tous avaient un point en commun dans leurs présentations : le futur de nos océans. Plusieurs présentateurs et présentatrices ont cité l’engagement signé à la COP15 en décembre 2022 : protéger 30% de la planète et 30% des écosystèmes dégradés d’ici 2030. Ce dernier a souvent été mentionné comme étant un but pour les prochaines années, mais sans être l’objectif final. ‘Aulani Wilhelm nous a rappelé que si nous voulons réellement protéger nos océans,nous devons adopter une vision du monde centrée autour d’eux et les voir comme les sources de vie qu’ils sont.
Le Saint-Laurent à Vancouver
Au fil des jours, j’ai assisté à des présentations portant sur des sujets diversifiés : le renouvellement des itinéraires de voyage ancestraux dans le Pacifique occidental pour mobiliser les connaissances sur la biodiversité et les changements climatiques, la mobilisation des jeunes pour soutenir les actions de conservation, l’équité sociale au sein de la conservation marine et la création d’un réseau d’aires marines protégées (AMP) au sein du Saint-Laurent. Cette dernière était une de mes présentations préférées, notamment parce que le sujet était d’actualité, mais également parce que les présentatrices étaient toutes des québécoises. C’était vraiment inspirant de voir ces femmes sur scène parler de notre Saint-Laurent devant un public international.
Les présentatrices ont commencé par dresser le portrait du réseau d’AMP. Dans ce cas-ci, le terme réseau ne désigne pas que les AMP sont reliées, mais bien qu’elles protègent adéquatement la diversité au sein du Saint-Laurent. Pour ce faire, le réseau d’AMP doit être bien distribué écologiquement et géographiquement afin qu’un échantillon de toutes les espèces et tous les écosystèmes soient protégés. Selon des analyses effectuées par le Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, il y aurait au moins 10 zones territoriales distinctes dans le Saint-Laurent et il est primordial qu’une partie de leur diversité soit préservée. Un réseau d’AMP viendrait donc combler ce besoin, en protégeant un échantillon de chaque biotope se trouvant dans les zones territoriales.
Selon les présentatrices, il est important que les acteurs œuvrant au sein des AMP soient consultés avant leur mise en place et soient impliqués dans leur gestion. Il faut donc inclure les Premières Nations, les municipalités, les scientifiques, les citoyens et les citoyennes, l’industrie de la pêche, l’industrie touristique, l’industrie maritime et d’autres acteurs concernés, afin de renforcer leur capacité et leur participation dans la conservation marine du Saint-Laurent. Elles nous ont rappelé que c’est en travaillant tous ensemble que nous allons protéger et assurer la pérennité du Saint-Laurent.
« The Sad Gang »
L’incitation à la création de ce groupe a été IMPAC5. Comme mentionné précédemment, Parcs Canada était un des membres organisateurs du congrès, puis un des thèmes principaux de ce dernier était la voix des jeunes professionnels. Comme plusieurs membres du groupe étaient des jeunes professionnels travaillant pour l’organisme fédéral, ils ont été encouragés à soumettre une proposition pour la conférence. Après avoir contacté divers amis et collègues, il est devenu clair que le deuil écologique était le sujet sur lequel nous voulions nous concentrer. Le deuil écologique est défini comme étant la réponse émotionnelle que nous ressentons envers la perte de paysages, d’écosystèmes et d’espèces dû aux changements climatiques. Notre présentation portait sur comment notre groupe de jeunes professionnels avait utilisé l’apprentissage transformateur pour se servir de notre deuil écologique comme source de motivation afin de construire un avenir meilleur. L’apprentissage transformateur vise à mettre en place un rapport d’intercompréhension entre soi-même, autrui et l’environnement afin d’adéquatement interpréter les expériences vécues.
La première partie de notre séance portait sur notre parcours des 18 derniers mois: comment nous nous sommes familiarisés avec le sujet, les diverses stratégies d’adaptation que nous avons essayées afin d’apprendre à vivre avec notre deuil écologique, puis comment nous avons réinvesti ces apprentissages en actions concrètes. Ensuite, nous avons pris 10 minutes pour essayer une stratégie d’adaptation, soit une courte séance de méditation avec des objets provenant de la nature, afin que les gens dans l’auditoire puissent se recentrer et se concentrer sur le moment présent, étant donné que le deuil écologique peut être un sujet lourd.
Nous avons enchaîné avec des discussions en petits groupes afin de permettre aux public de partager leurs expériences avec le deuil écologique, puis nous avons clôt la séance en leur partageant une boîte à outils que nous avons créé. Celle-ci contient plus d’informations sur les membres de notre groupe, notre processus, l’apprentissage transformateur, les stratégies d’adaptation que nous avons essayées et contient plusieurs ressources pour aider les gens qui ressentent les effets du deuil écologique. Si jamais cela vous intéresse également, je vous partage notre boîte à outils.
Alors voilà un petit résumé de mon expérience à IMPAC5 ! Je suis extrêmement reconnaissante d’avoir eu l’opportunité de participer à ce congrès. J’ai appris énormément de choses et je suis revenue au GREMM encore plus motivée à continuer mon travail au sein de l’équipe de recherche.
Élizabeth Melis
Élizabeth Melis s’est jointe à l’équipe du GREMM en 2019 comme assistante de recherche bénévole dans le cadre du programme de recensement photographique des grands rorquals du parc marin. De retour depuis l’été 2022, elle est maintenant assistante de recherche et travaille sur les projets de recherche portant sur les bélugas.