Un texte de Mélanie Bourque
Pour plusieurs, c’est la fin de la saison d’observation. Ce n’est pourtant pas faute de présence de baleines! Les vents, les vagues, le froid et l’arrivée des premiers gels incitent à ranger les bateaux pour l’hiver.
Jacques Gélineau se décide tout de même à braver le froid et à prendre le large le vendredi 2 novembre aux environs de Sept-Îles. Au court de sa journée en mer, il aperçoit un total de 11 rorquals communs, quatre rorquals bleus, deux petits rorquals, un rorqual à bosse et quelques marsouins, de quoi en oublier les rudes conditions météos! C’est près de la Pointe-au-Jambon, à Port-Cartier, qu’il fait la rencontre des quatre rorquals bleus. Ceux-ci se déplacent en paires, et fait intéressant, ce sont deux individus d’une même paire qui montrent la queue. Étonnant, lorsqu’on pense que seulement environ 15% des rorquals bleus qui fréquentent le Saint-Laurent nous exposent cette partie de leur anatomie!
Depuis 1997, Jacques Gélineau observe des baleines à cet endroit, à cette période de l’année. Serait-ce un secteur privilégié pour l’alimentation? Il pense bien que oui : « Il y a une falaise sous-marine à cet endroit », dit-il, et il est vrai que cela est souvent associé à un site de grande concentration de nourriture.
La nourriture recherchée par les rorquals est toujours abondante en cette période l’année. C’est ce que révèle l’étude menée par Yvan Simard et Nathalie Roy, qui ont réalisé des suivis acoustiques des rorquals bleus, des rorquals communs et du krill dans l’estuaire du Saint-Laurent de 2007 à 2017. Leurs résultats montrent d’ailleurs que la concentration journalière de krill atteint son pic entre la mi-décembre et la mi-février. Ce n’est pas le manque de nourriture qui pousserait les rorquals à quitter le secteur, mais l’apparition des glaces!
Les bélugas font partie des rares cétacés qui resteront parmi les glaces. Ils entameront toutefois une courte migration dans le Saint-Laurent, pour aller rejoindre la portion plus en aval de l’estuaire, où ils passeront l’hiver.
Il semble toutefois que nos baleines blanches trainent toujours dans leur aire de répartition estivale! À Tadoussac, depuis le Centre d’interprétation des mammifères marins, des bélugas sont aperçus remontant le Saguenay aussi tard que le 5 novembre.
Renaud Pintiaux constate aussi la présence des bélugas jusqu’à sa dernière sortie le 2 novembre. Il constate également que les bélugas sont loin d’être les seuls mammifères marins encore dans le secteur : phoques gris par centaines, petits rorquals en alimentation de surface, rorquals communs, dont l’une de nos vedettes Zipper. Ça grouille toujours de vie à l’entrée de l’estuaire, découvrez-en davantage dans son carnet de terrain.
Pendant ce temps, au sud-est de Pointe-Paradis à Baie-Comeau, un observateur fait aussi la rencontre de quelques baleines. Parmi elles, il distingue deux rorquals à bosses. Il a droit à un beau spectacle, alors que les deux individus martèlent la surface de l’eau de leurs nageoires caudales complètement noires.
La présence accrue de baleines se fait sentir jusque dans le Golfe, près d’Anticosti et au large de la Gaspésie. C’est ce que révèlent les relevés aériens effectués par Transport Canada les 2 et 5 novembre. Rorquals communs, rorquals bleus et rorquals à bosse sont toujours de la partie! Ils notent aussi la présence d’une trentaine de globicéphales, d’une cinquantaine de dauphins et d’une centaine de phoques du Groenland.