À midi, le 26 mai, une guide de kayak expérimentée appelle au 1-877-7baleine pour signaler une carcasse de béluga échouée à l’anse à la Cave, au fond de la baie. La description est claire: la baleine blanche de plus de 4 mètres est sur le dos et sa peau est visiblement mangée par les goélands. La carcasse est entière et peu gonflée; difficile de juger de son état, afin de déterminer si elle est une bonne candidate pour la nécropsie.
Un partenaire du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) se déplace sur les lieux afin de documenter la situation. Il est possible d’échantillonner l’animal si l’on juge que la carcasse est trop décomposée pour être transportée à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal à Saint-Hyacinthe.
Des photos sont envoyées au Centre d’appels d’Urgences Mammifères Marins puis soumises au docteur Stéphane Lair qui dirige le programme de suivi de la santé des bélugas du Saint-Laurent. Le constat est que le béluga semble, de l’extérieur, en bon état pour une nécropsie complète. Il s’agit d’un mâle adulte de 4,45 m. Le défi reste de rendre cette baleine accessible pour qu’elle soit transportée vers la faculté. Impossible d’accéder à la carcasse avec de la machinerie par la terre, il faudra donc imaginer un plan par la mer. L’anse, peu profonde, est rocailleuse et la marée n’atteint pas une hauteur très impressionnante. La navigation stratégique est de mise! Il faudra donc attendre la prochaine marée haute en matinée, le lendemain. D’ici là, la carcasse est sécurisée pour éviter qu’elle soit emportée par la marée dans la nuit.
Au matin du 27 mai, l’équipe du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent est parée à prendre le large pour tenter de remorquer le béluga près d’une descente de bateau, où un tracteur pourra facilement le hisser et le mettre dans une remorque, direction Saint-Hyacinthe. À l’approche de la baie, l’équipe est inquiète; l’animal est hors d’atteinte. Finalement, avec les manœuvres d’un capitaine expérimenté assisté par ses collègues, le béluga est tiré hors de la cuve rocheuse où il s’était échoué.
Cette carcasse de béluga, la deuxième de l’année, sera donc nécropsiée dans les prochaines heures, ce qui révèlera peut-être la cause de mortalité de ce représentant d’une population en voie de disparition.