Communications de 15 minutes, communications éclaires de 4 minutes et vidéos scientifiques de 5 minutes: en tout, 141 présentations ont défilé dans le Centre Scotia Bank d’Halifax. Cette deuxième journée débordait d’idées. Retour à chaud sur quelques éléments qui nous ont marqués.

La pêche doit évoluer

Les menaces liées aux empêtrements dans les engins de pêche, dans les cordages des casiers de pêche au crabe ou dans les mailles de filets, ont été étudiées chez différentes espèces et dans différents lieux géographiques. Per Berggren du New Castle University a créé un prototype d’outil de répulsion de mammifères marins à (très) faible cout, à l’aide de bouteilles de verre et de plastique recyclées. Des résultats peu concluants pour l’instant, mais il invite les chercheurs qui étudient des espèces menacées par les prises accidentelles à l’inviter pour continuer de tester son invention.

Le chercheur Brian Kot a présenté un élément qui nous a bien surpris : les petits rorquals réduisent leur vitesse près des cordages noirs et blancs. La chercheuse Amy Knowlton a plutôt présenté que les baleines noires, elles, avaient tendance à éviter davantage les cordages orange ou rouges. Elle a aussi présenté différents types de cordage qui pourraient diminuer les risques de conséquences à long terme des empêtrements des baleines, notamment en réduisant la résistance des cordages.

Le «Crab Raft» permettrait de remonter des casiers de crabe, sans cordage. © GREMM

«Mais si les baleines sont si intelligentes, pourquoi se font-elles encore frapper par les navires ou coincer dans des cordages?», se fait souvent demander David Wiley par ses voisins pêcheurs. Le chercheur a démontré que les rorquals à bosse, dans le sud du golfe du Maine, près de la côte du Massachusetts, sont à risque à 100% du temps de se faire frapper par un navire ou de s’empêtrer lorsqu’ils sont dans cette région. Selon les engins de pêche, les probabilités varient. Des mesures doivent donc être prises pour protéger l’espèce à cet endroit.

Et si on éliminait complètement les cordages, propose plutôt la compagnie SMELTS, à son kiosque d’exposition? Imaginez un casier de crabe géolocalisé qui repose sur le fond marin, sans corde, avec un ballon gonflable qui se déclenche par télécommande depuis le bateau. Encore sous le format prototype, ce genre d’appareil pourrait complètement éliminer les risques d’empêtrement !

Ailleurs sur la planète

Taiwanese humpback dolphin © Courtesy Hong Kong Dolphin Conservation Society

Le Sousa chinensis taiwanensis, vous connaissez? Ce dauphin bossu rose ne compte plus que 75 individus, nous a présenté Shiva Javdan. La photo-identification lui permet de mieux comprendre l’utilisation de l’habitat hautement industrialisé de ces dauphins taiwanais.

Au sud de l’Afrique du Sud, des agrégations de rorquals à bosse battent des records : jusqu’à 200 individus ont été comptabilisés en train de se nourrir dans d’imposants amas de krill. Nous lirons à tête reposée l’article paru en mars 2017 sur le sujet.

Du côté de la Californie, des baleines grises ont été équipées de caméras vidéo sur ventouses par l’équipe de John Calambokidis alors qu’elles se nourrissent dans des zones très peu profondes. On retient surtout que ces baleines ont commencé à s’aventurer dans ce secteur lors d’une période où la nourriture devenait plus rare dans leurs aires d’alimentation habituelle.

On termine la journée, le cerveau bouillonnant de nouvelles découvertes, d’idées, de liens à tisser entre toutes les découvertes, les questions soulevées et les actions de conservation à entreprendre. Et il reste encore trois jours à la Conférence!

-Texte écrit avec la collaboration de l’équipe du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins

Actualité - 24/10/2017

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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