Un employé du Parc national Forillon découvre, le 19 juin, une carcasse de rorqual commun au bas d’une falaise, dans le secteur du cap Bon Ami, à Gaspé. Il signale rapidement son observation à Urgences Mammifères Marins, en composant le 1 877-722-5346.
En temps normal, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) ferait appel à un bénévole, qui pourrait se rendre sur place pour documenter la carcasse et récolter des échantillons. Toutefois, cette carcasse se trouve dans un endroit particulièrement difficile d’accès. Le RQUMM fait donc face à un dilemme: d’un côté, bien que le Réseau et ses partenaires souhaitent récolter des données scientifiques sur la plus grande proportion possible de carcasses signalées, la sécurité des différents intervenants demeure prioritaire. D’un autre côté, en tant qu’espèce au statut préoccupant, le rorqual commun est particulièrement ciblé par les efforts de documentation et d’échantillonnage.
Des membres de l’équipe mobile du RQUMM décident finalement de se rendre eux-mêmes sur les lieux à pied. Ils parviennent à élaborer un plan sécuritaire, malgré les complexités techniques. En effet, le mouvement des marées laisse à l’équipe une courte fenêtre de temps pour compléter l’intervention. De plus, le chemin pour atteindre la carcasse est rocailleux et abrupt. «Pendant que j’essayais de prélever des fanons de la bouche de la baleine, qui était partiellement immergée, j’ai réalisé que la marée remontait rapidement», raconte Anthony François, responsable des équipes mobiles du RQUMM. Ainsi, les deux intervenants priorisent la récolte des données les plus importantes, afin de revenir rapidement en lieu sûr, sans trop se mouiller les pieds dans les eaux glaciales du Saint-Laurent.
«Même si on n’a pas réussi à récolter autant de données que sur d’autres baleines, cette expérience aura été une bonne opportunité d’apprentissage sur les difficultés de documenter les carcasses en milieux éloignés», estime Anthony François. Par exemple, la prochaine fois qu’une situation similaire se produit, l’équipe mobile du RQUMM, qui est entrée en fonction l’année dernière, pourrait se faire accompagner de personnes supplémentaires, afin d’accélérer la documentation de la carcasse.
Grâce au travail de l’équipe mobile, on sait maintenant que le rorqual commun échoué dans le Parc Forillon est une femelle de 17 mètres. À vue d’œil, l’animal ne portait pas de lésions ou de marques d’empêtrement évidentes. Des scientifiques de Pêches et Océans Canda analyseront les morceaux de peau, de gras et de muscles ainsi que des petits fanons récoltés sur la carcasse, qui pourront en révéler davantage sur l’état de santé de l’animal au moment de son décès. Des échantillons seront aussi envoyés à la Station de recherche des Îles Mingan, qui effectue différentes études sur la population de rorquals communs dans le Saint-Laurent.