J’aime quand ces carnets de terrain sont bien représentatifs de nos observations quotidiennes sur l’eau. Évidemment, quand les mammifères marins sont nombreux dans notre secteur (de Tadoussac aux Escoumins), quand les grandes baleines sont actives et faciles à observer, c’est un plaisir de vous décrire ces instants précieux.
Mais il est aussi nécessaire de décrire nos journées quand les baleines sont bien peu nombreuses, dispersées et difficiles à trouver. Depuis le rorqual commun Bp920 et le fameux rorqual à bosse Tic Tac Toe, c’est bien calme au large de nos villages…
Les grandes baleines sont absentes pour l’instant. Les petits rorquals sont bien peu représentés et nous pouvons passer plusieurs journées sans en croiser.
Quelques groupes de marsouins communs ici et là. Évidemment, les bélugas, qui ne quittent jamais le Saint-Laurent et leurs secteurs de prédilection, sont bien là et observés de loin.
Les phoques gris sont encore bien peu nombreux. Encore quelques phoques du Groenland nous font l’honneur de leur présence. Dans quelques jours, ils seront partis vers le Nord. Évidemment, les phoques communs qui, comme les belugas, restent ici à l’année sont rencontrés dans le fjord et l’embouchure du Saguenay, souvent posés sur les roches, en mode repos et «séchage».
Mais soyons francs, en plus de 20 années passées sur l’eau, je ne pense pas avoir vécu un début de saison aussi calme en ce qui concerne les petits rorquals et les grandes baleines. Peut-être et sans doute les rorquals à bosse et les rorquals communs sont encore en migration et vont bientôt arriver ici, mais habituellement, on observe déjà à cette période de l’année plusieurs représentants de ces deux espèces (surtout en ce qui concerne le rorqual commun).
Mais ce qui commence à inquiéter les croisiéristes, c’est bien le très faible nombre de petits rorquals dans la région.
Absence de nourriture ici? Profusion de nourriture ailleurs sur leur chemin? Changements inquiétants pour le Saint-Laurent? Dérèglements climatiques? L’avenir nous le dira certainement. Et j’espère que les prochains jours et que les prochaines semaines viendront atténuer notre inquiétude.
Même côté oiseaux marins, ce printemps est surprenant: faible nombre de mouettes de Bonaparte et surtout de sternes migratrices (arctiques et pierregarins) par rapport aux printemps précédents, présence forte et étonnante d’une espèce habituellement très discrète ici: le plongeon catmarin. Ces plongeons sont partout dans l’estuaire maritime cette saison! Un peu comme les petits pingouins et les guillemots marmettes qui n’ont jamais été aussi omniprésents ici. Par contre, les guillemots à miroir sont moins nombreux.
Bref, oui, c’est un printemps bien surprenant. Faut-il s’inquiéter pour notre fleuve? Encore une fois, l’avenir (sans doute proche) nous le dira.