Les observations de cette semaine tournent autour des phoques! Si, à Franquelin et à Tadoussacseul un phoque du Groenland et un phoque gris sont respectivement aperçus, à Gaspé, des centaines de phoques gris sont découverts près de Douglastown alors qu’ils prennent un «bain de soleil». Sur la glace ou la terre ferme, les phoques donnent naissance, se reproduisent, se reposent et muent.

Au cours de leur vie, les phoques subissent plusieurs mues, à commencer par celles pendant leur croissance. Dans les premiers mois de vie, les jeunes phoques, surnommés chiots, connaitront généralement plus d’une mue et passeront par différents stades de fourrure entre leur poil de bébé et celui d’adulte. Le long pelage blanc des nouveau-nés de plusieurs espèces est un bon isolant — en attendant qu’ils aient accumulé une bonne couche de gras par l’allaitement court, mais très efficace de leur mère — ainsi qu’un camouflage idéal sur la glace et la neige où certains chiots resteront plusieurs semaines seuls une fois sevrés. Le phoque commun, lui, nait avec un patron de coloration semblable à celui de l’adulte. Sa première mue, il la réalise souvent dans le ventre de sa mère.

Après avoir traversé toutes les étapes de coloration de la fourrure qu’exige le passage vers l’âge adulte, les phoques continuent de muer annuellement. Ils perdent ainsi la totalité de leur fourrure pour en refaire une nouvelle à la même période chaque année. À ces moments de leur vie, ces mammifères marins passent beaucoup plus de temps hors de l’eau, car la mue entraine une perte de poils et de cellules épidermiques. Le processus demande alors beaucoup de sang à la surface du corps pour la fabrication de la nouvelle peau et des nouveaux poils, ce qui fait que l’animal quitte l’eau pour conserver se chaleur corporelle. Les phoques seront en général trois à cinq semaines à terre ou sur la glace et devront puiser dans leurs réserves de graisse pendant qu’ils jeunent.

La mue est une étape nécessaire au renouvèlement de la peau et de la fourrure. Chez l’homme, le remplacement des cellules de l’épiderme se fait continuellement; les cellules mortes desquament et sont remplacées par de nouvelles. Les baleines muent également, ce qui leur permet entre autres de se débarrasser des organismes qui se fixent sur eux, comme des diatomées (algues) et des balanes (crustacés).

La mue des phoques du Groenland dure environ quatre semaines à partir du mois d’avril, et pendant celle-ci, les animaux se nourrissent rarement et perdent plus de 20 % de leur graisse. Ensuite, ils retournent vers le Nord, là où ils résident l’été. Le phoque commun mue de juillet à la mi-septembre, son pelage se dégrade et devient alors d’un gris jaunâtre. Il partage souvent ses sites d’échoueries avec l’imposant phoque gris. Ce dernier mue d’avril à juin. Finalement le phoque à capuchon perd son poil en juillet et en aout quand il se trouve sur la banquise à proximité des côtes du Groenland.

Le champ de glace qui s’étendait à des lieux à la ronde à Cap-aux-Os depuis plusieurs mois s’est morcelé cette semaine grâce aux puissants vents et les eaux ont repris vie. Les observateurs ont bon espoir d’y découvrir prochainement de grands souffles. Même constat du côté de Sept-Îles où les glaces ont disparu du paysage. Notre collaborateur Jacques Gélineau, collaborateur de l’INREST, déclare que : « l’arrivée récente d’oiseaux marins comme les goélands est un signe de bon augure pour la venue prochaine des baleines». À suivre.

Observations de la semaine - 21/3/2018

Marie-Sophie Giroux

Marie-Sophie Giroux s’est jointe au GREMM en 2005 et y a travaillé jusqu’en 2018. Elle détient un baccalauréat en biologie marine et un diplôme en Éco-conseil. Chef naturaliste, elle supervise et coordonne l’équipe qui travaille au Centre d’interprétation des mammifères marins et rédige pour Baleines en direct et Portrait de baleines. Aux visiteurs du CIMM ou aux lecteurs, elle adore « raconter des histoires de baleines ».

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